25 ans

La petite histoire de Projet Action

 

Voici un des « Épisodes » extrait du livre de Philippe Meyer. Un long épisode qui revient sur les 25 premières années de Projet Action : un peu d’historique et un « point » fait à l’issue de ce quart de siècle passé au service du développement et du mieux être de plusieurs dizaines de milliers de villageois du sud-ouest malgache.

Dans le livre, il y a d’autres « épisodes » concernant Projet Action ou qui ne se seraient pas produits si Projet Action n’avait pas existé.

 

Il a fallu un long cheminement …

 

"Tout commence fin décembre 1986, je suis à Agen, chez mes beaux-parents et je feuillette un numéro de l’Express, je tombe sur un encadré dans lequel il est question de la Mission France de Médecins du Monde (aide médicale aux personnes qui sont à la rue à Paris, Bordeaux et Strasbourg)

Cela me semble bien organisé et certainement indispensable … cela me donne envie de les aider et une idée me vient ; créer un lien entre cette Mission France et mon entreprise.

Je prends contact avec Médecins du Monde et leur responsable partenariat, nous nous rencontrons quelques jours après. Cela me permet de faire plus ample connaissance avec la Mission France et de réfléchir au lien et à la communication que je pourrais créer avec les différentes opérations de la campagne du 2e semestre 1987 de France Abonnements Entreprises (FAE).

Passionné par cet objectif, je mets au point en quinze jours les grandes lignes et quelques détails de cette opération qui se déroulera au deuxième semestre 87, la communication sera faites sur des centaines de milliers de lettres, enveloppes et divers autres documents nécessaires à la réalisation de tous nos mailings avec l’accroche « 1 abonnement = 1 F pour la Mission France de Médecins du Monde ».

Cette première opération et celles qui suivront n’avaient pas pour but de vendre plus d’abonnements, ma volonté était simplement de  montrer que nous n’étions pas seulement de bons professionnels, mais que notre entreprise était aussi une entreprise ouverte sur le monde.

Par ailleurs, je me suis aperçu que cela a été une très bonne opération de communication interne aussi bien dans l’équipe de FAE que dans la société France Abonnements.

 

Trois ans plus tard, au deuxième semestre 90, une nouvelle opération de parrainage est menée au profit de « La chaîne de l’espoir » de Médecins du Monde.

En avril, je vais quelques jours à Djibouti avec un neuro chirurgien de MDM pour voir cette ONG à l’œuvre.

La chaîne de l’espoir va dans certains pays pour y soigner des enfants malades et souvent, si une opération s’avère nécessaire et qu’elle est impossible à réaliser sur place, l’enfant est amené en France pendant plusieurs semaines, il est accueilli par une famille d’accueil, opéré gratuitement par un chirurgien de Médecins du Monde, des gratuités ou fortes remises sont accordées par des cliniques, compagnies aériennes … A l’époque, toute cette chaîne permettait de diviser par dix l’ensemble des coûts ; en moyenne 10000 F au lieu de 100000 F !

De mémoire, le chèque remis à Médecins du Monde a permis de sauver 10 enfants.

 

Nous remettons ça au 2e semestre 92, toujours au profit de La chaîne de l’espoir. Cette nouvelle opération m’amènera à me rendre en avril au Burkina Faso (« le pays des hommes intègres ») à Bobo Dioulasso avec une convoyeuse d’Aviation sans frontières et nous en reviendrons avec Diane Savadogo souffrant d’une insuffisance mitrale. Sans une intervention rapide, Diane est condamnée, elle n’a plus que quelques semaines ou quelques mois à vivre. Deux mois après, je ramènerai Diane (6 ans) avec Mauricette et Bernard Delery, sa famille d’accueil, au Burkina.

Je ne peux pas vous raconter notre arrivée à Bobo Dioulasso, mais, en bref, à la descente du car venant de Ouagadougou, la maman de Diane est là avec toute la famille,  Diane descend comme si de rien n’était, elle saute dans les bras de sa mère et quelques secondes après, la maman de Diane prend dans ses bras Mauricette … Elles resteront un long moment comme ça à pleurer toutes les deux sans un mot … Elles se sont tout dit.

 

Nous arrivons à janvier 1994 … Grand mois et grande année ; mon fils Louis est né le 9 janvier.

1994 sera l’année du 10e anniversaire de FAE (France Abonnements Entreprises) et nous sommes décidés à fêter cet anniversaire comme il se doit : à l’interne, nous organiserons une belle fête à La Plaine St Denis où FAE était intallé ; repas bon enfant avec tous les collègues de Paris et de Chantilly et un superbe spectacle en chansons organisé par tous mes collaborateurs de FAE.

