Mission mars 2024 : compte-rendu

 

 

Dimanche 10 mars : Après une escale à Roland-Garros, j’arrive à Tuléar, comme prévu vers 13h30. Les taxis s’arrachent un peu ma course vers l’hôtel … évidemment … au tarif officiel de 30000 Ar en dépensant environ 1 litre de GO à 4900 Ar … le delta est juteux pour le chauffeur de taxi !

Il y avait 10° hier en partant de Montreuil et 30° en arrivant à Tuléar ; cette différence de température est dure à supporter et je sais que je vais en avoir pour plusieurs jours à m’acclimater.

Après la douche, je vais dire bonjour à mes « copines », serveuses du resto en blaguant avec Lanto : « Alors Lanto, comment as-tu fais pour tenir 4 mois 1/2 depuis mon départ du 29 octobre ? »

Un dîner au calme et vite au lit pour récupérer du retard pris entre Roissy et St Denis.

 

Lundi 11 mars : Un « cyclo-pousse » pour aller en ville : 20000 Ar de crédit pour mon téléphone, du change chez un Karany (pour moi et pour Anne qui arrivera dimanche17) et un passage à la librairie MD Paoly pour faire le point sur les tarifs des livres que je dois commander pour les collèges de la commune de Marofoty et pour la bibliothèque d’Analamisampy. Les tarifs pour Marofoty sont vite vérifiés, car il n’y a que 5 titres (pour 431 ex.) mais pour la bibliothèque, les 134 titres (pour 313 ex.) seront vérifiés en mon absence et je repasserai demain après-midi.

A 11h, j’arrive à mon RDV avec M. Fabien (Médecin Inspecteur du district de Tuléar 2) pour faire le point sur différents « sujets santé ». Je commence par l’annonce officielle de la réalisation, cette année, du CSB1 (Centre de santé de base1) de RANOBE (Commune d’Ankilimalinike) et je sors la convention de partenariat qu’il doit signer comme quoi il s’engage à doter ce CSB d’un personnel titulaire et donc fonctionnaire. Cette convention sera également présentée et signée le 19 mars à Ranobe par le président du comité de construction, le maire, Anne (notre trésorière) et par moi-même.

Fabien est manifestement ravi de cette annonce. J’annonce ensuite que nous allons réhabiliter totalement le sol du CSB de Bevala (réalisé en 2021) qui a subi une détérioration due, peut-être, à une réaction chimique du sol (l’emplacement a été pendant plus d’un siècle, un parc à zébus). Satisfaction de Fabien qui connaissait bien ce problème.

Nous parlons ensuite des meubles et équipements des CSB de Ranobe et d’Ambovotsiritsy (suite à des demandes de l’infirmier) ; Fabien me suggère que Projet Action s’occupe des meubles (1 bureau et 7 chaises) et que lui s’occupera des matériels (instruments chirurgicaux)) et meuble spécifique comme la table d’accouchement. Cette répartition me convient tout à fait. Je lui fais cependant remarquer que les CSB de Bevala et Ambovotsiritsy attendent toujours leurs tables d’accouchement.

Pour terminer, je propose à Fabien de sélectionner, pour un possible projet de CSB en 2025, un village qui aurait grandement besoin d’un CSB (comme c’est le cas cette année du village de Ranobe). Cette démarche est une grande première, car d’habitude, le besoin est recueilli auprès de la commune et ensuite validé par Projet Action et par le Médecin Inspecteur) …. 3e ravissement de Fabien qui me dit qu’il fera rapidement son enquête.

Je salue Fabien avec qui j’ai un très bon contact et comme il est midi, je me dirige, en cyclo, vers mon annexe préférée pour vérifier que la THB y est toujours fraîche et que les « frito misto » sont toujours aussi bonnes.

J’apprends que Marie (la brodeuse qui travaille en cuisine au « Jardin ») vient d’accoucher il y a quelques jours et qu’elle est à Fianarantsoa. Je lui téléphone, l’accouchement a eu lieu la semaine dernière et Marie ne rentrera pas à Tuléar avant mon retour en France. Je devrai donc attendre la mission de juin pour espérer passer la belle commande prévue (torchons, sacs à pain et différents sacs épices). Je passe à l’agence Air Mad pour acheter un billet Tuléar/Tana pour le 30 mars car 8 jours avant mon départ, j’ai appris qu’ Air Austral a supprimé (à partir du 24 mars) son vol Tuléar/St Denis et a remplacé ce billet par un billet Tana/St Denis en se contentant quasiment  de dire : « débrouillez-vous tout seul pour aller de Tuléar à Tana !!! Je déposerai une réclamation à mon retour en France.

