Témoignage de Dona et Philippe
Dona et Philippe ont participé durant 4 jours à l’inauguration de divers ouvrages financés par Projet Action. Voici leurs impressions. A noter que Dona a souvent parcouru la brousse dans les années 60 : elle était alors assistante sociale auprès de la Présidence de la République et, à ce titre, a parfois coupé le ruban d’inauguration d’un centre de santé quand le Président était indisponible. Philippe a séjourné à Tana de 1964 à 1966 et est retourné à Madagascar de nombreuses fois. Il a, lui aussi, parcouru la brousse. Marié avec Dona depuis 15 ans, il a acquis auprès d’elle une certaine connaissance de la culture malgache.
Dona : c’est avec un immense plaisir que je constate que les aides apportées à la population sont bien utilisées à leurs fins. Un « bémol » à mon enthousiasme durant les discours ; ces messieurs sont assis sur des bancs, tandis que femmes et enfants doivent se contenter d’être assis par terre et parmi les invités aux repas, rares sont les femmes. Un grand bravo pour l’organisation des manifestations.
Philippe : impression dominante ; la chaleur et l’accueil des villageois, rassemblement de la population de tous âges, kabary (discours), chants, danses et même, en plusieurs occasions des cadeaux nous ont été offerts ; chèvre, poulet, paréo (lamb). Une première surprise ; la RN9 qui dessert la zone où opère Projet Action, est goudronnée, certes depuis seulement 7 ans, mais elle facilite grandement les déplacements de personnes (en particulier à l’aide de cyclo-pousses) et le transport des marchandises. Autre constat : le grand nombre d’écoles, du primaire et même du préscolaire au lycée et de centres de santé pour une bonne part financés par Projet Action. Constat aussi de l’intérêt porté à l’amélioration des moyens de communication. A preuve l’inauguration d’un pont et d’un long radier permettant d’éviter qu’en saison des pluies, les pistes soient coupées. Éducation, santé, moyens de communication, sont des pilliers d’un développement effectif dans cette zone vu le nombre de maisons en dur (qui restent toutefois largement minoritaires), des châteaux d’eau et de quelques panneaux solaires. A ce sujet, dommage qu’il n’y ait pas plus de solaire, la tentative de Projet Action de financer de telles installations s’étant heurtée au vol de panneaux et au détournement d’usage.
En résumé, cette zone m’a paru bénéficier d’un début de développement dont d’autres, plus isolées (dans l’ouest et le sud notamment ne bénéficient pas). Un grand bravo à Projet Action qui a contribué à ce résultat par son action continue durant presque 30 ans. Et un grand merci à Philippe qui a parfaitement organisé notre court séjour.
Témoignage d'Anne, notre trésorière
Mais où est mon esprit ?
Le 17 mars 2024, jour à marquer en lettres capitales dans ma vie, jour maintes et maintes fois repoussé, ça y est je touche enfin la jolie terre rouge de Madagascar !
28 ans ! 28 ans que je suis membre de Projet Action, 28 ans que j’entends les récits détaillés et enthousiasmants de Philippe lors des Conseils et Assemblées. Trésorière depuis toujours, je voyais les décomptes, les bordereaux malgaches, leurs factures en papier parchemin carbone avec leurs milliers de chiffres d’abord en Francs malgaches, puis en Ariary depuis 2003… et tous les ans, lors de la clôture des comptes je me mettais à rêver…
Comment sont les Malgaches de Tulear et de ses environs ? Et les repas à la gargote de Milenake ? Et les beaux claustras rouges et blancs ? Et les 300 réalisations de Projet Action, comment ont-elles évolué, comment ont-elles changé la vie des villageois ? et comment… et pourquoi… et quand, et qui et quoi...
Le 17 mars 2024, je vois Philippe Meyer à Tuléar radieux, il est dans son pays d’adoption, sa deuxième maison. Je voyage avec une star locale, tous les villageois de la brousse l’acclament à son passage, les vieux se souviennent de son regard et son écoute depuis tant d’années, les jeunes saluent celui qui organise des tournois de foot, celui dont les parents en parlent comme l’un des leurs !
Pendant cette semaine itinérante au cœur de nos 7 communes d’intervention, les claustras « Zébu » sont partout ! Centres de soins, écoles, collèges, lycées, maxi marchés, salles polyvalentes, gîtes… C’est comme s’ils avaient toujours existé, ils font partie naturellement du paysage, ils sont utilisés, souvent entretenus. Même si, bien entendu la vie est dure car les éléments essentiels pour une vie heureuse, que ce soit l’alimentation, l’éducation ou la santé, sont loin d’être au niveau, je ressens une douceur de vivre, et je comprends l’attachement de Philippe à ce si beau pays. Après la mission, j’aurais un véritable choc en arrivant à Tananarive où la pauvreté, la violence, la corruption sont omniprésentes.