Pour nos entreprises clientes (et pour l’interne), nous lançons une nouvelle opération humanitaire au profit cette fois d’Aide et Action, une ONG intervenant dans une dizaine de pays dans le domaine de l’éducation (construction d’écoles primaires, rénovations d’écoles existantes, formation des enseignants).

Je suis parrain depuis quelques mois d’un enfant de Guinée et je vais rencontrer les responsables partenariat au siège parisien d’Aide et Action. Je leur explique notre projet autour de notre 10e anniversaire, je leur annonce que j’ai un budget de 100000 F pour financer un partenariat avec eux et leur demande ce qu’on peut faire de concret pour cette somme-là.

Ils me répondent en me disant que le hasard fait bien les choses, car « 100000 F c’est exactement ce que nous coûte une école de trois salles de classe et un bureau de directeur ! » Et, de suite, je leur dis « banco pour l’école » et j’ajoute « il faudra absolument que j’aille quelques jours sur place pour me rendre compte du travail de votre équipe et pour faire connaissance avec le village ». Quinze jours après le gars d’Aide et Action me téléphone pour m’annoncer que l’école sera construite à Madagascar dans un village qui s’appelle Ankaraobato.

Avril 94, c’est l’envol pour Madagascar, un pays que je connais très peu si ce n’est par les cinq timbres-poste malgache de ma collection débutée dans les années 50.

Arrivée à Tuléar : je suis attendu, on m’amène à mon hôtel et le lendemain, le programme commence : connaissance de l’équipe d’Aide et Action avec présentation du chauffeur et du responsable qui m’accompagneront pendant les quatre jours sur le terrain avec visites de chantiers en cours et d’écoles réalisées récemment.

Le vendredi, c’est enfin la rencontre avec Ankaraobato et, évidemment, un accueil chaleureux et émouvant. Une cinquantaine de villageois sont assis à l’ombre d’un grand tamarinier juste à côté d’une ruine de deux salles qui sert d’école (équipée de trois ou quatre tables-bancs pour près de 200 gosses !

Nous parlons, je leur pose pas mal de questions et je leur annonce que FAE financera une belle école en versant l’argent à Aide et Action. Le village a fait réaliser à mon attention un tableau par un peintre local, ce tableau représente l’école actuelle, les villageois m’offrent également un lamb (paréo). Il s’en suit une visite du village avec entre autres le CSB (Centre de Soins) dont la salle d’accouchement qui est dans un état … Je suis cloué sur place ! Avant mon départ, le village (en la personne de Robson Tsiravoa, le patriarche) insiste pour que je revienne dans un an pour l’inauguration de l’école. Je leur dis que je vais y réfléchir, je n’avais pas du tout pensé à un deuxième voyage, ça serait plus que sympathique de revenir, mais … pas tout seul.

Tout ce que j’ai découvert et vécu depuis cinq jours et particulièrement aujourd’hui à Ankaraobato … Il faudra au minimum que quelques collaborateurs puissent eux aussi vivre ça, découvrir le pays et ce village pour … Se rendre compte.

 

L’inauguration est prévue pour avril 95, mais avant cela, j’ai suivi de près la réalisation de l’école, j’avais un reporting mensuel avec photos que je reproduisais pour une diffusion interne dans l’entreprise.

Après consultation de mon N+1 (Bernard Toscan), nous convenons que j’irai à cette inauguration avec sept collaborateurs de FAE, un (e) collègue de l’établissement de Paris et un (e) autre de l’établissement de Chantilly. Le PDG (Philippe Vigneron) ou un DGA (Bernard Toscan) fera également partie du voyage. Il est aussi prévu que si d’autres collègues veulent se joindre à nous, les frais seront à leur charge.

L’information est diffusée dans l’entreprise et les candidats sont appelés à se faire connaître et … Il y en a eu !

Le tirage au sort a eu lieu et l’annonce a fait des heureux. Deux collègues ont été candidats en payant leurs frais, nous sommes donc treize pour ce qui est considéré comme une aventure.

L’école est terminée ; début avril 95 nous nous envolons. Avant le décollage c’est déjà la fête dans l’avion : plus de douze heures de vol avec une escale ; l’aventure commence.