A 17h, je suis à mon hôtel (« Chez Alain ») où je reçois nos deux entrepreneurs pour leur annoncer les chantiers qui leur sont attribués en 2024. Je leur demande de préparer les contrats de travail pour le 28 mars.

 

Mardi 12 mars : Ce matin, à 10h, je rencontre Alain, le directeur national d’ADES, avec qui je suis en contact depuis juin. Nous faisons le point sur le début de notre partenariat. Trois responsables, chefs de service (Roxane, Stéphane et Gabriel) sont avec Alain. La première phase de notre partenariat va consister à organiser deux rencontres ; l’une à Milenake, l’autre à Analamisampy, où seront invités : le maire et son équipe, les chefs de village de la commune et les responsables d’associations, notamment les associations de femmes. L’objectif de ces rencontres est d’annoncer le partenariat entre Projet Action et ADES, un partenariat permettant aux villageois de faire des économies sur leur consommation de bois et de charbon de bois en utilisant des foyers ADES déjà subventionnés par d’autres partenaires et qui bénéficieront d’un « plus spécial Projet Action » (remise supplémentaire ou une pousse d’arbre). Outre les économies apportées, cette démarche vise, évidemment, une lutte contre la déforestation.

Après ces premières rencontres, l’objectif est de les démultiplier dans chaque village ou association de la commune avec présentation des différents modèles de foyers d’ADES. (j’en utilise un à Tsaragiso depuis 8 ans et nous en avons offert trois grands modèles en 2023 à la cantine de l’école primaire d’Ampasikibo). Ces rencontres auront lieu en juin.

Il est midi, je retourne donc « Au Jardin » pour déjeuner … tranquille, je fais même durer le repas, car je dois repasser à la librairie qui ouvre à 14h30.

Je fais le parcours à pied, malgré la grosse chaleur. La responsable de cette opération me remet la liste que je lui ai laissé hier avec une dizaine de prix en hausse sur les 139 titres. Je lui indique que je regarderai tout cela de près dès mon retour en France et que je lui adresserai un bon de commande, à vérifier et valider avant mon envoi d’un virement pour confirmation de commande.

Une petite sieste à l’hôtel me fait le plus grand bien.

 

Mercredi 13 mars : Le 4x4 et son chauffeur Marco sont là à 7h. Je termine mon petit-déjeuner. Valise et sacs sont prêts à partir. Je passe acheter de l’huile pour Tsaragiso, je vérifie le plein du 4x4, nous passons chez le vendeur de boissons (demi-grossiste) et en route sur la RN9. Un arrêt à Milenake pour dire bonjour à Naivoson et parler un peu du programme de la mission. « je viendrai faire un petit tour au marché demain matin » dis-je à Naivoson.

Arrivée à Tsaragiso, bonjour aux voisins et installation dans la maison. Sandra, Marco, Laïmaro et Déric me donnent un sérieux coup de main pour un grand nettoyage … Cela fait 4 mois et demi que la maison est fermée !

A midi je vais manger à Ankililoake et acheter des pommes de terre pour faire des frites dès ce soir, j’achète aussi deux concombres pour salades. En passant à Tsianisiha tout à l’heure, j’ai acheté dix oranges, il y a beaucoup de pépins, mais avec deux oranges, je me fais un verre de jus de qualité. Je donne 8400 Ar (1,80€) à Laïmaro pour qu’il aille m’acheter 12 œufs de Tsaragiso.

Et le soir je me fais un repas de fête : soupe indienne (merci Royco!), salade de concombre, 2 œufs au plat, frites, vache qui rit. Il faut se soigner, même sans être malade, on appelle ça de la prévention.

 

Jeudi 14 mars : Je prends contact avec Mme Perline pour les réunions ESN 2024 (Education Sanitaire et Nutritionnelle) et je vais au marché de Milenake où j’achète poireaux, aubergines et aïl, je m’offre un beignet pour compléter mon petit-déj.

Je salue plusieurs connaissances et j’accepte deux selfies demandés par des jeunes.

 

Vendredi 15 mars : Naivoson est à Ankaraobato à 8h et nous partons à Bevala pour annoncer la réhabilitation du sol du CSB. Un comité d’accueil nous attend ; chef de village avec quelques villageois et Mme la sage-femme. J’annonce la réfection du sol qui a souffert et nous signons la convention de partenariat. Les travaux seront réalisés dans la 2e quinzaine de mai.

