RANOBE : l’Ilménite de retour ?

 

Communiqué du collectif TANY

 

publié le 7 février 2023 dans Tribune Madagascar.com

 

Les autorités qui décideraient de faire démarrer les activités du projet Base Toliara prendront la responsabilité de mettre en grave danger la santé et la survie des communautés locales.

Depuis quelques semaines, une offensive médiatique agressive citant différents groupes de la région Atsimo-Andrefana réclame avec insistance la reprise des activités du projet minier Base Toliara, suspendues par le Conseil des Ministres en novembre 2019.

Ils relèvent notamment le nombre d’emplois que permettrait de créer ce projet. De nombreuses communautés et personnalités locales s’étaient élevées dans le passé contre le démarrage de l’exploitation des sables minéralisés en vue de la production d’ilménite dans cette région du sud-ouest. Le collectif TANY fait partie de ceux qui s’opposent au démarrage de ce projet et voudrait rappeler les principales raisons de cette opposition, déjà diffusées à plusieurs reprises auparavant.

En premier lieu et prioritairement, il convient d’attirer l’attention de la population et des décideurs politiques sur le caractère éminemment radioactif des sables minéralisés qui vont être exploités et transportés vers le port. Il ne s’agit nullement de simples rumeurs ou d’informations malveillantes colportées. Le rapport de pré faisabilité de ce projet publié par la maison mère australienne Base Ressources a mentionné que le zircon contenu dans le gisement de sables minéralisés de Ranobe contient de l’uranium et du thorium dont la radioactivité empêchera l’exportation des produits aux États-Unis et au Japon. Les scientifiques malgaches ont confirmé cette radioactivité dans des publications.

Sur quelles bases et à partir de quelles recherches scientifiques, les promoteurs actuels du projet Base Toliara osent-ils déclarer qu’il n’y a pas de menace de radioactivité dans l’exploitation de l’ilménite ou que la radioactivité des sables minéralisés des sites de Base Toliara ne comporte aucun risque pour la santé ? De surcroît, le transport jusqu’au port contribuera à disséminer les retombées dangereuses de la radioactivité du minerai sur la population et la biodiversité.

S’agissant des milliers d’emplois mis en avant par les promoteurs pour amadouer les habitants de la région, il convient de rappeler que, comme dans tout projet d’exploitation minière, ces milliers d’emplois promis ne perdureront pas au-delà de la phase de construction. Base Toliara et ses porte-parole doivent faire preuve de transparence à ce sujet et ne doivent ni tromper ni duper la population. Au cours du cycle de vie de tout projet minier, le nombre d’emplois nécessaire baisse pendant la phase d’exploitation et certains emplois locaux sont permanents, d’autres temporaires. Le nombre d’emplois directs ou indirects permanents créés par le projet ne compensera pas le nombre d’emplois détruits en conséquence, dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Il est primordial de ne pas duper les communautés de la région Atsimo-Andrefana en taisant volontairement le type et le nombre réel d’emplois prévus au cours des différentes phases.

En effet, il est évident que des terres cultivées actuellement ne pourront plus l’être si par malheur ce projet voit le jour. Ce qui aggraverait immanquablement la situation économique, sociale et alimentaire déjà désastreuse de la plupart des paysans. Quelles autres sources de revenus et d’alimentation ces élus, politiciens et « économistes » proposent-ils pour ces communautés qui vont perdre leurs terres arables et leurs moyens de subsistance ?

Enfin et non des moindres, cette région est connue par son insuffisance hydrique qui va encore être aggravée par cette exploitation minière forte consommatrice d’eau, au détriment des besoins agricoles et ménagers. Les argumentations d’un hydrogéologue sur l’absence d’impact du projet Base Toliara sur la disponibilité de l’eau ne sont pas des plus convaincantes. Il semble par exemple omettre la sécheresse rampante et les conséquences négatives actuelles et à venir du changement climatique sur les nappes phréatiques de l’ensemble de Madagascar et notamment du sud du pays.

Nous tenons à tirer la sonnette d’alarme, avant qu’il ne soit trop tard, sur le grave danger que fait encourir la radioactivité du minerai à la santé et dons à la vie des communautés locales, si jamais le projet Base Toliara devait redémarrer. Sans oublier les problèmes qui ne manqueront pas d’augmenter sur le plan de la sécurité alimentaire et du droit à l’eau des communautés riveraines du projet.