Fidèle à ma nature attentive et réservée, mes 5 sens sont en éveil, j’observe et j’écoute, je parle peu ; c’est peut-être ce qui fait dire à Naivoson qui me présentait sur le ton de l’humour : « son corps est à Madagascar mais son esprit est resté en France » ; c’est vrai, je parle moins que les Malgaches dont les discours sont le sport national !
Mais je suis bien là, devant ces drôles de baobab, je découvre le manioc, la bière locale… mais aussi les langoustes et du délicieux mérou, nous sommes au bord de la mer ! J’apprécie l’hospitalité des Malgaches, leurs sourires, leur courtoisie ; je note leurs yeux plein d’espoir, d’attente et la confiance qu’ils nous portent.
Je vois également toutes les difficultés rencontrées pour les aider au mieux : les enseignants sous-payés ou souvent non payés par l’Éducation Nationale, le manque de médecins, les rivalités politiques locales, l’insécurité parfois violente, le climat et ses saisons de pluies dévastatrices, ce manque d’argent et le fatalisme ambiant.
Et je n’admire que plus la persévérance de Philippe et surtout la démarche de Projet Action qui me paraît la plus adaptée. Nos actions sont le résultat de beaucoup d’écoutes, de moments de partages avec les villageois, et d’amitiés bien entendu. Notre approche participative, les conventions systématiques bi ou tri-partites avec toujours un comité de travaux constitué de villageois avec mixité obligatoire, les visites trois fois par an des chantiers en cours ou terminés, le temps passé avec les autorités pour obtenir, soit un enseignant, soit un médecin ou aide-soignant… tout ce processus est garant d’efficacité.
Et lorsque je vois une rampe handicapé ajoutée à notre centre de soins de Milenake par une ONG luxembourgeoise, alors qu’il n’existe aucun fauteuil roulant en brousse, je me dis que cet argent aurait pu être mieux utilisé !
Madagascar possède des ressources naturelles incroyables et notamment ses forêts, sa faune et sa flore endémiques qui intéressent les scientifiques du monde entier. Malheureusement la grande île doit faire face à un défi de taille : une déforestation intense, supérieure à son potentiel de reproduction. Entre le système agraire traditionnel, le trafic de bois précieux et surtout la collecte de bois et de charbon de bois d’une population grandissante, les raisons sont multiples. C’est une menace lourde de conséquence pour les habitants.
Attaché à son choix « d’accompagner les villageois dans leur développement humain », l’une des nouvelles perspectives de Projet Action est de contribuer à l’éducation des populations sur l’utilisation du bois et du charbon de bois : présents dans tous les foyers de brousse, ce combustible doit être consommé avec précaution, la combustion de bois est source émettrice de polluants nocifs pour la santé.
Développement, déforestation, pollution…que faut-il privilégier : contribuer au développement humain ou sauver la planète ? Projet Action répond : « les deux mon général ! ».
En cette période de bilan pour Projet Action, il est inévitable de se demander si on a bien fait, si on a été utile, si les bénéficiaires de nos actions sont plus heureux…Et je pense alors à Romain, voué à traîner car ses parents ne pouvaient l’inscrire à l’école faute de retrouver ses papiers ; Philippe, par ses démarches, lui a permis d’intégrer un cursus scolaire, de passer son baccalauréat pro en agriculture et peut-être un jour Romain qui a maintenant 30 ans, pourra enseigner à son tour.
Merci Philippe pour aimer Madagascar et ses habitants tels qu’ils sont.
Cher Naivoson, que j’ai eu tellement de plaisir à rencontrer, avec son sourire permanent, sa disponibilité et sa fidélité, il me semble que, même si mon corps est maintenant rentré en France, mon esprit est resté à Madagascar !
Anne GOIRAND – Marraine et trésorière de Projet Action
Témoignage de Françoise
Je mesure le gouffre qui séparent nos pays ...
C'était il y a 4 ans : octobre 2019. Avec une autre marraine Liliane et un parrain Dominique, c'était mon premier séjour à Madagascar et ma première mission avec Projet Action. L'expérience de ces rencontres humaines avait été si riche et si émouvante que je m'étais promis de revenir. Octobre 2023, après une semaine à Tananarive quelque peu perturbée par les manifestations politiques, me revoilà "Chez Alain" à Tuléar où je retrouve Philippe avec joie.