 

Samedi 16 mars : Nous partons, avec Naivoson et un de ses fils à Ampasilava (village côtier) où j’ai deux photos à donner et nous avons pour objectif d’acheter du poisson, mais il n’est que 9h et les pêcheurs ne reviennent pas avant 11h. Nous « poussons » 3 km plus loin jusqu’à Tsifota où nous trouvons trois beaux poissons pêchés hier et bien conservés dans de la glace. Retour à Milenake puis à Tsaragiso.

 

Dimanche 17 mars : 7h30 ; route vers Tuléar où je vais accueillir Anne Goirand, trésorière de Projet Action, qui arrive à 13h30 après une courte escale à St Denis de La Réunion. Après quelques problèmes pour passer la douane, Anne arrive enfin pour commencer sa toute première mission Projet Action. Anne fait partie des parrains-marraines de la première heure et entrera, dans 48h, dans sa 28e année de parrainage.

Arrivés « Chez Alain », nous ne tardons pas à passer à table ; il est 14h30 et le petit-déjeuner est un peu loin ! Nous avons pas mal de choses à nous dire, dont quelques précisions sur le programme qui démarre dès demain matin avec l’inauguration de l’école primaire et salle préscolaire de Beravy-Ambala.

 

Lundi 18 mars : Le plein du 4x4 ayant été fait hier matin, nous nous dirigeons vers la RN 9. Anne découvre la ville et, passé le pont de Belalande, la maigre végétation de cette région du sud-ouest qui est la plus aride et donc la plus pauvre de tout Madagascar.

Nous faisons halte à Mangily où j’ai réservé (pour 4 nuits) 2 bungalows à l’hôtel « Maroloko ». Nous y avions pris deux repas avec Françoise Josse en octobre et le resto était sympa. J’avais, à l’époque, visité un bungalow, bien situé, à 90000 Ar la nuit (19€), mais aujourd’hui, on nous oriente vers des bungalows minuscules … La « ficelle » est un peu grosse … en octobre, on m’avait fait visiter un bungalow à 120 ou 140000 Ar. En « essayant » de garder un air aimable, je dis à la patronne : « Ce n’est vraiment pas bien ce que vous avez fait, c’est même plus que « limite », là, nous sommes un peu pressés, mais vous serez bien aimable de nous préparer la note dès demain matin après le petit-déjeuner ! ».

Nous déposons nos valises et repartons rapidement sur la RN 9. Naivoson nous attend à Tsianisiha où j’ai prévu de montrer à Anne ce que Projet Action a réalisé dans ce chef-lieu de commune : les 5 pavillons du marché couvert (2007), la maternité + un logement pour le médecin (2009), le gîte d’étape + magasin de stockage (2012), le resto-gargote-épicerie (2013), CEG (2015), lycée d’enseignement général intercommunal (2016). Anne n’en revient pas !

Nous avons trouvé Naivoson (malgré la grande foule du marché hebdomadaire) et il est l’heure de se diriger vers Beravy-Ambala. Nous y arrivons avec 5mn d’avance, tous les villageois sont là + M. le maire et son équipe, le chef CISCO et différents élus + oh surprise, l’ex salarié de Projet Action qui est assis juste derrière le maire et dont nous ne tarderons pas à voir qu’il est apparemment devenu son conseiller. Les choses sont parfois très bizarres à Madagascar ou tout du moins dans cette région, car notre ex salarié sait très que M. le maire ne nous a pas remboursé les 833000 Ar représentant le solde du prêt à 0 % d’intérêts que nous avons accordé à la commune en 2013 pour financer tous les meubles, vaisselle, télé, groupe … et qu’une rencontre (un peu « sèche ») a eu lieu en mars 2023 à ce sujet (notre ex salarié était encore en activité).

Je n’en dirai pas plus aujourd’hui.

