Mission octobre 2024 : compte-rendu
Mercredi 9 octobre : après un petit périple ... escale à La Réunion et nuit à Tana, j’arrive enfin à Tuléar dans la matinée et comme il se doit, la fraîcheur de Tana a disparu pour laisser place à la douceur du sud-ouest. A l’aéroport, il y a, comme d’habitude beaucoup de taxis qui « chassent le client » et j’entends « eh M. Philippe ! » ; c’est Jules un chauffeur très sympa dont j’utilise souvent les services. C’est parti ! Arrivée « Chez Alain » où je saute dans la douche, je me suis levé tôt ce matin et la froideur de ma chambre m’a contraint à faire grève de douche.
A 17h, je reçois nos deux entrepreneurs. Nous parlons de la bonne fin des chantiers et je leur annonce qu’après les projets 2025 de la piste d’Analamisampy vers Ankaray sud et les différentes retouches sur la piste Volamindry entre Milenake et Andranodehoke, il y a un autre projet : un CSB1 (Centre de soins) à Anjabetrongo (Cne d’Analamisampy). Je leur demande de me faire un devis, mais avant cela, je leur propose de m’accompagner dans ce village que je vais découvrir le 21 octobre. Cela leur permettra de se rendre compte de l’état de la piste et des lieux d’approvisionnement en sable et en blocages. Ce village serait situé à 17 km à l’ouest d’Ampasikibo et je ne connais pas l’état de la piste.
Jeudi 10 octobre : Le chauffeur (Marco) est à l’hôtel à 7h, je suis en plein petit-déjeuner, mais j’aurai bientôt terminé. Je retourne à ma chambre pour fermer ma valise et je retrouve Marco. Direction ADES avec qui j’ai une réunion à 8h. Nous parlons de la réunion du 18 octobre à Ankaraobato pour présenter notre partenariat avec ADES et leurs foyers améliorés. On me communique les chiffres des ventes : à ce jour 308 foyers ont été vendus sur les deux communes de Milenake et Analamisampy. C’est un nombre totalement inespéré et ce n’est pas fini, d’autres commandes et livraisons vont avoir lieu. Je suis heureusement surpris de tels chiffres et ADES n’en revient pas, ils n’ont jamais vu ça ; à 100 foyers vendus, cela aurait déjà été un très joli succès. L’incroyable succès de ce début de partenariat qui va évidemment se poursuivre et s’amplifier montre, au passage, ce que représente Projet Action dans les villages : sérieux, convivialité, efficacité …. le tout rejailli sur ce partenariat. Les mots manquent pour qualifier ce qui se passe, mais il ne serait pas trop fort de parler de grande satisfaction, et même de bonheur, le bonheur de concrétiser sous un nouvel aspect notre grande utilité avec, en plus, un effet « coup double » : permettre à des centaines de familles d’économiser, au minimum, 50 % sur leur consommation de bois ou de charbon de bois et réduire la déforestation.
Je passe ensuite à la librairie St Paul pour vérifier la bonne présence de tous les livres commandés pour la bibliothèque du CEG et du lycée d’Analamisampy. J’enlèverai ces 7 cartons (près de 300 livres) demain après-midi en revenant à Tuléar.
En route pour Tsaragiso où il va y avoir du ménage à faire dans ma maison qui est fermée depuis 3 mois et demi.
Vendredi 11 octobre : Vers 10h, Naivoson vient me rejoindre à Tsaragiso. Nous avons une petite demi-heure de piste en terre pour parcourir les 8 km qui nous séparent de Bevala. Ce ne sera pas une grande inauguration, mais plus une rencontre amicale pour célébrer la bonne réfection 2024 du sol du CSB réalisé en 2021. On se rappelle quelques souvenirs de ma première visite en 1997 et la réalisation des puits en 2000 et 2001, l’école primaire en 2005 et le Centre de soins en 2021. Il y a eu beaucoup de visites y compris toutes celles pour dire bonjour et pour le plaisir de revoir les amis de Bevala. On coupe quand même le ruban. A l’intérieur, j’ai le regret de constater que M. le Médecin Inspecteur n’a toujours pas livré la table d’accouchement (ça ne fait que 3 ans qu’il me promet de le faire!).
C’est l’heure du repas avec du riz bien « compact » et sans sauce et de la THB plutôt chaude … au secours !
Au revoir Bevala, retour à Ankaraobato puis à Milenake où nous laissons Naivoson et direction Tuléar. Je passe à la librairie pour enlever les 7 cartons de livres.
« Chez Alain », j’ai la bonne idée de demander à la réception d’appeler Tsaradia (filiale d’Air Mad) pour vérifier l’heure d’arrivée du vol de Tana de demain matin. Elle était très bonne cette idée, car j’apprends que ce vol (qui aura, entre autres, comme passagers Dona et Philippe, un couple de parrains qui vont m’accompagner pendant cinq jours) n’arrivera pas à 6h50 mais à 20h30 ! Inutile donc de me lever à 5h30 et de faire venir Marco à 6h !
Samedi 12 octobre : Le matin avec Marco, nous recherchons une poupée (ici, on dit « poupette ») que je souhaite offrir à Mariela sa fille de 6 ans. On finit par la trouver et l’on se rend chez Marco dont la femme tient une « épi-bar » ; j’offre la poupette à Mariela qui est « aux anges ». Marco m’offre une THB bien manitse (fraîche). Et j’invite Marco et sa fille au resto « Au Jardin », ils dégusteront une pizza … une grande première pour eux deux.
Vers 20h, nous sommes à l’aéroport pour accueillir Dona et Philippe et nous les amenons « Chez Alain » pour le dîner.
Dimanche 13 octobre : Un petit tour de la ville de Tuléar avec Dona et Philippe ; ils y sont déjà venus, mais il y a très longtemps. Nous finissons la visite par un déjeuner au resto « Le jardin ». Et pour suivre … direction Mangily et l’hôtel dans lequel nous séjournerons pendant 4 jours « Sur la plage chez Cécile ». Je suis tout surpris lorsque Vanessa, la patronne, me remet une chemisette brodée (avec Robeson Tsiravoa) que je croyais avoir perdu … je l’avais juste faite laver et oubliée en mars !
Lundi 14 octobre : Nous démarrons un peu avant 8h, car nous sommes attendus à 10h à 80km au nord pour deux inaugurations à Analamisampy. Nous prenons Naivoson au passage à Milenake et nous arrivons avec quelques minutes d’avance à Analamisampy. Il y a foule au CEG où nous devons inaugurer officiellement la bibliothèque du collège et du lycée : un très vieux bâtiment que nous avons entièrement remis à neuf (du sol jusqu’à la toiture) en 2022 et dans lequel nous avons fait réaliser des coffres métalliques dans les 6 placards en 2023 ; des coffres anti-rongeurs pour que les près de 300 livres que nous amenons aujourd’hui soient bien protégés. Les 7 cartons sont posés sur les tables et l’enseignant responsable de la bibliothèque consulte déjà les étiquettes indiquant le contenu de chaque carton. Le directeur du CEG et le proviseur du lycée sont, eux aussi, juste à côté, impatients de découvrir les ouvrages. 127 titres en 1, 2, 3 ou 4 ex chacun pour un total de 272 ex.
