Quelques extraits du livre "Episodes" où il est question de Projet Action ...
« Ça aurait pu s’arrêter là »
1 - janvier 2009 Tuléar (Madagascar)
Batte, lame et pistolet
Le 20 janvier 2009, je suis à Tuléar (au sud-ouest de Madagascar), avec Alijaona, le salarié de Projet Action, nous sommes rentrés de brousse en fin d’après-midi, fatigués.
Je décide d’offrir à Alijaona un dîner au restaurant « Le Jardin », mon « annexe » préférée.
On a dû prendre un « fritto mixto » (poisson, calamar, crevettes) avec des frites et une THB pour moi. La soirée est douce.
J’ai oublié de dire qu’il y avait le couvre-feu à 22 h à Madagascar pour cause de fortes tensions politiques suite au coup d’état du jeune maire de Tana Andry Rajaolina contre le président Marc Ravalomanana.
Nous sortons du Jardin vers 22 h 30, la ville est déserte, aucun éclairage.
Le tireur de pousse-pousse qui nous avait amené au resto tout à l’heure est toujours là. Alijaona me dit : « Tu peux prendre mon sac comme ça je serai plus à l’aise pour marcher jusqu’à chez moi et on ne sait jamais, si je suis attaqué, je pourrai mieux me défendre ». Je prends donc son sac (j’ai laissé le mien à l’hôtel en prenant juste quelques billets pour payer le resto). Alijaona part à pied et moi en pousse vers l’hôtel Capricorne qui n’est pas très loin.
Au bout de cinq minutes maximum, nous tournons à droite ; l’hôtel est à 200 m ou 300 m et là, deux jeunes (25 ans peut-être) sortent de nulle part, se « plantent » devant le pousse et disent : « Pousse, stop! », le pousse s’arrête, pose les deux « tirants » par terre et part en sprint.
Je suis toujours assis dans le pousse avec le sac d’Alijaona sur les genoux, les gars sont de chaque côté, celui de gauche a une batte de base-ball et un pistolet, celui de droite a une lame de 30 cm qu’il tient comme une lance, il se rapproche et fait des mouvements dans ma direction, j’ai l’impression qu’il va passer à l’attaque. A ce moment, le gars de gauche me pointe avec son pistolet, il est à moins de 3 m, il me vise, je le regarde faire sans avoir le temps de me dire que c’est fini dans une ou deux secondes, il tire …
Je me dis (vite fait) que je n’ai rien senti et que je suis toujours vivant, j’ai juste entendu un petit « tac »…. Le pistolet est un jouet. Le gars n’est pas décontenancé et commence à remuer sa batte, dans le même temps, l’autre s’est rapproché avec sa grande lame, il fait toujours le même mouvement de haut en bas et avec son autre main, il agrippe le sac d’Alijaona que je retiens des deux mains. Il tire le sac vers lui, je retiens le sac, il tire, je retiens … Après une « analyse » rapide de la situation, je me dis qu’il serait un peu « idiot » de se faire percer pour un sac (dont j’ignore le contenu) , je lâche donc le sac en pensant que c’est ce qu’ils veulent, mais les gars ne partent pas et continuent de me menacer. Ils ne savent pas que je n’ai plus que deux ou trois billets en poche…. Une nouvelle « analyse » s’impose ; je me dis que l’hôtel est à 200 m et, malgré mes 59 ans, mon projet est de descendre du pousse et de courir le plus vite possible ; je descends donc et, dans un premier temps, je leur fais face, ils sont à 1 m de moi, l’un remuant toujours sa batte et l’autre sa lame. D’un coup, je fais volte-face et me mets à courir, les gars d’abord surpris courent également, je me retourne pour voir à quelle distance ils sont … quatre à cinq mètres maxi et je vois le gars qui lance sa batte de base-ball en mode « hélicoptère », j’ai juste le temps de baisser la tête, la batte me frôle juste au dessus des épaules et finit sa course sur le trottoir, je coure toujours mais je n’en peux plus. On doit être à 50 m de l’hôtel et à ce moment, celui qui a essayé de m’assommer avec sa batte réussi à me taper sur un pied, je tombe sur le bitume et là, je pense que la fin est proche. J’ai mal aux mains et je ne pense même ne pas pouvoir me relever, mais je me relève et instinctivement, perdu pour perdu, j’ai l’attitude de quelqu’un qui est décidé à ne pas se laisser faire, j’ai les deux poings en avant, je vais me défendre comme je pourrai. Je pense que les deux gars s’en aperçoivent (l’un des deux a toujours sa lame), je leur fais face en style boxeur, j’avance vers eux et fait nouveau, je leur parle du genre « allez viens, viens !» Et j’avance. Et là, je suis stupéfait, les deux lascars ont peur et partent en courant, au moins aussi vite que le tireur de pousse tout à l’heure.