Discours de bienvenue par le chef de village, remerciements à Projet Action et à ses parrains pour cette belle école par le chef ZAP et le chef CISCO…. Discours habituels et sympathiques et c’est au tour de M. le maire qui remercie, lui aussi, Projet Action, mais qui « dévisse » ensuite (son « conseiller » étant toujours derrière lui pour lui,parler) en disant : « J’espère que Projet Action tiendra ses promesses et notamment pour la réalisation d’un CEG à Tsiafanoke ... », je le laisse finir et je me lève pour prendre la parole : « M. le maire, Projet Action entre dans sa 28e année et je redis aujourd’hui que depuis 28 ans, Projet Action et Philippe MEYER n’ont jamais fait de promesses, J A M A I S et ce n’est pas aujourd’hui que nous allons commencer, vous le savez très bien et votre conseiller le sais encore mieux». « Tout le monde sait justement que Projet Action ne fait pas de promesse, Projet Action demande à chaque commune de dresser une liste de 5 besoins prioritaires et parmi ces 5 besoins que nous validons et que nous faisons valider par les autorités concernées, nous voyons ensuite ce que nous pouvons réaliser en fonction des nombreuses autres demandes que nous recevons et en fonction, bien sûr, de notre budget ».

Mon intervention, qui suit, sera pour dire la grande satisfaction que nous avons eue à voter et à conduire la réalisation de cette école primaire et sa salle pour les préscolaires, comme nous l’avions fait en 2022 pour le village de Betakilotse dans cette même commune.

On coupe le ruban, on visite toutes les salles et on passe au repas et d’abord à la THB bien fraîche … il était temps !

De retour à l’hôtel de Mangily peu avant 15h, je passe par la plage pour aller dire bonjour à Sébastien, le jeune patron d’un autre hôtel « Chez Cécile » dans lequel nous étions avec Françoise en octobre dernier. Sébastien est surpris de me voir et je lui demande s’il aurait deux bungalows pour demain et les deux nuits suivantes. Oui ? Parfait nous viendrons déposer nos valises demain matin.

 

Mardi 19 mars : Comme prévu, nous réglons la note au « Maroloko » et passons « Chez Cécile » … sans nous presser, car la route sera courte aujourd’hui ; environ 20 km pour aller à Ranobe pour annoncer une grande et bonne nouvelle. Nous récupérons Naivoson au passage à Ambolimailake et nous bifurquons ensuite à l’est, direction Ranobe. Le village porte bien son nom puisqu’il se traduit par « beaucoup d’eau ». Et, en effet, à 1km du village, la piste en terre est devenue boueuse, nous avançons « en crabe » mais heureusement, devant nous, sur une grande portion encore plus délicate, une vingtaine de jeunes s’affairent à diminuer les ornières et à disposer des quantités de branchages impressionnantes grâce à eux nous réussissons à passer.

Nous sommes surpris, mais enchantés de voir la foule villageoise qui nous attend sous le grand tamarinier ; l’assistance est estimée à 500 personnes ! Nous faisons les présentations : Anne, Naivoson … et le chef de village nous souhaite la bienvenue. Nous sommes là pour faire le point sur le projet de construction d’un CSB1 (Centre de soins) et, en principe, lorsque nous venons, c’est généralement pour annoncer une bonne nouvelle (même si ce n’est pas systématique).

Il est, à nouveau, question de la localisation du village qui est situé à 15km du CSB2 d’Ankilimalinike (chef-lieu de commune)  ce qui rend parfois aventureux un déplacement à pied ou en charrette pour se rendre à ce CSB2 d’autant que les 5km séparant le village de la RN9 sont plus que délicat à franchir comme c’est le cas en ce moment. Sans plus attendre, je sors la convention de partenariat qui sera traduite par Naivoson et dont je dis qu’elle est déjà signée par M. Fabien, Médecin Inspecteur, qui s’engage à nommer, au plus tard le 15 octobre, jour de l’inauguration, un(e) infirmer (ère) titulaire (et donc fonctionnaire). La convention est lue, en insistant sur le rôle important du Comité villageois de construction consistant à animer la participation villageoise : chargement et déchargement des camions de sable et de blocages (pierres), concassage de blocages pour obtention de graviers et approvisionnement du chantier en eau.

Il est difficile de vous décrire les réactions des villageois, je dirai néanmoins qu’il y a eu des applaudissements, des cris et vociférations diverses montrant clairement leur joie, tendance bonheur ! Le maire prend la parole pour remercier Projet Action, il a du mal à trouver ses mots pour exprimer sa grande satisfaction. Je propose ensuite de donner la parole à ceux et celles qui veulent donner leur avis ; plusieurs personnes (majoritairement des femmes) prennent la parole pour dire en quelques mots la transformation que ce CSB va apporter dans la vie de tous les villageois, une femme dira même avec un air grave teinté d’émotion : « Nous sommes sauvés ! ».