Je remets au responsable la liste de tous les livres avec les quantités et les prix : un peu plus de 6 millions d’Ariary soit 1320€.
Ce projet de bibliothèque s’est étalé sur deux ans, notamment à cause de la difficulté que j’ai eue à obtenir auprès des enseignants la liste des ouvrages souhaités. Ce projet (bâtiment et livres) est « bouclé » aujourd’hui même si les responsables ont probablement intérêt à se faire offrir d’autres livres par différents organismes … s’ils arrivent à en « attraper » car ces ONG ou organismes divers ne courent plus les rues … ni les pistes !
On s’assoit un moment et M. le maire a la très bonne idée de nous offrir à boire et … c’est bien frais !
Il est 11h et un long cortège se dirige vers le grand pont que nous devons inaugurer : un pont magnifique de 13m de long situé au cœur du point noir de la piste reliant Analamisampy à Ankaray sud. Ce pont est situé à environ 1km à l’est d’Analamisampy. Discours et coupage du ruban. Dans mon intervention, j’annonce officiellement le projet 2025 concernant cette piste : 3 portions de « bandes roulantes » (comme sur la piste d’Ampasikibo) avec 180m à l’ouest du pont et 144 et 140m à l’est du pont. Les applaudissements sont si forts que vous les avez sans doute entendus. J’espère que notre budget nous permettra de financer ces 3 portions qui solutionneraient totalement le gros point noir de cette piste et, si c’est le cas, au mois de mars, je pourrai annoncer le début prochain des travaux.
Plusieurs personnes dont des jeunes et le maire intérimaire (les élections municipales auront lieu le 11 décembre et le maire titulaire, Chefelin, a dû démissionner pour mener sa campagne) me demandent s’ils peuvent prendre des photos avec moi. Ils ont l’air tout heureux que j’accepte sans problème…. Quelques beaux sourires !
Plusieurs personnes nous diront ce que ce pont va changer pour eux et, bien sûr, ils sont déjà impatients d’entendre les nouvelles qu’ils souhaitent bonnes au mois de mars.
Retour à la mairie où un repas sympathique nous attend. L’ambiance est aussi chaude que la THB est fraîche et à la fin, je propose que l’on chante « Ry tanindra zana malala … » (pardon pour l’orthographe)
Nous saluons l’assistance et nous reprenons le pick-up vers le sud. Arrivés à Ankaraopbato nous quittons la route pour faire jeter un coup d’œil sur Tsaragiso à Dona et Philippe … la maison, les rizières et les voisins.
Nous repartons en laissant Naivoson à Milenake et rejoignons notre hôtel sur la plage. Dona et Philippe vont se baigner, Philippe le fera également chaque matin de bonne heure.
Mardi 15 octobre : Aujourd’hui, le déplacement est très court ; 21 km, dont 7 sur une piste en terre. Nous retrouvons Naivoson qui est venu en taxi-brousse jusqu’à Ambolimailake et direction Ranobe où nous devons inaugurer le CSB1 (Centre de soins). Les villageois, le maire et les responsables de la santé nous attendent (même si nous arrivons en avance).
Les discours de bienvenue sont chaleureux ; chef du village, maire, médecin inspecteur … chacun y va de ses remerciements à Projet Action, à Philippe Meyer, aux parrains de Projet Action sans qui rien n’aurait pu se faire … A mon tour de discourir et j’insiste sur le grand bonheur de Projet Action d’avoir pu financer ce beau Centre de soins qui va rendre quotidiennement d’innombrables services à la population de Ranobe et des environs. Un centre de soins comme celui-là, c’est des soins quotidiens, des guérisons et des vies sauvées notamment lors des accouchements.
Nous sommes invités à couper le ruban et visitons ensuite le bâtiment qui comprend 6 pièces + une belle terrasse servant de salle d’attente : un bureau de consultation, une chambre avec douche pour l’infirmière, une petite cuisine, une salle d’accouchement ou d’opération, une chambre pour deux malades ou post accouchées et une pharmacie.
Le médecin inspecteur n’ayant toujours pas équipé de tables d’accouchements les derniers CSB que nous avons réalisés (Bevala, Ambovotsiritsy et Ranobe), il va falloir que Projet Action s’en occupe !
M. le maire est parti sans dire au revoir, il a aussi oublié de nous faire un cadeau … les bonnes traditions se perdraient-elles ? Au revoir Ranobe.
Mercredi 16 octobre : Nous démarrons à 8h de l’hôtel, direction Ampasikibo (75km) pour l’inauguration des 320m (dont un petit pont) remis plus qu’à neuf pour résorber le gros point noir de la piste qui va vers Ambovotsiritsy.
Nous roulons bien et j’estime que nous avons 20 à 25 mn d’avance, la décision est donc prise de faire un arrêt à Antseva pour jeter un coup d’oeil et dire bonjour au CEG réalisé en 2020 et agrandi de deux salles de classe en 2022.
Nous arrivons au CEG qui grouille de collégiens dans les classes et en dehors. Collégiens et profs sont évidemment étonnés de cette visite surprise. Nous saluons tout le monde et entrons dans chaque classe pour dire bonjour et échanger quelques mots. Dans la classe de 3e , je fais ma blague favorite en demandant aux collégiens « Parmi vous, levez la main ceux et celles qui sont sûrs de ne pas avoir le BEPC dans quelques mois ». Naivoson traduit et c’est un éclat de rire général. Et dans la classe de 4e, je leur dis « la 4e est une très bonne classe, j’ai bien aimé la 4e, ça doit être pour ça que j’y ai passé deux ans ! » là aussi, les rires sont nombreux.
Les 6 classes sont bien remplies, ce qui prouve que nous avons eu une très bonne idée de réaliser ce collège dans cette partie nord de la commune d’Ankililoake, car avant, il n’y avait qu’un collège dans la commune … à Ankililoake … à 17 km de là ! La conséquence était simple : la plupart des jeunes sortant de l’école primaire arrêtaient leurs études car ils ne pouvaient pas aller à Ankililoake pour des raisons financières ; transport, nourriture et logement.