La scène n’a pas duré cinq minutes et figurez vous que 12 ans après j’ai l’impression de l’avoir vécu il y a moins d’un mois.
Essoufflé, un peu perdu et très fatigué, je marche lentement vers l’hôtel devant lequel je trouve porte close, la grosse chaîne condamne le portail et le gardien n’est pas là. J’appelle fort avant d’être obligé de hurler pour que le gardien vienne sans oublier de jeter, à plusieurs reprises, un coup d’œil pour voir si les gars ne revenaient pas.
Ils ne sont pas revenus, les pauvres, ils ont eu la peur de leur vie ! (non mais sans blague !).
Inutile de vous dire que je n’ai plus jamais repris de pousse le soir … Même sans couvre-feu.
2 - 12 juin 2020 : la Twingo n’a pas aimé
Mon stock d’épices de Projet Action baisse et les commandes arrivent tous les jours, il me faut vite faire du réassort. Avant-hier soir, j’ai envoyé un mail à mon fournisseur malgache pour qu’il prépare ma commande.
J’emprunte la voiture de ma femme et c’est parti ; Vincennes, traversée du bois, Nogent (ah le petit vin blanc) et j’arrive au pont de Nogent où je prends l’ A4 direction Nancy.
Bretelle d’accès ; un virage à 360° et j’arrive sur l’autoroute, je suis à environ 70 km/heure, j’accélère en restant sur la voie de droite (il y a trois autres voies à cet endroit). Et tout à coup, j’entends un bruit sourd « toc », quelqu’un m’a « tapé » sur l’aile arrière gauche, même pas le temps de dire : « Quel ….! », je me retrouve perpendiculaire à la circulation et ça avance toujours, coup d’œil sur ma gauche ; la cabine du très gros camion est juste là contre ma portière enfoncée, ça avance toujours assez vite et je pense : « Il ne va pas s’arrêter ce ... », je tiens le volant comme si c’était encore utile, les conducteurs des voitures qui nous doublent sur les autres files me regardent affolés, j’ai très peur, je me dis que les pneus vont éclater et que le mastodonte va m’écraser comme une crêpe (j’aime bien la Bretagne, mais il y a des limites!).
Quelques secondes après et, plus de 300 m plus loin, le « convoi » s’arrête enfin, toujours dans la même position, je suis pétrifié, volant en mains, vivant et physiquement indemne !
Empêché de sortir à gauche, bloqué par le semi-remorque Slovène de 44 tonnes, je passe sur le siège de droite et sort de la Twingo. Le chauffeur (un gamin de 24 ans), est encore dans sa cabine, je lui fais signe « bravo champion » en levant ma main droite le pouce en l’air.
Je n’ai jamais vu un camion aussi gros, la cabine est à une hauteur incroyable, le tout a l’air flambant neuf avec de belles « jupes » quasiment jusqu’au sol. Le gars ne m’a pas vu ! Il a simplement voulu se rabattre sur la voie de droite et … il y a des angles morts.
Les CRS et les pompiers arrivés quelques minutes plus tard me confirmeront ce « petit problème » tout à fait légal !
Le camion n’a même pas une rayure, mais la Twingo bleu marine appelée « Porsche-Twingo » pour les intimes, même si elle a étonnamment tenu le coup, n’a vraiment pas aimé.
Franchement, moi non plus.
Le lendemain, samedi, je prends la Peugeot pour aller chercher les épices, mais … pas par le même chemin. (eh, ho, on ne me la fait pas deux fois)
3 - Un extrait de l’épisode consacré à France Abonnements Entreprises
J’ai passé près de vingt-deux ans à France Abonnements (de 1984 à 2005), des années sans toucher terre, des années passionnantes où la création, les inventions et les tests propres au marketing direct ont été légion et quasi-quotidiens, des « collègues » extraordinaires, des moments euphoriques quand nous battions des records (je me souviens encore de ce fameux lundi où nous avons reçu 20 kg de commandes), le bonheur d’avoir participé à la création de plusieurs dizaines d’emplois, des années où l’humanitaire a souvent été très présent ; 1987 avec la « mission France » de Médecins du Monde, 1990 avec la chaîne de l’espoir à Djibouti, 1992 (encore la chaîne de l’espoir) au Burkina Faso, 1994 avec Aide et Action à Ankaraobato (Madagascar) et 1996 avec la création de Projet Action … Collaborateurs et collègues ont été informés, mis dans le coup, sollicités, beaucoup ont participé d’une façon ou d’une autre et 17 sont encore là aujourd’hui dans Projet Action, 25 ans après !