La convention (en 4 ex.) est signée par le président du comité de construction, par le maire, par Anne et par moi-même et un exemplaire est remis à chacun. Les travaux commenceront le 2 mai.

Une bien belle rencontre sous le grand tamarinier de Ranobe !

 

Mercredi 20 mars : Hier soir, nous avons demandé un « plateau petit-déjeuner » que nous amenons dans nos bungalows, car ce matin, nous démarrons à 7h pour parcourir les 75km qui nous séparent d’Ampasikibo où nous devons faire le point sur la toiture de la salle préscolaire de Matsa (réalisation de 2021) dont la moitié sud a été emportée par un cyclone en février 2023 et sur le projet de résorption du gros point noir de la piste d’Ampasikibo allant vers Ambovotsiritsy.

Après avoir pris Naivoson à Milenake, nous arrivons à l’heure à Ampasikibo. Une délégation de Matsa est là et j’annonce que la partie manquante de la toiture de la salle préscolaire sera refaite (avec des tôles de 0,6 mm d’épaisseur) au début du mois de juin. Concernant le point noir de la piste, je sors la convention de partenariat que nous allons signer : « Les travaux démarreront fin avril ! Préparez-vous ! ». Grande satisfaction de Chefelin, le maire, et tonnerre d’applaudissements !

Nous poursuivons jusqu’à Analamisampy où nous arrivons en avance à la bibliothèque (CEG + lycée) où nous attendent déjà les directeurs, proviseurs, profs, chef de village … J’annonce la réalisation, au mois de mai, des casiers métalliques qui seront placés dans les 6 placards et qui permettront de recevoir et de protéger plus de 300 livres que nous amènerons le 14 octobre à 9h30 pour l’inauguration de cette bibliothèque. Les 30 personnes présentes sont réjouies et fières … et elles applaudissent. Il s’en suit deux ou trois discours de remerciements « appuyés ».

Nous parlons ensuite du projet de réalisation d’un pont (plus de 12m de long) situé à l’endroit le plus « dramatique » de la piste entre Analamisampy et Ankaray. Une bonne délégation d’Ankaray est d’ailleurs présente et j’annonce que nous sommes heureux de pouvoir financer la réalisation de ce pont cette année : « Les travaux démarreront fin avril ! ». Les deux villages s’attendaient un peu à cette bonne nouvelle, mais ils manifestent néanmoins leur grande satisfaction et ils le disent.

Direction Ankaray où nous sommes attendus à 11h pour l’inauguration de l’école primaire et de la salle préscolaire qui n’avaient pas pu être inaugurées en octobre et dont la réception provisoire a été faite le 20 décembre dernier. Il y a foule pour cette inauguration, le village est au rendez-vous, fier de sa magnifique école et fier aussi que tous les invités soient présents, fier, enfin, de recevoir Projet Action.

C’est le salut aux couleurs et l’hymne national chanté par les enfants et repris par tout le monde.

Discours traditionnels … le chef ZAP et M. le maire insistent particulièrement pour remercier les parrains et donateurs de Projet Action sans qui rien n’aurait été possible. Nous allons couper le ruban et visiter toutes les salles, dont la salle préscolaire qui fait, comme d’habitude, son « effet » avec ses 6 tables octogonales avec les chaises à l’échelle des enfants (hauteur de l’assise à 31cm). Chaque table est d’une couleur différente avec la même couleur pour les 8 chaises. Il y a le « coin sieste » avec des nattes et 20 coussins et le miroir pour que les enfants puissent voir la tête qu’ils ont, il y a aussi deux tableaux noir. Cette salle préscolaire fait 65,10m².

Et c’est le temps bienvenu du repas et de la boisson fraîche. Un repas où tout le monde est heureux, on parle beaucoup et on rit de même.

 

Jeudi 21 mars : Aujourd’hui, pour Anne, c’est la découverte d’Ankaraobato, le « village natal de Projet Action ». Nous avons RDV à 10h au CFP, mais avant cela, je fais une visite guidée de nos réalisations, en commençant par un coup d’œil sur la première école primaire financée par France Abonnements Entreprises en 95, la salle polyvalente (99 - 1er bâtiment de Projet Action et 1er claustras Zébu), le magasin de stockage (2000), l’atelier de fabrication de papier artisanal (2004), l’école maternelle (2013), salles culturelles (2014), la petite gargote (2016) et plus tard dans la journée, nous verrons les réalisations de Tsaragiso, le CFP (2010, 2011, 2013), le lycée technique et professionnel (2014, 2015), la piste de l’Amitié (97-98) … l’appareil photo d’Anne ne sait plus où donner de la tête !

