Témoignages des parrains

(mission d'octobre 2019)

 

S'il fallait un mot, je choisirais celui de "rencontres"


Avant d’arriver à Tuléar, Liliane, Dominique et moi, les trois parrain/marraines, avions déjà fait 15 jours de tourisme à Mada, en parcourant la RN7 de Tananarive à Tuléar: 1ère rencontre avec
un beau pays riche de potentialités mais où la pauvreté se laisse voir derrière les sourires et les rires des habitants..Puis c’est le départ vers les villages du nord de Tuléar… Comme beaucoup
de marraines, je ne les connaissais que par « les nouvelles du Zébu » mais cela restait des mots et des dessins sur le papier…
Et d’un coup, c’est la rencontre : les villages s’animent sous nos yeux, leurs habitants viennent vers nous avec leurs visages souriants,
leurs mains tendues , leurs rires et leurs chants… C’est Danielson le chef de choeur de la chorale MISAFA qui nous invite à entrer dans la danse, c’est Lisa qui nous offre trois jolis sacs à pain brodés et qui nous accueille dans sa petite bibliothèque, ce sont les filles de l’équipe des « scorpions » et du "FC Miss Tsaragiso" qui prennent plaisir à taper dans un ballon de foot par plus de 35° au soleil, c’est Romain rencontré chez Alijaona à Tuléar où il poursuit ses étude, c’est M.Odilon avec ses bungalows face au lagon et sa langouste grillée pêchée le matin même, ce sont ces petits cadeaux que l’on nous offre en
dansant… Et partout, des enfants de tout âge, souvent pieds nus qui nous observent avec leur regard à la fois rieur et curieux…
Tout au long des villages traversés nous avons pu voir tout ce qui
a été réalisé par Projet Action durant 23 ans de partenariat et qui aujourd’hui, est encore opérationnel..
Cette semaine d’inauguration s’est terminée vendredi soir par le partage du repas familial chez Alijaona à Tuléar… Philippe MEYER nous l’avait promis : la chaleur, la poussière ,
les chants, les danses et les émotions ...(et la THB) étaient bien au rendez-vous…

Françoise, marraine de La Réunion

 

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Une multitude d’images, de sensations,
d’émotions, de souvenirs …


J’ai découvert Projet Action il y a une quinzaine d’années par une « pub » dans un journal syndical. J’ai été séduite par la démarche de Projet Action de décider des réalisations en fonction des demandes collectives des villages et avec la participation des villageois dans les réalisations. J’ai commencé par être donatrice
annuelle puis marraine maintenant depuis plusieurs années.
De voir année après année, au travers des comptes-rendus du Zébu, les réalisations de l’association et l’impact qu’elles avaient sur les villageois m’a donné l’envie de les rencontrer « en vrai ».
Au printemps 2019, je contacte Philippe pour participer à la mission d’octobre et tout se prépare. Nous serons trois parrains pour cette mission. Je ne connais pas Françoise et Dominique, marraine et parrain de la Réunion, mais après quelques échanges par courriel nous décidons de nous retrouver à Antananarivo avant la mission pour nous imprégner de Madagascar et d’en découvrir quelques aspects. La RN7, avec
quelques escapades, est parcourue en deux semaines pour arriver à Tuléar.
Nous allons avec Alijaona accueillir Philippe à sa descente d’avion et maintenant c’est la mission qui commence et tout s’enchaîne : les rencontres avec les entrepreneurs, les trajets vers les villages (un peu de RN9 goudronnée, quelques bonnes pistes réhabilitées par Projet Action, quelques pistes très sableuses et pierreuses pour monter vers les villages côtiers du nord, …), l’accueil des villageois à notre arrivée, les discours, les chants, les danses, les repas qu’ils nous offrent, …..
Ce qui m’a impressionnée à chaque fois, c’est la présence de tant de personnes, du village concerné mais aussi des villages voisins. Cela permet de se rendre compte de l’impact de chaque réalisation.
Des exemples ?
• Match de foot féminin pour inaugurer les nouveaux buts à Marofoty : les joueuses sont pieds nus, le ballon tient une mitemps (15 minutes, il fait une chaleur plombante), il est remplacé par une balle artisanale, chiffons et sacs plastiques entourés de ficelles, les spectateurs vibrent, commentent les actions, encouragent...
• A Bekodoy, pour I ’inauguration de la réhabilitation et l’agrandissement de l’école, plusieurs groupes, les filles, les garçons, les femmes, … ont participé par des chants et des danses, toutes les femmes du village s’affairent pour préparer le repas …
J’ai été émue aussi souvent, par les regards, les sourires des personnes avec qui c’était le seul moyen de partage, par les cadeaux que nous avons reçus qui sont le reflet de la vie des villages : des coquillages, des oignons, du riz.
Et j’ai été particulièrement émue dans le tout petit village de Kalomboro pour l’inauguration du ré-approfondissement du puits.
C’est une des femmes du village qui s’est adressé à nous pour nous expliquer que depuis l’ensablement du puits la seule eau disponible était de l’eau trouble d’un canal situé à distance du village et que maintenant de l’eau claire était à nouveau disponible. Avec ces mots simples, on a pu ressentir le soulagement, la qualité de vie, la sécurité qu’apportait le retour de l’eau.
Je suis revenue à Paris avec une multitude d’images, de sensations, d’émotions, de souvenirs …
Bravo et merci à Philippe, à Alijaona, à Lisa, à tous les villageois, aux marraines, parrains, donatrices, donateurs !