Après cet arrêt sympathique et très joyeux, nous reprenons la route vers Ampasikibo. Le rendez-vous est à quelques centaines de mètres à l’est du village, de loin, déjà, nous voyons une foule très nombreuse, vision qui donne une bonne idée de la grande importance de cette réalisation pour tous les villageois des villages situés à l’est comme à l’ouest de ces 320m de piste flambant neuve. L’accueil est à la hauteur du nombre de villageois ; applaudissements et cris, je « relance l’ambiance en leur disant « Tsy reko ! » (je n’entends rien!) et ils applaudissent encore, « maffy » (plus fort!) , ils applaudissent plus fort, « asy on drike ! » (encore une fois!) … ils recommencent en riant et enfin « fa soa ! » (c’est bon, ça suffit!). Le ton est donné, nous allons passé un bon moment.
Arrivent la ribambelle de discours ; chef de village, patriarche, maire … Dans mon intervention, j’essaye de lister ce que représente cette piste et la résorption de ce gros point noir (voir plusieurs photos dans le Zébu 109) « mieux circuler pour aller dans ses champs, pour aller à l’école, pour aller au marché vendre ou acheter, pour aller voir la famille et les amis ….Projet Action a pensé à tout cela en décidant de financer ces grands travaux, cette piste est magnifique alors … sachez l’entretenir ». Dona et Philippe sont invités à dire quelques mots … évidemment très applaudis. C’est le moment de couper le ruban ; « la piste est ouverte ! », c’est même la piste aux étoiles tant on en voit dans les yeux de tous les villageois.
Nous parcourons ces 320m, lentement et tranquillement en appréciant à chaque pas la beauté et l’utilité de cette piste.
De retour au lieu de l’inauguration, le signal est donné pour se diriger vers la cantine de l’école primaire que nous avons réalisé en 2023. Une centaine de convives prennent place de part et d’autre des deux tables en béton de 11m de long chacune dans une bonne ambiance continue. Et le repas se déroule comme la cérémonie d’inauguration ; nous sommes tous heureux d’être là et de partager ce repas, ça rigole un peu partout, nul doute qu’il y a beaucoup de sujets de conversation et de blagues.
Au revoir Ampasikibo, nous retournons, presque à regrets dans notre pick-up, route au sud.
Jeudi 17 octobre : Il est près de 9h lorsque nous démarrons direction Milenake (36 km) où nous sommes attendus pour les inaugurations de la réhabilitation totale des salles polyvalentes (réalisées en 2003) et du mur d’enceinte du resto « Le Z’AI BU » qui va permettre une vraie relance de son activité. A l’arrivée, nous avons quelques minutes d’avance et j’en profite pour faire une visite guidée, pour Dona et Philippe, de quelques réalisations : le Maxi marché couvert (2015), la gendarmerie (2014), le gîte d’étape (2009), la cantine de l’école primaire (2008), le CEG (2004) et ses 2 salles supplémentaires (2008), le CSB (2001) et nous revenons aux salles polyvalentes (2003) où une foule imposante nous attend, une foule augmentée des collégiens et des lycéens (sans lycée!). C’est assez impressionnant, tout ce monde pour nous fêter … émotion.
Nous sommes maintenant installés sur la grande terrasse des salles polyvalentes qui peut accueillir plusieurs centaines de personnes.Tout a été refait, du sol à la toiture, les portes … tout est impeccable.
Les discours commencent et nous bénéficions d’intermèdes avec la présence et le talent de trois chorales qui passent entre les discours … c’est bien organisé et le spectacle est de qualité.
La commune et le village profitent, bien sûr, de leur temps de parole pour faire une demande à Projet Action : « nous demandons un lycée à Milenake, Il y a déjà 88 élèves en deux sections de seconde ; une section fait cours dans un vieux bâtiment et l’autre section occupe la grande salle polyvalente (40m²). C’est noté, je mènerai une enquête mardi prochain en visitant les lycées de Tsianisiha, Milenake (rencontre du proviseur) et Ankililloake.
On nous fait des cadeaux : « lambs », « chèvre ». Merci pour tout. Dans mon discours, je rappelle la zone d’intervention de Projet Action et les nombreuses demandes que nous recevons … nous ne pourrons pas tout faire ! Et, concernant l’éducation, les bâtiments ne sont pas tout, il faut aussi des professeurs et parmi eux, il ne pourra pas y avoir que des bénévoles …
Nous sommes invités à rejoindre le resto pour un repas délicieux avec dessert et boissons fraîches, évidemment bienvenues car la chaleur est là et la soif avec. Vers la fin de notre repas, des clients commencent à arriver, il y en aura 11 au total.
C’est ensuite le retour à Tuléar avec Dona et Philippe qui ont leur avion demain pour Tana.
Vendredi 18 octobre : Départ de Tuléar … doucement, mais je serai à l’heure au RDV de midi au resto « Le Z’AI BU » où nous invitons les membres d’ADES à déjeuner avant d’aller à Ankaraobato pour une nouvelle réunion dans le cadre de notre partenariat. Et, à 14h, nous y sommes, M. le maire aussi, mais pas la clé de la grande salle culturelle ! Problème d’intendance. Heureusement Mme la directrice de l’école primaire est là et nous ouvre la porte d’une classe.
Les gens arrivent, certains en retard. Il y a une grande majorité de femmes et avant 15h, je compterai 100 personnes dont 40 ont été obligées de rester dehors pour cause de salle comble !
Nous proposons à tous de se présenter : nom, responsabilité, village. A ma grande surprise (et à ma grande fierté) la moitié des femmes sont de Tsaragiso alors que le hameau doit avoir 300 habitants pendant qu’Ankaraobato en compte 2500.
Sont présents également les chefs de villages d’Ankaraobato et de Lambolo.
Je suis heureux de constater cette affluence record : c’est déjà la preuve du grand intérêt des villageois pour ces « foyers améliorés » d’ADES qui vont leur permettre de réaliser de grosses économies, c’est également la preuve de la force de Projet Action et de sa crédibilité … « quand Projet Action propose quelque chose, c’est forcément du sérieux ! »
Alain, le directeur national d’ADES n’en revient pas, il n’a jamais vu ça, Stephan le cadre commercial, non plus. Hier, il avait un stand au marché hebdomadaire de Milenake, ils ont vendu tout ce qu’ils avaient amené en moins d’une heure … Alain me raconte ça avec un air plus qu’étonné, je le regarde sans rien dire, mais en soulevant un peu mes avant-bras, comme pour dire « oui, c’est comme ça Projet Action ».
Stéphan a pris les coordonnées des chefs de villages et présidentes d’association et moi, je sors de cette réunion rempli de la fierté de ce que représente Projet Action auprès des villageois … devoir accompli. Les économies pour les villageois et l’écologie … tout cela gagne du terrain ; il y a de quoi être heureux !
Samedi 19 et dimanche 20 octobre : repos, cuisine et pain à Tsaragiso.