Quand je repense à cette belle et grande aventure, il m’arrive de me dire « heureusement que je n’ai jamais eu de plan de carrière » ... Qu’en aurais-fait ?
Je ne peux clore ce copieux épisode sur France Abonnements sans dire que ce fut bien plus qu’un long passage, bien plus qu’une grosse tranche de vie et bien plus qu’un « boulot » passionnant …
J’ai retrouvé récemment le « livre d’or » que mes collaborateurs proches ont fait circuler dans l’entreprise fin 2005 et qu’ils m’ont remis le jour du pot de départ. Seize ans après, j’ai été ému par pas mal de « mots » venant parfois de collègues qui n’avaient pas été des « proches » et j’ai envie d’en reproduire quelques-uns.
Je ne m’attendais pas à tout ça.
« Philippe ; que dire de toutes ces années passées ensemble ? FAE, la belle histoire, tant de projets, de boulot, de difficultés, de réussites … Il est dit que l’amitié peut se trouver partout. Pour le travail, c’est désormais terminé, heureusement, il reste Projet Action ... » Dominique M.
« Encore merci pour ton sourire et ta bonne humeur communicative » Michel J.
« Juste pour te dire que j’ai apprécié de travailler avec toi, j’ai aimé ce côté « Ce n’est pas la peine de se prendre au sérieux pour faire les choses sérieusement ». Je te souhaite de continuer à prendre le plaisir que tu donnais à voir et je nous souhaite de continuer à travailler comme tu le faisais à FAE avec ce plaisir agrémenté de ce sourire au bout des lèvres qui me faisait dire « Et voilà, il va sortir une nouvelle connerie » Olivier P.
« A un de mes compagnons de la première heure, merci pour la fidélité et pour tout ce que vous avez apporté à vos collègues et à vos patrons. Amicalement » Philippe V.
« Une bonne continuation à un directeur fort sympathique. Enfin, on aura bien rigolé » Julie F.
« Vous allez me manquer et après 16 ans, j’ose vous dire « qu’est-ce que vous avez pu m’embêter avec vos questions : « où sont mes mailings ? ». Plein de bonnes choses. » Isabelle F.
« Philippe ; je garde un très bon souvenir de ces années passées à La Plaine St Denis, ambiance très conviviale, bonne humeur, ce qui n’empêchait pas de bien travailler … C’est en grande partie grâce à vous et je vous en remercie » Sylvie D.
« Très cher Philippe. Une très grande admiration pour la façon d’arriver à concilier une très grande conscience professionnelle sous des dehors très décontractés et une très forte implication dans Projet Action, votre association que j’ai suivie de près et dans laquelle vous faites un travail admirable » Pierre G.
« Quand je suis arrivée, je n’avais que 19 ans quand tu m’as embauchée, cela fait 20 ans que je suis là … Grâce ou à cause de toi !! En tout cas, un directeur comme toi, il n’y en a pas deux. Je garde un très très bon souvenir de toutes ces années, bon j’arrête car j’ai une p’tite larme qui arrive. Je te souhaite plein de bonheurs. » Corinne M.
« C’est la petite jeune fille qui avait plaisir à venir vous donner des chèques à signer quand on était encore dans le 8e. En tout cas, c’était le petit bonheur de la journée, car je ressortais toujours avec le sourire avec vos petites blagues. Ces courtes périodes me permettent de confirmer les dires de mes prédécesseurs … Gardez votre humanité. » Virginie L.
« Une vraie gueule, une vraie personnalité et un grand franc parler … Bref un vrai personnage que j’aurai eu plaisir à connaître !! Même si nous n’avons pas été amenés à travailler beaucoup ensemble. Très bonne continuation et plein de réussites pour vos actions de « Robin des bois des temps modernes » et que du bonheur pour vous. » Romain G.
« Que de bons moments mémorables passés à tes côtés durant ces cinq années, des réunions aux repas, l’ambiance fut toujours au rendez-vous ! Merci d’avoir fait rimer boulot avec rigolo, humour, blagues… Sincèrement. » Véro.