Nous sommes ensuite accueillis au CFP où plusieurs apprenants chanteront, danseront et déclameront des poèmes. Nous échangeons aussi avec les élèves, je leur parle de Robson Tsiravoa et des liens qui nous unissaient ; c’est lui, le premier, qui a demandé à Projet Action un centre de formation « pour que les jeunes ne « traînent » pas après l’école primaire … »

Je demande au directeur (Sébastien) combien de jeunes sont inscrits au CFP : 171 ! Je suis très surpris, car il y a toujours eu 300 places …. « Comment peut-on expliquer cela ? », Sébastien me répond : « Certains jeunes choisissent plutôt les collèges et il y a le lycée d’enseignement général de Tsianisiha que vous avez fait en 2016 ... ». Des réponses qui ne me semblent pas « tenir la route », car les deux collèges les plus proches (celui de Milenake fait par Projet Action en 2004 et celui d’Ankililoake), existaient déjà en 2010 et la création du CFP, cette année-là, avait même attirée des jeunes qui ont quittés ces collèges !

Avant le repas, je fais un tour des bâtiments avec Anne et accompagnés par Sébastien. Une quinzaine de bâtiments vu un par un. La visite est décevante, Sébastien n’a pas les clés, certains bâtiments ne sont manifestement plus utilisés ! Envahis par des meubles détériorés et par des couches de poussière imposantes. (nous voyons cela au travers des claustras).

J’enverrai un mail au Secrétaire Général du Ministère pour m’étonner de cette situation.

 

Vendredi 22 mars : Ce matin, avant notre rencontre de 11h avec l’association pour le développement de Milenake, je fais une visite guidée à Anne pour lui faire découvrir « en vrai » les réalisations de Projet Action sur le village de Milenake, chef-lieu de commune : le magasin de stockage (2000), CSB1 (2001), marchés couverts (2002 et 2015), salles polyvalentes avec terrasse couverte (2003), CEG avec internat (2004), maternité (2005), piste de Milenake à Andranodehoke (2005), cantine école primaire (2008), gîte d’étape (2009), 2 salles supplémentaires au CEG (2009), restaurant (2013), gendarmerie, dont 4 logements (2014), 2 buts de foot (2016), un poulailler (2020) … l’appareil photos d’Anne commence à fatiguer !

Nous sommes à 11h au resto pour la réunion qui doit faire le point sur le projet de réhabilitation des salles polyvalentes et sur le projet de clôturer l’enceinte du resto. Plus d’une vingtaine de membres de l’association sont présents et parmi eux les responsables de plusieurs associations du village et de la commune.

A propos des salles polyvalentes, je sors la convention de partenariat, prête à être signée qui accorde le financement de la réhabilitation complète des salles … du sol au plafond ! La particularité étant que l’association s’occupe seule de tous les travaux réduisant ainsi sensiblement les coûts. Je connais, par ailleurs tous les membres depuis plus de 20 ans et ai toute confiance en eux. Quant à la clôture de l’enceinte du resto, elle est confiée à l’entreprise Manitra.

La réalisation de ces deux projets doit permettre un bon redémarrage des lieux d’accueil de Milenake : organisation de séminaires et formations et donc fonctionnement des salles polyvalentes, du gîte d’étape et du resto. Pour le resto, une fois la clôture réalisée, des plantations seront faites et les repas pourront avoir lieu dans ce jardin. Par ailleurs, j’ai prévu une réunion en juin pour échanger sur les moyens divers pour un bon redémarrage de l’établissement.

Départ pour Tuléar, la mission avec Anne se termine.

 

Samedi 23 mars : Hier à 16h, le vol d’Anne de ce jour 13h50 a été confirmé, mais elle a appris qu’il était repoussé à 16h30 et ce matin, un sms lui apprend que son vol est supprimé ! Tsaradia (filiale d’Air Mad) n’a plus que deux avions (ATR 72) pour assurer tous les vols intérieurs du pays … les jours et les semaines passent et … rien ne change… 2 avions et … plus de 800 salariés ! Il est 7h et je dois repartir en brousse pour le tournoi intercommunal de foot féminin que nous organisons à Milenake. Je demande à la réception de l’hôtel d’aider et de conseiller Anne du mieux possible. (Anne a eu un vol le lendemain et a pu voir sa nièce à Tana avant de s’envoler pour Paris où elle est arrivée mardi 26).