L’accueil à Tana avec visite du Palais de la Reine (qui sera détruit par un incendie six mois plus tard) et à Tuléar est parfait, présentation de l’équipe d’Aide et Action, visites d’écoles … Et nous arrivons au 7 avril, grand jour de l’inauguration.

Nous arrivons à Ankaraobato, le village est désert, je suis inquiet et très surpris, mais en approchant de l’école, nous entendons de la musique. Nous descendons des 4x4 et nous voyons un peu de monde. Le temps de contourner l’école et là, nous découvrons la foule, il y a assurément plus de 2000 personnes, nous sommes scotchés et restons immobiles sans savoir que faire.

Nous les regardons et … Ils nous regardent !

Il y aura des discours, des chansons des enfants, des danses auxquelles nous participerons, le repas, la musique continue, encore des danses et … Beaucoup d’émotion ; quelle journée mémorable !

 

Au retour de ce fabuleux voyage, j’ai commencé à me dire « Ils ont une école primaire et c’est très bien, mais du côté du Centre de soins et de la santé … Et les villages environnants ... ». Les mois ont passé, entre temps, j’ai appris que là-bas, le taux de mortalité des enfants de 0 à 5 ans était de 15 %; un chiffre aussi dramatique qu’incroyable : « Il faut faire quelque chose, mais quoi ? Comment ? Et avec qui ? ». Dans tous les cas, je ne peux pas ne rien faire.

Les besoins des villages sont apparemment très divers, j’avais pensé « épauler » Aide et Action, mais cette ONG, d’après ses statuts, se limite au secteur de l’éducation.

Alors il faut créer une association. Pour moi les associations humanitaires, celles dont on entendait parler, avaient l’air très imposantes et je me disais « on n’arrivera jamais à leur ressembler » … Et les mois continuaient de passer jusqu’au jour où je me suis dit « Bon, soyons pragmatiques et humbles, il faut créer une association qui fera ce qu’elle pourra faire avec l’argent qu’elle réussira à collecter et l’on verra bien où ça nous mènera »

Mais je me posais des questions sur ce que serai l’attitude de la direction générale de France Abonnements quand je lancerai cette association ?

(Pour la petite histoire, bien des années après, Philippe Vigneron, mon PDG préféré m’invitera dans son bureau, en présence de Bernard Toscan, et me dira à propos de Projet Action « Philippe, vous ne vous rendez pas compte de ce que vous avez fait avec Projet Action pour vos collaborateurs de FAE, pour vos collègues de France Abonnements, pour l’entreprise, cette ambiance, cette communication … Je veux aujourd’hui vous en remercier »).

Nous arrivons à l’été 96, du côté de FAE les ventes du premier semestre ont « explosées » grâce à l’extrapolation de plusieurs tests, nous sommes nettement au-dessus du budget et le second semestre s’annonce plus que prometteur.

Début septembre, j’ai pris ma décision : j’ai repris contact avec Aide et Action et je prévois de prendre 8 jours de congés pour retourner à Ankaraobato en novembre (à mes frais cette fois) pour recenser dans ce village et dans trois autres villages de la commune (Milenake, Antranolahatse et Belavenoke) leurs deux ou trois besoins prioritaires et au retour, je proposerai à trente ou quarante collègues de l’entreprise que je sais sensibles à l’humanitaire de participer à l’assemblée générale constitutive de Projet Action.

Le nom est trouvé, je commence à crayonner pour voir à quoi pourrait ressembler notre logo, il faut aussi concevoir plusieurs documents, faire des projets de statuts, il faudra également éditer un petit journal pour informer au mieux nos parrains et donateurs … Quelques belles soirées et quelques beaux week-ends en perspective.

 

Novembre arrive ; troisième voyage à Madagascar et première mission « Projet Action » (même si notre association ne sera créée que dans un peu plus d’un mois).

A Tuléar, je suis à nouveau accueilli par Aide et Action (ils ont été très sympas, car ils ont contacté et pris rendez-vous avec les quatre villages, ils m’accompagneront et me véhiculeront pendant les cinq jours en brousse).

Dans chaque village, je recevrai un accueil « en fanfare ». Les gens savent ce que Philippe Meyer a fait à Ankaraobato alors ils sont euphoriques, mais pour le moment, ils ne font pas le distingo entre France Abonnements Entreprises et Projet Action, c’est apparemment plus simple pour eux de résumer en disant « Philippe Meyer », ce sera d’ailleurs un des points importants de mes discours : l’école d’Ankaraobato a été financée par FAE dont Philippe Meyer est le directeur et maintenant, Philippe Meyer va créer une association qui s’appellera Projet Action et Projet Action aura des parrains et des donateurs qui pour certains n’auront rien à voir avec France Abonnements...