Lundi 21 octobre : Naivoson arrive à Tsaragiso pour la réunion que nous avons à 8h à … Tsaragiso avec l’association AVT (Atody sy vary Tsaragiso soit « œuf et riz Tsaragiso). J’ai en effet souhaité faire le point sur les poulaillers et l’activité d’AVT.
3 poulaillers ont été réalisés : le 1er en 2017 et les deux autres en 2019. L’approvisionnement en poussins, un temps stoppé à cause du COVID, fonctionne à nouveau et c’est un vrai plaisir de voir toutes ces poules rouges (ces poules sont françaises, ce sont les meilleures pondeuses, les poussins viennent de La Réunion). Nous nous réunissons dans la petite salle « études et formation » réalisée en 2019 qui permet d’accueillir une douzaine de personnes avec tables et bancs. Combien de poules actuellement ? 186 ce qui nous donne 140 à 150 œufs par jour…. Un beau résultat. Et les ventes ? Nos clients sont quasiment tous des revendeurs, ils préfèrent venir à Tsaragiso à cause de la qualité (contrairement aux œufs venant de Tuléar où l’on trouve quelques poulaillers industriels). D’ailleurs, les clients particuliers, lorsqu’ils voient des œufs dans une épicerie, par exemple à Ankililoake, demandent souvent si ces œufs viennent de Tsaragiso et si ce n’est pas le cas … ils vont voir ailleurs. A Tsaragiso, nous vendons les œufs à 700 Ar si les acheteurs viennent et 800 Ar si nous devons les livrer (NDLR : un œuf était vendu 400 Ar en 2017-2018). A part ça, avec cette réputation, nous n’avons pas assez d’œufs pour fournir la demande !
En tant que client des poulaillers de Tsaragiso, je ne peux que confirmer cette très forte réputation ; les œufs sont d’une belle taille, leur coquille est assez épaisse (grâce aux coquillages pillés qu’AVT se procure gratuitement chez un ami d’Ambolimailake) et le jaune est d’un joli jaune, parfois jaune-orangé et non pas un jaune pâle comme les œufs qui viennent de Tuléar. VIVE TSARAGISO !
Nous prenons la route à 8h35, direction Analamisampy où je dois rencontrer un entrepreneur à qui je demande un devis et nous prenons Chefelin (le maire titulaire) qui vient avec nous à la « rencontre-découverte » d’un nouveau village : Anjabetrongo, où d’après le médecin-inspecteur du district, un CSB (Centre de soins) serait vraiment utile. Comme je ne connais pas ce village, je dois faire sa connaissance et celle des villageois. Un de nos entrepreneurs est avec nous, il est intéressé par l’état et la longueur de la piste en terre qui y mène. Revenus à Ampasikibo, nous bifurquons à l’ouest. D’après Chefelin il y a 19 km pour arriver à Anjabetrongo et,en fait, il y en a 11. De plus, la piste est (bizarrement) très bonne donc, un petit camion n’aura aucun problème pour passer.
Il n’y a que 500 habitants dans le village, mais on arrive à 1000 avec les quelques hameaux des alentours. Ce village bénéficie d’une belle école primaire (privée) et d’un château d’eau, mais ce dernier a des problèmes et ne fournit plus que 200 litres par jour.
Une cinquantaine de villageois sont rassemblés et nous peinons à trouver de l’ombre …. pas de « grand tamarinier traditionnel » …. on ne peut pas tout avoir ! L’approvisionnement en eau est un problème et mis à part les 200 litres du Château d’eau, il faut aller la chercher à Ampasikibo (22 km aller-retours !) mais il y a un autre problème, le district de la santé semble devoir subir des restrictions budgétaires pour nommer des personnels titulaires et donc fonctionnaires et pour Projet Action, il n’est pas concevable que seul (e) un infirmier bénévole soit nommé. Un bénévole dans le domaine de la santé est compétent, mais il n’a ni salaire ni indemnités il va donc s’absenter fréquemment pour subvenir à ses besoins (recours à sa famille … qui peut vivre loin) et personne ne pourra lui reprocher ses absences qui peuvent être longues et fréquentes.
Nous convenons donc avec le village et M. le maire qu’ils feront et que Projet Action fera un courrier à M. le Médecin Inspecteur pour lui demander de s’engager officiellement à nommer un personnel titulaire au CSB d’Anjabetrongo si Projet Action a la possibilité budgétaire de le réaliser en 2025. (NDLR : Du côté de Projet Action, ce courrier a été fait le 7 novembre).
Nous saluons les villageois en espérant que ce projet se réalise.
Nous faisons ensuite une visite à Matsa pour constater la bonne réalisation de la demi-toiture de la salle préscolaire.
Mardi 22 octobre : A 9h, je passe prendre Naivoson à Milenake et nous commençons la « tournée » des lycées par celui de Tsianisiha. Je veux me rendre compte du nombre et de la provenance des lycéens pour mieux comprendre la demande de Milenake chef-lieu de commune qui veut, lui aussi, un lycée.
Au lycée de Tsianisiha (que nous avons réalisé en 2016), il y a 16 professeurs dont 6 titulaires et 10 suppléants (et donc bénévoles). Les lycéens viennent d’abord de la commune, mais tout autant des communes voisines, dont surtout celle de Marofoty (à l’ouest) et celle d’Ankilimalinique (au sud) et un peu de la partie sud de la commune de Milenake. Ces lycéens sont 101 en seconde, 50 en première et 68 en terminale (En 2016, la demande de l’éducation nationale était de faire un lycée pour 120 jeunes … et nous l’avions fait pour 160 : 4 classes de 40). Il est à noter que les effectifs indiqués sont des effectifs d’inscrits et non de présents. Aux dires du proviseur, les absents tournent autour de 30 % ! Et l’ouverture du lycée de Milenake en septembre 2024 avec ses 88 lycéens en seconde a retiré quelques jeunes de Tianisiha.
Nous arrivons à Milenake où le proviseur nous reçoit immédiatement avec grand plaisir. Je lui précise de suite que je fais la tournée des lycées et pas seulement celui de Milenake. Ici, il y a donc 88 inscrits en seconde avec 11 professeurs dont 1 titulaire (le proviseur) et 10 suppléants. Je dis à M. le proviseur que, outre ses possibilités budgétaires, Projet Action ne fera pas de lycée à Milenake si la DREN (Direction Régionale de l’Education Nationale) ne s’engage pas officiellement à y nommer, au minimum, 50 % de profs titulaires. « je connais trop bien, depuis 28 ans, ce qu’il se passe avec des régiments de suppléants bénévoles à qui on a indiqué que peut-être, un jour, ils seraient embauchés ».
