Des vestiges plus anciens que prévu sur les pirates

 

Les premiers résultats de la mission scientifique menée par l’archéologue Jean Soulat, en mai 2022, sur l’île de Sainte-Marie viennent d’être publiés : « Il s’agit d’une mission scientifique. Ce n’est pas une chasse au trésor », précise-t-il d’emblée, pour éviter tout amalgame avec la rocambolesque histoire de lingot d’argent qui n’était en réalité qu’un saumon de plomb du fameux explorateur américain Barry Clifford en 2015.

Dans les premiers résultats de ses recherches intitulées « archéologie de la piraterie » dont les travaux se sont concentrés essentiellement sur terre, autour de la baie d’Ambodifototra, là où se reposent de vieilles épaves, l’archéologue révèle que « plusieurs habitations et des restes de fondation de murs qui pourraient correspondre à des occupations remontant au XVIIIe siècle » dans la partie sud de la baie.

Le but de cette mission est en effet de retrouver des vestiges archéologiques d’occupations anciennes du site, notamment celles liées à l’installation des pirates entre les années 1690 et 1730. Une prospection aérienne a alors été effectuée à l’aide d’un drone : « six zones ont été testées, notamment sur l’île aux Forbans et sur le site du fort de la Possession », expose l’archéologue.

« Le plan qui en ressort suggère une occupation beaucoup plus ancienne qu’une supposée fondation au cours des années 1750 comme les archives françaises du XIXe siècle l’attestent. En effet, ce type de plan est caractéristique des installations défensives du milieu du XVIIe siècle, soit un siècle plus tôt, ce qui correspondrait à l’arrivée des colons Français vers 1640, voire aux premiers pirates installés sut l’île dès les années 1680-1690 », assure Jean Soulat.

Dans la zone sud de la baie, les scientifiques ont retrouvé « quelques tessons de céramique malgaches ainsi que des niveaux de paléosols, indiquant une présence autochtone qui pourrait être contemporaine de la venue des Français ou des pirates, voire antérieure ».

Par ailleurs, les recherches menées sur l’île aux Forbans ont permis de retrouver des restes de corail brûlé, « en lien avec la fabrication de la chaux servant soit au carénage des navires, soit à la construction », des clous de batellerie ou encore de la porcelaine chinoise « a décor blanc et bleu de la période Kangxi (1661-1722). Les vestiges récupérés sont encore en cours d’analyse.

 

Article de Madagascar Tribune.com du 6.01.23

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