Dans chaque village, j’expliquerai que je suis venu chez eux pour commencer à les connaître, pour avoir une idée de leurs principaux besoins et pour leur annoncer que je vais essayer de créer une association humanitaire qui essaiera de faire ce qu’elle pourra. « Ce qui est certain c’est que je reviendrai vous voir l’année prochaine pour vous dire où nous en serons et si nous pouvons commencer à faire quelque chose avec vous », « Je ne peux absolument rien vous promettre, l’association fera le maximum pour collecter de l’argent mais il y a des milliers d’associations humanitaires en France, des milliers de causes à défendre et il nous faudra réussir à convaincre des dizaines et des centaines de donateurs qu’il est important de répondre à vos besoins, mais pour le moment, ces gens en France ne savent même pas que vous existez alors vos besoins … ils les connaissent encore moins ».

Il ressortira de ces quatre rencontres que leur principal besoin, c’est l’eau (comme c’est bizarre), des puits donc, mais pas que … la plus importante demande (en terme de coût) est le besoin d’une piste entre Anteteza (proche d’Antranolahatse) et Ankaraobato … 1500 m de rizières à traverser. L’absence de cette piste cause, parait-il, plusieurs dizaines de décès chaque année, notamment chez les femmes sur le point d’accoucher et qui veulent se rendre au centre de soins d’Ankaraobato et pour ce faire, il y a deux possibilités ; soit traverser les rizières avec parfois de l’eau jusqu’à la ceinture ou plus, soit faire un grand détour de plus de 15 km en charrette sur des petites pistes défoncées …

Cette piste permettra également d’aller à l’école (jusqu’à Ankililoake), d’aller aux marchés (Milenake et Ankililoake) pour acheter et vendre ses produits, d’aller au cimetière (à l’est), d’aller visiter familles et amis … De vivre !

C’est noté !

 

De retour en France, ces rencontres et ces besoins exprimés seront la première pierre de la communication qu’il me faudra développer pour créer et « lancer » Projet Action avec, de plus, la conviction que, sans parler d’urgence, nous ne devons pas tarder à passer à l’action. Nous n’avons pas le droit de traîner.

Mis à part mon travail pour France Abonnements Entreprises qui ne m’occupe que 50 à 60 heures par semaine, je passe à l’action pour la conception des divers documents nécessaires au démarrage de Projet Action et pour la mise au point des méthodes qui devraient nous permettre d’y arriver : être concret, dire les choses, pas d’assistanat, pas de saupoudrage géographique, de la rigueur.

Nous proposerons des « parrainages de projets », nous axerons nos recherches de fonds sur l’engagement dans la durée et non sur des demandes de dons ponctuels.

 

Le 19 décembre 1996, c’est l’Assemblée Générale constitutive de Projet Action au premier étage du 5 rue de la Baume dans le 8e arrondissement de Paris.

J’y ai invité 35 collègues, 30 viendront. D’autres, non invités, m’en feront le reproche, mais je n’avais pas eu l’occasion de « repérer » leur sensibilité humanitaire et dans un mois ou deux (dès l’édition de notre premier document de présentation) ils auront le loisir de devenir parrain ou marraine.

Cette AG a duré plus de trois heures, nos statuts sont approuvés, le Conseil d’Administration et le bureau sont constitués, quelques tâches sont distribuées : contacts avec la préfecture de Bobigny pour dépôt de statuts, avec la poste de Montreuil pour avoir une boîte postale, avec les services des impôts, avec un imprimeur ….

Et, déjà, je conseille à chaque participant de se faire le soir même une liste des personnes qu’ils contacteront : famille, amis, collègues, fournisseurs, connaissances … Car nous savons que malgré notre enthousiasme du moment, toutes les personnes contactées ne deviendront pas parrains ou marraines surtout qu’en matière de projets réalisés, pour le moment …. Il n’y a rien !

 

C’est parti !

Et nous voilà 25 ans après avec 260 projets réalisés grâce à plus de 400 parrains (218 sont encore actifs) et près de 600 donateurs (57 seulement sont encore actifs, même s’il faut noter qu’en 25 ans, 59 d’entre eux sont devenus parrains).

J’en profite pour redonner les définitions respectives d’un parrain : personne qui s’engage (aujourd’hui) à verser au minimum 25 € par mois pendant trois ans (mais il peut arrêter à tout moment) et d’un donateur : personne qui fait un don ponctuel de 40 € ou plus quand il le décide.