Direction Ankililoake où le grand lycée regorge de lycéens et où mon arrivée crée un évènement … Philippe Meyer … que vient-il faire ici ? Proviseur absent et surveillant général pas là ! Nous prenons alors quelques minutes pour parler avec les lycéens et plusieurs prennent des selfies.
Mercredi 23 octobre : A 8h30, je passe prendre Naivoson à Milenake et nous partons à Beravy Ambala pour voir la réalisation du dalot et du radier que nous avons réalisé cette année à l’approche du village. Le radier n’est pas tout à fait en face du dalot, mais ce n’est pas grave. Les villageois arrivent, dont le chef du village, il nous dit qu’il faudrait que les deux ouvrages soient reliés pour donner plus de solidité à l’ensemble, il n’a pas tort. Je lui dis alors qu’ils leur « suffira » de demander à leur maire les 833000 Ar qu’il doit à Projet Action (solde du remboursement du prêt à 0 % d’intérêt accordé en 2013 pour le financement de tous les meubles et autres matériels pour la gargote de Tsianisiha). Cet argent sera ainsi bien utilisé et ne restera pas dans la poche du maire.
A 10h30, nous sommes revenus à Milenake pour une réunion sur le développement du resto « Le Z’AI BU ». Huit personnes sont présentes, elles sont concernées par cette question. Je leur remets les 200 documents réalisés, ce sont des « bons de réductions » de 1000 Ar à valoir sur un plat (à 5000 Ar soit 1€) ou un menu complet (à 8000 Ar soit 1,60€). Ce bon de réduction est valable une fois du 1er au 30 novembre 2024. Nous échangeons sur le genre de distribution de ces bons ; il ne faut pas les distribuer à n’importe qui, bien sûr , mais « sélectionner » des clients potentiels comme les salariés d’ADES par exemple. Je signe ensuite un chèque de 1 036 000 Ar (environ 220 €) pour la réalisation de 2 grands panneaux en dur signalant le resto, ils seront situés au sud de Tsianisiha et au nord d’Ankililoake. Dans les deux cas, des amis et famille habitent à proximité et pourront surveiller les panneaux.
Je remets également des affiches A3 destinées à faire connaître le resto. J’en mettrai une samedi « Chez Alain », mon hôtel de Tuléar et le comité me demande d’en ramener une douzaine en mars. Nous parlons aussi des plantations à réaliser dans l’enceinte du resto. D’autres idées sont échangées, certaines sont bonnes, il faut les mettre en pratique et s’y tenir, la vraie relance du resto en dépend.
Nous dégustons ensuite un bon repas : salade de spaghettis avec poivrons et tomates, un plat de riz avec poulet-sauce et en dessert de beaux morceaux de papaye. Le comité n’a pas oublié une THB bien fraîche pour le Président de Projet Action.
Après ce repas, nous parcourons les 2 km qui nous séparent d’Andranodehoke où une rencontre est organisée pour parler d’un projet de bazar (petit marché couvert). Une trentaine de villageois sont là, on se connaît bien et l’on commence à parler du projet. Ce bazar est destiné à accueillir les marchands de poisson, villageois d’ici et de Milenake qui sont allés vendre du riz, du manioc et autres produits sur la côte, à Ampasilava, ils y sont allés à pied ou en charrette (23 km) et en ramènent des poissons. Ces allées et venues sont quasi quotidiennes et avant d’aller vendre leurs poissons à Milenake, ou Belavenoke, ou Ambatolily, ils font leurs premières ventes à Andranodehoke en mettant une bâche à terre …
Après pas mal d’échanges (et de rires) nous précisons le projet : il faudrait 6 tables en béton de 0,50m sur 1,20m sur un sol béton et le tout couvert par un toit donnant un maximum d’ombre…. Encore un beau projet placé dans notre liste de projets 2025 !
De retour à Tsaragiso, je fais cuire mon pain, la pâte lève depuis 8h ce matin.
Jeudi 24 octobre : du repos et du resto (encore !) car j’ai rendez-vous à 11h avec Naivoson pour faire le point sur la mission et son activité Projet Action depuis début juillet. Il a été occupé par des déplacements pensant 21 jours en 4 mois (en intégrant 9 jours de mission) ce qui fait une moyenne de 5 jours par mois…. Je lui règle ses frais, dont les frais de déplacements (moto, cyclo-pousse, taxi-brousse et charrette) et autres. Tout s’est bien passé. Merci Naivoson.
Vendredi 25 octobre : Repos ou presque, je voulais encore balayer la maison, mais à quoi bon puisqu’elle va rester 4 mois et demi fermée et quelques kilos de poussière rentreront par la porte, les fenêtres et la toiture, il y aura du boulot en mars pour tout nettoyer ! Je range cependant quelques draps, tapis de bain et divers dans deux boîtes en fer et je prépare les deux couvertures qui me restent pour les mettre , demain matin, dans le frigo … à l’abri des souris.
Demain, je rentre à Tuléar, « Chez Alain » je me ferai servir pendant 2 jours en attendant lundi, l’avion pour Tana.
Malgré la chaleur (dont je n’ai pas parlé) et la fatigue, j’ai été heureux de vivre cette mission et ses quelques moments forts et hauts en émotion.
Philippe MEYER – Président de Projet Action
Mission juin 2024 : compte-rendu
Samedi 15 juin : J’arrive à 6h20 à Tuléar après avoir très peu dormi, car il a fallu se lever à 3h pour le vol de 5h, mais je ne me plains pas, car le vol est même parti avant l’heure. Un taxi m’amène Chez Alain où je commande un café suivi d’une douche bienvenue.
Je prends ensuite un cyclo-pousse qui m’amène au centre-ville pour quelques achats : des unités pour mon téléphone, du change (à 1€ = 4650 Ar). Je passe à la librairie St Paul pour vérifier les livres commandés pour les deux collèges de Marofoty ; il y a 10 cartons pour 5 titres différents, le contrôle est fait assez rapidement. Je passerai enlever ces cartons lundi avec le pick-up.
A 11h30, je suis à l’ombre de la végétation et de la déco du « Jardin », mon resto préféré à Tuléar et comme j’ai soif alors Zébu ! (avec modération bien entendu).
Dimanche 16 juin : la matinée est calme et douce. Je déjeune à l’hôtel et je me repose en attendant 16h, heure à laquelle je reçois nos deux entrepreneurs pour faire le point sur les chantiers et les paiements. A part le CSB de Ranobe qui accuse un retard de deux semaines, tous les autres chantiers ont démarré, comme prévu, début mai.
Lundi 17 juin : Le pick-up est là à 7h, je termine mon petit-déj et en route pour les bureaux d’ADES où j’ai une réunion à 8h. Alain, le directeur national, est là avec ses trois cadres qui l’accompagneront pour la grande journée du 20 juin. Nous faisons le point sur les objectifs de ces rencontres du 20 juin à Milenake et Analamisampy et sur l’ordre de nos interventions.