Il est du devoir du collectif TANY de rappeler ces points, afin que les responsables puissent prendre des décisions en toute connaissance de cause et en leur âme et conscience.

 

NDLR « Le Zébu » :

1 - Ranobe se trouve sur la commune de Tsianisiha et Ankilimalinike et les communes de Manombo, Marofoty et Milenake sont toutes proches.

2 – Nous avons pris contact par mail avec le collectif TANY le 8.02.23 pour proposer notre souhait de rejoindre ce collectif, la personne qui a répondu « partait en congés pour quelques jours, je verrai à mon retour ». Sans réponse fin avril, une relance a été faite … sans effet à ce jour. Cette attitude est plus que bizarre quand on sait que Projet Action est la principale ONG (et de très loin) à intervenir sur ce secteur. Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre ?

 

 

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Renforcement de l’agriculture familiale malgache par le développement de la filière pomme de terre

 

Comme annoncé dans le précédent Zébu, Projet Action finance sur 2021-2022 une « Formation-Action » en partenariat avec le FERT. Voici une première présentation.

 

Objectifs de l’action : L’objectif global de l’action est d’améliorer les conditions de vie des producteurs au sein du groupe Fifata via le développement de la filière pomme de terre.

Plus spécifiquement, il s’agit d’assurer l’accessibilité des producteurs aux plants de pomme de terre de qualité (plants sains), en quantités suffisantes et à des prix accessibles au plus grand nombre.

 

Justification : L’agriculture malgache est caractérisée par le riz, principale production de base de l’alimentation des foyers malgaches. La pomme de terre est cultivée en contre-saison du riz permettant un complément de revenus et une alimentation plus diversifiée.

Depuis 2008, la production a fortement chuté en raison du développement d’une bactérie (Ralstonia Solanacearum) qui a infecté les sites de multiplication de plants et une partie des zones de production sur le territoire.

L’organisation professionnelle (OP) agricole Fifata, partenaire de Fert depuis plus de 30 ans, s’est appuyée sur le Ceffel (OP spécialisée) disposant d’un Centre d’Expérimentation et de Formation en fruits et légumes, créé par Fifata et Fert en 2007 pour relancer le développement de la filière notamment en travaillant sur la multiplication de plants sains de pomme de terre afin de pallier aux problèmes de raréfaction de plants sains.

 

Bénéficiaires :

  • 100 paysans multiplicateurs de semences dont environ 30 % de jeunes et 25 % de femmes.
  • Plus largement, près de 2000 producteurs de pomme de terre utilisant les plants sains ainsi que les membres de leurs foyers, soit 12000 personnes au total.
  • 7 régions sont concernées par cette action : Vakinankaratra, Amonron’i Mania, Itasy, Analamanga, Alaotra Mangoro, Matsiatra Ambony, Ihorombe.

 

Résultats attendus :

  • 100 paysans multiplicateurs seront formés et accompagnés dans la maîtrise de leur production de plants.
  • 60 tonnes de plants sains seront produits par les paysans multiplicateurs chaque année et diffusés localement.
  • Un dispositif de tests des plants sera mis en place progressivement et les producteurs seront sensibilisés à cette question de précaution sanitaire.
  • Un diagnostic des pratiques de stockage des plants sera réalisé auprès de l’ensemble des paysans multiplicateurs.
  • 5 bâtiments de stockage en matériaux locaux seront construits permettant d’améliorer la qualité de germination des plants.
  • Environ 85 aménagements de stockage seront réalisés (construction de clayettes de stockage, grilles de protection contre les ravageurs …)
  • Une base de données permettra de suivre la production et le dispositif de calcul des prix de vente et d’achat des plants.

 

Activités principales :

1 – Multiplication de plants sains de pomme de terre par les paysans multiplicateurs (Formation aux itinéraires techniques améliorés, accompagnement technique, mise en place de tests sanitaires)

2 – Amélioration du stockage des plans de pomme de terre par les paysans (diagnostic stockage, aménagement et construction de lieux de stockage)

 

Cette action est réalisée en collaboration avec les organisations suivantes : CEFEL, FOFITA, FERT et FN3PT.

Et comme disait notre trésorière, c’est une action qui a la patate !

 

Nous apprenons le 26 août que de mai à août 2021, le planning a été totalement respecté.

 

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