Depuis quelques années, notre budget annuel se situe aux alentours de 120000 € à 130000 €.

En 2000, j’ai proposé au CA que nous réalisions un livre pour donner la parole aux villageois de tout âge de la commune de Milenake et cela a donné lieu en 2005 à l’édition en 500 ex du livre « Quand Milenake se raconte » (réalisé pour Projet Action par André Duport et Dominique Bruyère)… 473 ex vendus. En 2008, j’ai pensé que nous pourrions éditer un second livre pour montrer les villages et les villageois et cela a donné en 2011 un livre de photos « Madagascar, de la brousse des Masikoro à la mer des Vezos » tiré lui aussi à 500 ex dont 426 ex vendus à ce jour. (réalisé pour Projet Action par André Duport et Dominique Bruyère).

Nous avons également édité deux DVD à l’occasion de nos 10e et 20e anniversaire et deux CD de la chorale Misafa d’Antsonomarify en 2014 et 2017.

Et nous avons permis à 111 personnes dont 72 parrains-marraines de découvrir les villages, les villageois et les réalisations à l’occasion d’une mission ou de voyages personnels (accompagnés par notre salarié).

Je profite de ce livre pour leur dire mon amitié :

Séverine M, Bernard T, Michel F, Marie-Hélène D, Philippe Evelyne et Louis M, Suzy L, Daniel et Marie-Claude F, Didier G, Marylène et Eric N, André D et Jacqueline R, Mauricette et Bernard D, Roger C, Luc B, Michèle L, Joëlle et Joseph V, Monique D, Aurélie C, Gérard et Thérèse P, Marie-Thérèse D, Sylvain H, Jacqueline et Augustin S, Élisabeth S, Serge R, Christine et Marina T, Jean-Marie C et Élisabeth M, Françoise et Philippe H, Jacqueline G, Ghislaine K avec Sarah et Pauline, Pascal E, Laura, Michel M, Joëlle L, Élisabeth V, Christine et Hubert G, Gwénaëlle L et sa maman, Marie et Didier P, Carine, Danièle D, Florence D, Camille, Jean-Do, Élise, Victoire et Mahaut R, Alain F, Alain-Georges R, Pierre et Annie M, Christine et Jean-Claude C, Nicole T, Jean et Marie T, Christian D, Arlette A, Aurélie G, Francis P, Dominique B, Ginette N, Eliane P, Pascale J, Marie-Françoise et Jean G, Marie-So de V, Dave M, Christian G, Roseline et Alain H, Patricia et Gérard B, Michèle L, Michel et Jacqueline T, Martine F, Joëlle et Guy C, Mariig et Francis N, Françoise J, Moana F, Rose-Marie S, Évelyne B. et 9 femmes de son association.

Que d’émotions, de rires, de danses et … de poussière partagés avec eux.

 

Quelques commentaires sur Projet Action, petite ONG qui a fait et qui fait de grandes choses.

Je pense que Projet Action est une association humanitaire d’aide au développement tout à fait atypique quand on sait tout ce qui a été réalisé, toutes ces vies sauvées (grâce à la piste de l’Amitié, à l’amélioration des structures de santé et au développement de l’irrigation et du maraîchage, grâce aux puits sans oublier le développement du niveau de vie) … Probablement bien plus de 1000 vies sauvées.

Et tout cela avec une poignée de personnes ici en France …

 

 

Du côté de nos amis Malgaches dont beaucoup d’entre eux ont su  passer à l’action en se retroussant les manches quand il le fallait,  je citerai quelques pistes pour qu’ils se prennent encore plus en main :