J’arrive à 9h à Milenake, deux équipes ne sont pas encore là ; Ankililoake et Tsianisiha, Beroroha vient d’arriver. Nous apprenons que le « manager » des filles de Tsianisiha a téléphoné à Naivoson pour demander le paiement des cyclos pour les filles ! Cela n’a jamais été prévu, ce tournoi est organisé pour donner aux 4 équipes l’occasion et donc le plaisir de jouer. De plus il n’y a que 6km entre les deux villages … l’équipe aurait-elle reçue un « conseil » pour ne pas venir ?

Le FC Miss Tsaragiso qui devait jouer contre Tsianisiha est donc qualifié d’office pour la finale. A 10h30 le match entre Beroroha et Ankililoake commence. C’est assez équilibré mais Ankililoake (les favorites du tournoi) marque un but et se qualifie pour la finale qui aura lieu demain matin.

Le repas est prêt au resto pour toutes les équipes … bonne ambiance et commentaires à toutes les tables ! Les filles de Beroroha qui terminent 3e, empochent la somme de 20000 Ar.

Après-midi « libre » et le soir, nouveau repas avec une entrée (salade Masikoro) un plat de riz-chèvre et un dessert + sodas … c’est la fête pour toutes les filles. Nous ramenons les filles de Tsaragiso au village et les autres dorment au gîte d’étape.

 

Dimanche 24 mars : La finale démarre, comme prévu, à 10h. J’avoue que j’ai discrètement conseillé aux filles de Tsaragiso (qui ne sont pas favorites) de démarrer le plus fort possible et de « bousculer » celles d’Ankililoake … qui ont dans les jambes leur match assez accroché d’hier matin. Tsaragiso démarre fort et arrive à contenir leurs adversaires, lesquelles sont néanmoins globalement un peu plus « techniques ». A la mi-temps, le score est de 0 à 0. Tsaragiso attaque encore plus fort et l’on voit qu’Ankililoake commence à fatiguer. Un coup franc pour Tsaragiso à environ 25m des buts adverses. C’est Sandra qui va le tirer. Je connais la qualité de Sandra notamment pour les coups-francs, mais à 25m … j’ai des doutes.

Elle s’élance, « enroule » le ballon d’un tir puissant, qui passe par-dessus le mur et fini dans la lucarne gauche … un but « venu d’ailleurs » digne d’une grande joueuse ! 1 à 0 pour Tsaragiso. Le match se poursuit, mais les filles d’Ankililoake, avec ce fameux coup-franc, ont pris un coup sur la tête, plus la fatigue qui pèse de plus en plus ! Le match se termine sur le score d’un à zéro. Les filles du FC Miss Tsaragiso sont championnes du premier tournoi intercommunal de foot féminin … mais jusqu’où iront-elles ?

Je remets les prix aux équipes : 50000 Ar pour les 2e et 100000 Ar pour le FC Miss … retour « en fanfare » au village.

 

Lundi 25 mars : Je rencontre aujourd’hui Mme Perline pour parler de l’ESN 2024, mon souci principal étant de réussir à sélectionner des villages différents de ceux de 2023, mais pas trop éloignés du lieu d’habitation de Perline. L’échange me permet d’être rassuré. Les réunions commenceront probablement en juillet.

 

Mardi 26 mars : Aujourd’hui, c’est repos, pain et cuisine.

 

Mercredi 27 mars : A 11h, je fais le point avec Naivoson sur les frais qu’il a eu depuis début novembre. Les choses sont claires, pas de problème et prêt pour la suite à commencer par la présentation des entreprises aux villages concernés et suivis des chantiers.

 

Jeudi 28 mars : La mission se termine, c’est le départ pour Tuléar. En arrivant, je passe directement à l’agence Air Mad pour vérifier l’heure de mon vol de demain pour Tana. Pas de changement, je ne suis pas rassuré pour autant, car vendredi dernier l’agence avait dit la même chose à Anne …

A 17h, je reçois nos deux entrepreneurs qui ont préparé les contrats de travail que je signe, il y a aussi les plannings. Les chantiers démarreront au plus tard le 2 mai.

 

Vendredi 29 mars : Mon vol pour Tana est à 16h30. Je libère ma chambre vers 10h30, j’aurai le temps de prendre un repas tranquillement avant qu’un taxi m’amène à l’aéroport.