Madagascar n' a pas changé. La corruption est toujours là. La pandémie de Covid et le dérèglement climatique n’ont pas arrangé les choses, elles les ont empiré. La pauvreté et la misère sont toujours là, criantes et omniprésentes. De quoi désespérer ? Alors Projet Action dans tout ça ? Certains diront que c'est une goutte d'eau dans un océan de misère. Mais les océans se sont formés à partir de gouttes d'eau et si cette goutte n'existait pas elle manquerait à l'océan et elle manquerait surtout aux villageois du nord de Tuléar qui depuis 27 ans voient leurs conditions de vie au quotidien améliorées par les réalisations de Projet Action. Il suffit de voir la joie et l'enthousiasme des villageois d'Ambovotsiritsy lors de l'ouverture officielle du CSB1 (centre de santé de base 1° niveau): arrivée "triomphale" du président et de la marraine en charrette à zébu tirée par deux jeunes hommes au milieu d'une foule en liesse, cela fait chaud au cœur. Ces villageois n 'avaient " rien" en cas de problème de santé et voilà qu'ils ont maintenant tout près de chez eux des locaux, un infirmier et un minimum de matériel médical . Pour moi, médecin hospitalier pour qui il est normal d'avoir les résultats d'un examen d'imagerie ou de laboratoire dans les 2 ou 3 heures qui suivent la demande, je mesure le gouffre qui sépare nos pays dits " développés" de ceux dits " en voie de développement".
Si l'ambiance cette année était un peu différente en raison de la période électorale ( pas d'inauguration mais des « ouvertures officielles », pas de ruban à couper, beaucoup moins de chants et de danses ...) l'enthousiasme des villageois et les espoirs qu'ils mettent dans les réalisations de Projet Action sont toujours aussi forts, et les besoins de plus en plus nombreux. Mais Projet Action est en sursis. Son président n'a plus 20 ans et il est fatigué. Il est plus qu'urgent que se lèvent des bonnes volontés motivées pour prendre progressivement le relais. Certains disent que les malgaches n'ont qu'à se débrouiller tout seuls avec leurs dirigeants politiques et qu'il faut arrêter de " leur faire la charité", mais depuis l’indépendance de 1960 on ne peut pas dire que le pays ait réussi son développement économique et social. Comment peut- on "fermer les yeux " et nous replier dans notre confort de pays riche? Projet Action ne " fait pas la charité" mais permet par ses réalisations un auto développement et une amélioration pérenne des conditions de vie au quotidien des villageois. Alors il serait triste et dommage que cela ne soit bientôt plus qu'un beau souvenir.
Françoise JOSSE – Marraine de La Réunion
Les filles du bord de mer
Elles n’en sont pas à leur première « performance » et ont acquis manifestement une solide expérience… Leur recette est simple : la motivation pour agir en faveur de Projet Action et la très bonne satisfaction des produits proposés : vanille, épices et broderies.
J’ajouterai à leur recette l’envie de contacter les copines et de partager avec elles leur passion pour Projet Action.
Qu’ont-elles fait me direz-vous et comment se sont-elles organisées ? Rien de plus simple ; au marché, au téléphone, par mail, une connaissance croisée sur le chemin des douaniers, avant ou après une réunion d’une de leurs associations locales ou à l’occasion d’une pêche aux coquillages … elles parlent et elles ont tant et si bien parlées qu’elles ont réussi, assez facilement, à recueillir pas mal de commandes des copines ; 30 € par là, 110 € par ici, « et Maryvonne, je suis sure qu’elle va adorer le curcuma », « oui, je vais lui en parler », « et les torchons brodés, c’est ce qu’il faut pour Monique, elle me disait avant-hier qu’elle ne savait pas quoi offrir à sa belle-fille pour ses 45 ans », « Elle a déjà 45 ans sa belle-fille ! », « bah oui et la tienne elle a plus que ça alors... ».
C’est ainsi qu’à l’automne dernier, Pascale et sa sœur Marie-Françoise, toutes deux de Saint Jacut de la Mer, nous ont envoyé une commande de 615€ et Marie-Annick de Cherbourg en Cotentin une commande de 917€…. s’il vous plait !
Une chanson d’Adamo restée dans toutes les mémoires disait « Z’étaient chouettes les filles du bord de mer » mais aujourd’hui il faut conjuguer au présent « Elles sont chouettes les filles du bord de mer ».
Oh là mais, j’entends certaines et certains qui se préparent à relever le défi….