  • « Tu sais Philippe, nous les malgaches, nous sommes champions du monde » … c’est ce que m’a dit un ami malgache en 1998. Je lui ai répondu « oui, je sais, à la pétanque ». Il a continué « non … Champions du monde  des discours ! ». Dans les années qui ont suivi, j’ai hélas constaté, à plusieurs reprises, qu’il n’avait pas tort. Certes, la grande tradition des malgaches est « l’oral », mais il serait bon, parfois, de mettre fin à la maxime « l’intention vaut le fait »
  • Les calculs et les chiffres : nous savons que se familiariser avec les calculs et les chiffres peut être utile voir indispensable dans la vie de tous les jours et à ce propos, nos amis malgaches sont en général disons « ailleurs ». Si je demande à un chef de village ou à un maire « combien y a-t-il d’habitants dans ce village ? », il me répondra « Maro » (beaucoup ; prononciation « marou » en roulant le R) et moi « beaucoup, ah oui mais ça fait à peu près combien ? » Et là, il réfléchit, il a l’air de calculer dans sa tête, on voit bien qu’il ne veut pas dire n’importe quoi … Et il me répond « oh, maro ! » …
  • Un autre exemple ; il y a pas mal d’années un chauffeur de 4x4 (Charles) à qui je demandais « Charles, on est encore loin d’Ifaty ? C’est à combien de kilomètres ? » Et, après réflexion, Charles (qui m’aimait bien) me répond, « C’est comme vous voulez ! »
  • « Vous avez la montre, nous avons le temps » célèbre proverbe africain cité aussi par des Malgaches … C’est beau et philosophiquement satisfaisant, mais je ne m’y ferai jamais, autant par principe que pour avoir souvent constaté le contraire dans les aspirations de beaucoup de responsables Malgaches dans les villages ; « une école, un puits, une bonne piste, l’irrigation … Mais nous en avons besoin tout de suite ! »
  • Un jour, notre unique salarié me dit : « Tu sais Philippe, j’ai eu un prof de philo à l’université qui nous disait : nous les Malgaches nous sommes comme les chats, nous disons souvent « omeo » (prononcer « ouméou ») en imitant un miaulement « ouméou » . Et « omeo » veut dire « donnez moi ».

 

Humanitaire, humanitaire … On met beaucoup de choses derrière ce mot et chacun l’utilise à sa manière.

Pour moi, une association humanitaire se doit d’avoir les plus hautes exigences envers elle-même.

Une ONG de taille « moyenne-petite » d’aide au développement comme Projet Action doit se doter d’une démarche et d’objectifs exigeants et pérennes.

Les villages et les villageois que l’on peut aider sont « là » chaque jour avec leurs besoins et certains sont vitaux. Alors, bien sûr, on ne pourra jamais tout faire mais on se doit de façon pragmatique de faire tout ce qui est possible, avec eux et pas seulement pour eux et de façon régulière. Être présents, à l’écoute, étudier et agir chaque jour et chaque année, toujours avec eux.

Une ONG comme Projet Action se doit aussi d’être exigeante envers les bénéficiaires et leurs responsables. L’exigence se vit dans la discussion et le débat, dans les questions et les comparaisons : un exemple ; « vous demandez un bureau du village !… Comme celui de Tsianisiha qui a été fait il y a dix ans avec un financement de la banque mondiale ; c’est bien ça que vous voulez ? », « Oui c’est ça »

« Ah oui, c’est ça, mais dites-moi vous avez vu les volets et la porte qui sont toujours fermés, cela fait dix ans que je passe devant plusieurs fois par semaine pendant mes missions et c’est toujours fermé. Et vous, avez-vous vu ce bureau ouvert parfois ? »

Le village « Non, c’est toujours fermé »

Moi « Dans le village de … Ils demandent, si possible, une grande salle pour les enfants du préscolaire, qu’en pensez-vous ? Projet Action doit-elle faire un bureau pour votre village ou une salle pour les préscolaires de l’autre village ? »

 

Si Projet Action est ce qu’elle est aujourd’hui, si tant de réalisations ont vu le jour chaque année, si ses parrains sont si fidèles et si nous sommes tant appréciés dans les villages, c’est que depuis 25 ans nous avons su garder le cap et que nous sommes restés fidèles à notre démarche.

 

L’avenir de Projet Action est aujourd’hui dans les mains de ses parrains et donateurs.

Pour pérenniser notre association, notre Conseil d’Administration doit se renforcer avec au moins deux ou trois parrains prêts à s’investir dans le fonctionnement, ici en France et là-bas dans les villages, car le président que je suis aura bientôt 72 ans …

Comme je le disais dans mon dernier « appel » de juin 2020, les différentes tâches à réaliser ; gestion et animation de Projet Action, management de notre salarié Malgache, réalisation trimestrielle du « Zébu », tenue de trois missions annuelles dans les villages … Et le reste, tout cela pourrait reposer sur trois ou quatre personnes et non sur une seule comme actuellement.

Il est certain que cela demande d’abord une motivation-passion indispensable. Si cette motivation-passion est présente, le reste suivra, car il ne restera qu’à se coordonner, à s’organiser, à tenir ses engagements et à utiliser son expérience et ses compétences pluri-disciplinaires."

 

Philippe Meyer - Président de Projet Action

 

 

 

 

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