J’arrive à la réception et Lanto me dit « Désolée, Philippe », je la regarde, étonné « pourquoi es-tu désolée ? », « les vols pour Tana d’aujourd’hui et de demain sont annulés ! ».

Ce n’est pas possible, je prends un coup sur la tête ! Après l’annulation du vol direct Air Austral entre Tuléar et la Réunion, mon billet a été modifié avec un vol Tana-La Réunion (demain samedi à 17h) et maintenant ….. !!! Les passagers ne sont que du bétail à la merci des problèmes et décisions des compagnies aériennes. Bon, je ne vois qu’une solution ; trouver une voiture pour aller à Tana, il me reste environ 28h pour arriver là-bas. J’appelle mon loueur de 4x4 : « désolé Philippe, mais je n’ai aucune voiture de disponible ! ». Je suis à la réception, il y a Nina et Sophie, la patronne, qui dit à Nina : « Essayes d’appeler machin à tout hasard », Nina appelle « oui, nous avons un client qui doit être à Tana demain avant 15h, il faudrait partir tout de suite avec deux chauffeurs ! Vous serez là à midi ? C’est d’accord ! ». Je n’ai plus assez d’espèces, Sophie m’avance les 2200000 Ar (env.460€) que je lui rembourserai en faisant un virement.

Le 4x4 arrive à 12h20, l’épopée commence … Il y a un chauffeur et le propriétaire du 4x4 qui apparemment va faire partie du voyage mais « où est le 2e chauffeur ? », « on va le chercher » et nous sillonnons Tuléar. Ils s’arrêtent pour acheter des sodas, des biscuits et des fruits. On attend, téléphones, le 2e chauffeur arrive enfin et nous sortons de Tuléar vers 13h, je commence à calculer … plus que 26h !

Au début, la RN 7 n’est pas trop défoncée, les premiers 100km sont faits à la moyenne de 60km/h. A cette vitesse là, ça ira, il n’y a « que » 940km à faire, mais nous ne maintiendrons pas cette moyenne pour deux raisons : l’état catastrophique de la RN 7 sur de longues portions et les arrêts des chauffeurs et propriétaire pour acheter quelque chose ou boire un coup. De plus, il y a de gros problèmes, ces trois messieurs parlent sans cesse entre eux, en fait, ils ne parlent pas ils crient en permanence en se racontant des souvenirs, des « blagues » et ça rigole (avec des rires forcés très bruyant), le chauffeur principal conduit trop vite en ne tenant le volant que de la main gauche, la main droite tenant le téléphone, y compris à vive allure dans des virages serrés. J’ai cru que nous allions sortir de la route à plusieurs reprises, j’avoue que j’ai eu très peur. Et il continuait de téléphoner … à ses deux maîtresses, enfants, femme, copains … et les mêmes l’appelaient 15mn plus tard …. Il fait nuit, je suis anéanti, on s’arrête dans un resto, je commande un plat poulet en sauce et frites avec une grande THB, j’achète aussi une grande bouteille d’eau vive. 30mn après on redémarre, toujours ces hurlements entre eux, les traversées de villes nous font perdre du temps et il faut dire que la RN 7 est très étroite, moins de 5m de large par endroit. La moyenne est tombée à moins de 45km/h.

Le jour se lève, nous sommes toujours vivants, j’en suis presque étonné. Ce voyage est un enfer, je ne veux plus jamais avoir à revivre ça, ce n’est pas possible.

Nous approchons de Tana, je suis épuisé, j’ai peut-être dormi 2 ou 3 heures, mon eau minérale est chaude malgré la longue nuit, les hurlements, les éclats de rire et le contenu des conversations téléphoniques ont eu raison de mes espoirs et de mes pensées, je suis probablement sur une autre planète !

Il est 13h, le 4x4 se gare à l’aéroport, à peine 40km/h de moyenne depuis Tuléar. Je paye la lourde addition de ce voyage et le propriétaire me dit : « c’est tout ? », « comment c’est tout ? », « pas de pourboire ? » … là je crois rêver et je lui dis : « avec la somme prohibitive du voyage et ce que vous m’avez fait endurer, vous osez me demander un pourboire ! ».

Ma valise et mon sac sont sortis de la voiture, je leur souhaite « gentiment » un bon retour. Je vais directement au comptoir d’enregistrement et ensuite … j’ai faim et soif, le resto de l’aéroport est enfin ouvert … et demain matin je serai à la maison !

 

Philippe MEYER – Président de Projet Action

 

 

 

 

 

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