9h15, la réunion terminée, je peux passer à la librairie pour enlever les 10 cartons de livres. Je vérifie ensuite le plein du 4x4 et je passe acheter quelques liquides pour la brousse même si nous sommes en plein hiver qui est aussi la pleine saison sèche … Direction RN9 avec ses contrôles de police et (ou) de gendarmerie. Nous tombons sur un policier, un quadra, qui ne me connaît pas, je lui donne ma carte et il me dit « Ah, c’est vous Philippe MEYER !? », « oui, vous voulez voir mon passeport ? », « euh, non, allez-y ». Je fais halte à Milenake pour dire bonjour à Naivoson et faire un grand point avec lui sur les chantiers et le programme de mission.
C’est l’arrivée à Tsaragiso, les rizières sont toujours à la même place et il y a de l’eau, tout est vert. Les voisins viennent dire bonjour, ces retrouvailles sont évidemment des moments sympathiques. Laïmaro et Tolotra se joignent à Sandra pour m’aider à nettoyer la maison qui est un peu moins sale qu’en mars. Mais il faut un bon balayage et « faire les poussières » sur les tables, tabourets, douche, lavabos, wc. Je donne à Mme Veloson des draps et dessus de lit à laver et Sandra s’occupe de me faire remplir 4 bidons de 20 litres d’eau (l’eau vient d’un forage et il y a une borne d’arrivée à Tsaragiso).
Je pars à Ankililoake pour manger un plat de riz avec une sauce « tsaramaso » (haricots blancs) et trois minuscules morceaux de viande. Je fais quelques achats : oignons, pommes de terre, concombre, poivrons, une boîte de Vache qui rit et un ananas. De retour à Tsaragiso, les bidons d’eau sont là et j’achète 12 œufs du jour au poulailler du village (1 œuf = 700 Ar soit 0,15€), ils sont d’une belle taille.
Les filles du FC Miss Tsaragiso arrivent et c’est la remise des chaussures de foot, elles n’en ont bien sûr jamais eu et pour elles, c’est une grande joie et un grand moment d’émotion.
Je prépare mon repas du soir dont le menu va vous faire rêver : salade de concombres, œufs au plat, frites, vache qui rit et la moitié de l’ananas. Il fait nuit à 18h et à 20h15 … je dors !
Mardi 18 juin : J’ai évidemment lancé un appel …. à Sandra, pour qu’elle aille m’acheter 3 mokares (beignets de riz) pour le petit-déjeuner.
A 7h30 je retrouve Naivoson qui est venu à Ankaraobato en cyclo et nous partons pour une visite des chantiers « nord » avec un premier arrêt à Ampasikibo pour voir (et admirer) le chantier de résorption du terrible « point noir » de 320 m de long sur la piste qui mène, entre autres, à Ambovotsiritsy. L’équipe de M. Albert, l’entrepreneur, comporte 20 ouvriers dont un que je connais bien puisqu’il s’agit de Déric, fils de M. Veloson, mes voisins de Tsaragiso. Déric a eu le CAP de maçonnerie travaux publics et il était en 2e année au lycée technique d’Ankaraobato, mais il commençait à avoir du mal à suivre ses études, les notes étaient en dessous de la moyenne … et M. Albert l’a embauché avec plaisir pour ce chantier de 3 à 4 mois.
Et ce chantier, très important à plus d’un titre, avance très bien. L’entrepreneur pense pouvoir le terminer fin juillet ou mi-août maximum. Le chef de chantier est là, un trentenaire plutôt dynamique, je lui pose quelques questions techniques sur le profil en long et le profil en travers type de la piste en cours de réalisation et il est étonné de la précision de mes questions ce qui m’amène à lui avouer que j’étais dessinateur-géomètre aux Ponts et Chaussées d’avril 68 à fin 72, mon premier emploi. A part cela, je ne sais plus comment nous en sommes arrivés à parler de collections et je lui fais part d’une de mes collections qui est celle des plaques publicitaires métalliques malgaches. J’en ai quelques unes, dont une pub de 1960 de THB année de la création de cette marque de bière. Et il m’annonce qu’il va essayer de m’en trouver. Bon, je suis conscient que c’est une annonce « malgache », c’est-à-dire aimable et sympathique, ce genre d’annonce dans laquelle « l’intention vaut le fait ». Mon expérience m’a très souvent montré que cela se limite à « l’intention ». Mais, bon, je fais comme si je le croyais.
Nous partons à Analamisampy avec un premier arrêt à la bibliothèque du CEG et du Lycée où nous avons fait faire des casiers métalliques dans les 6 placards de cette salle, ils sont terminés et je viens les contempler. Ces casiers (un gros boulot) ont été réalisés pour faire échec aux souris qui avaient commencé à déguster les quelques premiers livres offerts. En octobre prochain, lors de l’inauguration, nous offrirons près de 300 livres suite à un (très) long « cheminement » avec les enseignants du CEG et ceux du lycée qui ont « accouché » péniblement d’une liste de livres souhaités pour cette bibliothèque.
Nous filons ensuite sur la piste qui mène à Ankaray sud pour voir les travaux du grand pont (13m de long) situé au cœur du point noir de cette piste. Le pont est très beau et quasiment terminé. Nous y reviendrons lundi 24 pour en effectuer la réception provisoire et nous en profiterons pour mesurer et observer les trois portions de piste à l’ouest et à l’est de ce pont qu’il faudrait pouvoir réaliser en 2025 pour supprimer complètement le point noir et « ouvrir » totalement la circulation en saison des pluies. (140m, + 180m, + 144m = 464m à réaliser … un gros objectif).
Nous sommes un peu en avance et décidons d’ajouter Bevala à notre programme du jour (nous devions y aller demain).
En passant par la piste de l’Amitié, Bevala est à 8 km d’Ankaraobato, mais l’état de la piste en terre nous impose un rythme très modéré et il nous faudra 25mn pour rejoindre ce village « loin de tout » et pour aller constater que le sol du CSB a bien été refait sur la moitié de sa surface qui s’était détériorée pour des raisons non établies avec certitude.
Mercredi 19 juin : Aujourd’hui, c’est au tour des chantiers « sud », mais, avant cela, je passe prendre Naivoson à Milenake et nous filons à Beroroha (Cne de Marofoty) pour aller « livrer » les 10 cartons de livres que nous avons chargé, ce matin, à Tsaragiso. Le chef ZAP et les 2 directeurs des collèges d’Ankadobarika et de Beroroha nous attendent.