Liliane GODARD

marraine à Issy-les-Moulineaux

 

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Sous les rires et les bravos de nos hôtes


Je n’avais pas foulé le sol de Madagascar depuis 10 ans. C’était en 2009. En octobre, j’avais assisté à mes premières inaugurations et en avril 2010 j’étais revenu avec André Duport accompagné d’Alijaona pour faire les photos du livre édité à l’occasion des 15 ans de Projet Action.
Première surprise, la RN9 a été entièrement refaite et goudronnée par une entreprise Chinoise. Ce ruban d’asphalte tranche maintenant dans le paysage et permet de relier efficacement certaines communes du nord à Tuléar, là où, jadis, le parcours prenait plusieurs heures. Certes, l’unité du paysage y a un peu perdu. Certes, certaines cases se retrouvent maintenant en contrebas de la route. La large piste ocre jaune, ocre rouge a cédé la place à un ruban uniforme, gris, de la couleur du goudron,
assez bien réussi et efficace, reconnaissons-le.
Constant dans son effort, Projet Action n’a pas attendu la puissance de feu des Chinois pour montrer son efficacité et sa réussite.
En 23 ans, que de chemin parcouru. D’Ankaraobato à Fitsitike, de Manombo à Bekodoy, nombreux sont les bâtiments où
l’association à laissé son empreinte sous forme de claustras à têtes de zébus reconnaissables entre tous. Ici, c’est une école primaire, plus loin, un poulailler, ailleurs un grand marché voire même une bonne gargote. Une gendarmerie aussi dresse fièrement ses bâtiments et ses logements de fonction tous neufs au dessus du sable immaculé du petit village côtier de Tsandamba.
L’étonnement est de taille devant toutes ces réalisations tissées au fil du temps, qui s’intègrent parfaitement au paysage des villages
parcourus, et l’accueil, au moment des inaugurations, à sa mesure. Car, que de sourires, que de petits signes d’amitié, que de fêtes, que de chants, que de danses, que de discours de
remerciement n’avons-nous pas reçus en participant à ces inaugurations! De quoi faire le plein de congratulations pour toute une année !
Grande était la joie des habitants pour nous entourer et nous manifester leur reconnaissance par les chants et les danses lorsqu’il s’agira d’inaugurer les pistes. Nous faisions notre entrée
au rythme lent des 4X4, fiers comme Artaban, présidentiables presque, sous les rires et les bravos de nos hôtes du moment.
Sous les bâches et un soleil de plomb, nous écoutions stoïquement les différents discours avant que Philippe ne prenne la parole et ne reçoive, au nom de tous, quelque don précieux comme une chèvre, une poule voire un dindon. C’était aussi le tour de la chorale locale. Qui n’a jamais entendu les chants Malgaches ne peut savoir combien ceux-ci, tout en polyphonies subtiles, sont beaux et émouvants. J’étais là, je peux témoigner. Et que dire de l’eau, enfin présente, au fond de ce puits que nous avons fait
approfondir et qui permet, dès à présent, d’approvisionner une centaine de personnes autour de ce modeste village ? Quelle joie, quelle satisfaction, lorsque le seau, plongé à plus de douze mètres, remonte bien plein d’une eau claire et fraîche avec laquelle, magnifique baptême, nous nous rinçons les doigts et que nos amis villageois boivent avec plaisir !
On me demandera peut-être si, en dix ans, j’ai remarqué un changement au cours des inaugurations. Honnêtement, non : la sono est toujours aussi mauvaise, le micro crachouille toujours autant. Nos amis Malgaches sont toujours aussi gentils, accueillants et souriants. Peut-être, signe du temps, n’aurions nous pas
eu, à l’époque, à inaugurer des buts de foot avec des matchs de football féminin. Le sport correspond à un besoin culturel que Projet Action peut prendre en compte désormais. Désormais, on ne construit pas des écoles primaires mais des salles préscolaires
(l’équivalent de notre école maternelle), c’est là aussi un signe, une évolution. Quant aux écoles primaires, elles sont réhabilitées et agrandies. Sous la pression démographique, peutêtre
aurons-nous à en construire à nouveau ex-nihilo, l’avenir nous le dira.
De retour à la maison, je garde toujours en tête ce jeune garçon qui portait en étendard le panneau qu’on lui avait confié « CEG Andravona». Ce n’est pas d’actualité. Le CEG fera peut-être l’objet d’un prochain projet financé par l’association, on ne peut l’affirmer pour l’instant, c’est trop tôt. Mais quel symbole que cet enfant qui tenait, debout, en plein soleil, sans broncher, pendant tous ces discours d’adultes, son panneau, cette demande de la population comme un espoir immense mis dans les réalisations de notre association.


Dominique Bruyère

parrain de La Réunion

 

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