Nous descendons un à un les cartons pour les pointer : il y a 5 livres et deux cartons par livre ; pour les collégiens de 4e, il y a un livre de Français et un de Mathématique et pour les 3e : un de Français, un de Mathématique et un d’Histoire-Géographie. Au total ce sont 431 livres pour plus de 9 millions d’Ariary (environ 2000€). Les directeurs sont heureux comme tout, jamais leurs élèves n’ont eu des livres et surtout un exemplaire par élève en classe (mais les livres resteront au collège pour limiter les pertes ou détériorations). Les directeurs sont tellement heureux qu’ils m’offrent un beau poulet que je ne peux pas refuser.
Il est temps de partir à Ranobe pour visiter le chantier du Centre de soins (CSB ou Centre de Santé de Base), nous n’avons que 25km à faire, dont 11 sur des pistes en terre.
A Ranobe, le chantier essaye de rattraper son retard, les murs sont élevés et le chaînage également, les pignons sont en cours de finition. Une dizaine de villageois sont en train de casser des blocages (grosses caillasses) pour en faire des graviers, cela fait partie de la participation villageoise comme le chargement et déchargement des camions de sable et de blocages ainsi que l’approvisionnement du chantier en eau. Je m’assois à côté d’eux, j’emprunte un marteau et je tape sur les cailloux pendant au moins une minute voir 1mn 30…. ça ne sert pas à grand-chose sauf à les faire rire !
Départ pour Beravy Ambala où le chantier n’a pas démarré, mais nous y allons justement pour leur annoncer qu’il démarrera vers mi-juillet. Retour à Milenake où j’ai le temps de visiter le chantier de rénovation des salles polyvalentes (que nous avons réalisé en 2003). Un chantier original puisque c’est la KOFAMI (association pour le développement de Milenake) qui s’occupe de gérer les travaux ; achat des matériaux, embauche de 2 ou 3 maçons-couvreurs … Il reste les sols, les menuiseries et les peintures à faire. J’observe ensuite le chantier du grand mur de clôture du resto « le Z’AI BU ». Les 2/3 sont réalisés sauf la dernière rangée qui ne sera pas en parpaings mais en claustras « Zébu ».
Il est midi et Naivoson nous invite (le chauffeur et moi) à manger chez lui et Naivoson a pensé à une THB manitse (fraîche) : excellent !
Retour à Tsaragiso. Hier soir, j’ai préparé une pâte à pain que je fais cuire, il sera très bon, je le vois à sa densité et à la couleur de la croûte.
Jeudi 20 juin : Une journée chargée en réunions commence : je suis à 8h au resto « Le Z’AI BU » de Milenake pour réfléchir avec le comité de gestion aux différentes idées pour la relance du resto. Nous avons une heure maximum, alors ne perdons pas de temps … comme je l’avais suggéré en mars, le comité s’est réuni il y a une dizaine de jours pour donner des idées et se mettre d’accord dessus :
« il faut l’électricité » : je rappelle simplement que le resto a été doté d’un groupe électrogène en 2013 et que sa consommation a eu comme conséquence de stopper son utilisation (Projet Action avait récupéré le groupe pour en faire don au CFP. Dans la foulée, Projet Action avait financé, sur la foi d’une « étude » du comité, une installation solaire qui n’avait été capable que d’alimenter 3 ampoules, mais ni le frigo, ni le congélateur !! Alors ….. ?
« des plantations d’arbres » : des arbres, arbustes et fleurs seront plantés dans l’enceinte et quelques espaces seront laissés libres pour y disposer 3 ou 4 tables pour prendre son repas dans la verdure.
« il faut des chambres » : soi-disant pour des clients qui souhaiteraient y passer la nuit. Je redis qu’avec le gîte d’étape et toutes ses chambres (réalisation 2009) situé à moins de 300m, il ne pourra être question pour Projet Action de financer des chambres dans l’enceinte du resto.
« faire de la publicité » : A la radio d’accord et Projet Action imprimera une bonne quantité d’affichettes. Nous reparlons aussi d’une opération de promotion en diffusant à bon escient des « Bons de réduction de 1000 Ar » à valoir sur un repas. Ce Bon de réduction sera réalisé et imprimé en 200 ex minimum (livraison en octobre). Des grands panneaux en dur seront réalisés pour « annoncer » le resto ; un au sud à 8km de Milenake, l’autre au nord à 5km d’Ankililoake. Le grand mur de clôture sur la façade du resto sera utilisé comme panneau publicitaire.
« des formations culinaires » : le comité se charge de trouver les formateurs.
Il est 9h et l’équipe d’ADES est arrivée. C’est en effet aujourd’hui que notre partenariat démarre concrètement avec une réunion, ce matin, ici à Milenake et une autre à 14h à Analamisampy. L’objectif est de rassembler des chefs de villages et des présidents (tes) d’associations pour leur présenter notamment les « foyers améliorés » d’ADES qui permettent une économie de 50 % minimum sur la consommation de bois et de charbon de bois.
Ici, 8 chefs de villages seront présents (sur les 14 villages de la commune) et 10 présidents et présidentes d’associations. Au total, il y aura 33 personnes présentes, dont M. le maire de Milenake qui soutient l’opération. Une présentation détaillée des différents produits est faite et de nombreuses questions sont posées par l’assistance. Quant aux prix des foyers, je prends juste un exemple : un foyer qui a un prix de revient de 100000 Ar (env.22€) est vendu par ADES à 25000 Ar grâce à des cofinancements divers et dans le cadre de notre partenariat, Projet Action participe à hauteur de 10000 Ar. Le foyer en question sera donc proposé à 15000 Ar (3,30€).
Les cadres d’ADES et les chefs de villages échangent leurs numéros de téléphones pour l’organisation prochaine de réunions similaires dans chaque village.
Nous essaierons, en octobre, d’organiser la même rencontre à Ankaraobato, car malgré le bon nombre de participants, nous avons remarqué que les présents étaient surtout du sud de la commune (il manquait Ankaraobato, Anteteza, Tranolahatse, Ambatolily …).
Cette première phase est un très grand succès et tout le monde s’en félicite.
11h30, la réunion est terminée et la petite équipe (nous sommes 8 avec les chauffeurs) prend place pour le repas offert par Projet Action. Un repas « complet » à 8000 Ar (1,75€) avec une entrée : salade Masikoro (riz, tomates, poivrons, demi œuf dur), un plat de riz et poulet sauce bien servi (le must pour les malgaches) et un dessert : une assiette de goyaves + boissons.
Pendant le repas, les discussions et commentaires vont « bon train ».
13h, il est temps de partir vers Analamisampy.
Nous arrivons avec quelques minutes d’avance à la mairie où va avoir lieu la réunion. Le maire Chefelin nous accueille. Quelques personnes sont déjà là et 15mn après nous commençons la réunion … il y aura 40 personnes, dont 10 chefs de villages (sur les 11 villages de la commune) et une douzaine de présidents et présidentes d’associations diverses … ça sent le succès ! Même schéma de réunion qu’à Milenake et même succès.
Les 40 responsables ont l’air très heureux, M. le Maire est heureux, Alain et les cadres d’ADES sont heureux et Projet Action est « aux anges ». Le succès de ces deux rencontres a nettement dépassé ce que l’on imaginait ; pour vous en donner une idée précise, avec deux fois moins de monde, cela aurait déjà représenté un bon début.
Le retour est jovial et nous avons hâte de voir la suite des opérations en espérant que le succès sera, lui aussi, au rendez-vous.
La nuit tombe et une petite délégation du FC Miss Tsaragiso s’approche de la maison, elles se sont cotisées et m’offrent un beau canard que j’accepte avec plaisir et je me sens obligé de les embrasser. Je suis ému, mais je pense déjà aux navets que j’achèterai à Tuléar.
Vendredi 21 juin : pas de programme ou presque. Lundi, j’ai loupé le 1er match de la France (euro de foot) contre l’Autriche et ce soir la France joue contre la Hollande. Je rentre donc à Tuléar où je verrai le match au bar de Chez Alain.
Bon, heureusement que j’ai dégusté un repas sympathique parce que le match …
Samedi 22 juin : Nous faisons le plein de carburant + 8 litres d’essence pour mon groupe et un demi-pain de glace pour rafraîchir deux bouteilles, j’achète aussi une bouteille de vin et une boîte de Vache qui Rit sans oublier l’essentiel : 1kg de navets pour mon canard qui les attend et en route pour Tsaragiso.
Je reçois un appel de Mme Perline, cela tombe bien, car j’avais prévu de l’appeler pour que nous parlions de l’ESN 2024, elle viendra vers 15h à la maison. Perline arrive et nous décidons que les réunions ESN auront encore lieu sur la commune d’Ankililoake, mais, bien sûr, pas sur les mêmes villages qu’en 2023. En faisant la liste des villages, Perline n’arrive pas à se souvenir de certains, elle les a notés dans un cahier lequel est resté chez elle à Tanambao. Pas de problème, je passerai la voir demain matin, car j’ai des achats à faire à Ankililoake.
Après son départ, je me mets « en cuisine » en commençant par l’épluchage des navets + 500gr de pommes de terre + 3 oignons. J’ai demandé à Mme Veloson de « s’occuper » du canard qu’elle me ramène vers 16h. Ce canard aux navets fut un régal et comme il en reste, demain soir j’inviterai Sandra pour le dîner.
Dimanche 23 juin : Après un petit-déjeuner calme. En route pour Ankililoake et Tanambao où Perline a retrouvé son cahier et les noms des quelques villages. Je lui redis qu’il faudra aller voir M. le maire d’Ankililoake pour le prévenir de cette nouvelle opération ESN (Education Sanitaire et Nutritionnelle) et M. Le médecin chef pour lui demander ses conseils pour les thèmes des réunions.
L’après-midi, je vais à Milenake pour voir jouer en demi-finale du « tournoi du 26 juin » les filles du FC Miss Tsaragiso et, malheureusement, les chaussures ne suffisent pas à gagner les matchs. Défaite 2 à 1. Il faudra se ressaisir.
Lundi 24 juin : Je suis à 8h à Milenake où j’ai donné rendez-vous à nos deux entrepreneurs pour aller voir de près quelques projets 2025. Nous commençons par la piste Volamindry (qui relie Milenake à Andranodehoke) que nous avons réalisé en 2004 et 2005 (et il y a eu 2 ou 3 consolidations depuis). En mars, j’avais remarqué un trou d’un demi m² sur le dernier dalot vers Andranodehoke, il y a aussi un autre trou sur un autre dalot et, si possible, il faudrait un petit mur de soutènement sur au moins 200m côté sud. … nous verrons selon le coût et selon nos finances.
En route pour Ankaraobato où je souhaite rejeter un bon coup d’œil sur la toiture de la salle polyvalente (réalisée en 1999), nous la regardons de tous les côtés et nous constatons …. même pas rouillée ! Pour le tout premier bâtiment réalisé par Projet Action il y a 25 ans ! L’entrepreneur de l’époque avait donc mis du 0,6 galva.
Direction Analamisampy où nous allons effectuer la réception provisoire du pont de 13m sur la piste qui mène à Ankaray sud et surtout examiner les trois portions de piste qui font l’objet d’un projet pour 2025. M. le maire est là avec les chefs de village d’Analamisampy et d’Ankaray. Nous allons ensemble voir le pont et nous prononçons la réception provisoire (voir photos).
J’ai amené mon double-déca qui va nous être bien utile : le premier tronçon est mesuré à 180m (à l’ouest du pont), le second, à l’est, au départ du pont, est mesuré à 144m et le 3e, un peu plus loin à l’est fait 140m, ce qui nous donne 464m de piste avec un dalot et deux murs de soutènement à réaliser. Je demande aux entrepreneurs de me faire leurs devis pour début septembre maximum.
Il est l’heure de passer à la mairie pour le repas et les boissons fraîches offerts par M. le maire. Nous parlons des inaugurations d’octobre : bibliothèque, piste Ampasikibo et pont. Et, bien sûr, le repas est joyeux.
Mardi 25 juin : Aujourd’hui ce sont les traditionnels tournois de pétanque organisés par le resto « Le Z’AI BU » et sponsorisés par Projet Action. Il y a 48 doublettes inscrites ; 32 chez les + de 14 ans et 16 chez les moins de 14 ans. Les joueurs des équipes finissant aux trois premières places gagneront le repas gratuit au resto et, par ailleurs, il y aura 20000 Ar pour chaque équipe finissant première, 10000 Ar pour les deuxièmes et 5000 Ar pour les troisièmes. Ces tournois sont de mieux en mieux organisés ; j’ai fourni les grandes feuilles de match et prêté mon jeu de boules (le village n’en a plus qu’un!), et « l’équipe » de Naivoson (fils et amis) arbitrent, note les résultats, appellent les matchs à suivre … c’est parfait.
Il règne une belle ambiance, comme d’habitude, les jeunes se moquent un peu des copains qui loupent parfois des points faciles … Les matchs ont commencé à 7h30 et les finales ont lieu à midi.
Les gagnants sont heureux et fiers de rentrer dans le restaurant pour un repas complet : entrée, plat de riz et poulet sauce et dessert, sans oublier les sodas en boissons. Je remets les prix aux équipes et, à la fin, je félicite tout le monde en essayant d ‘inciter chaque joueur de pratiquer une ou plusieurs activités (sportives et culturelles) et je leur dis ma conviction qu’ils sont tous capables d’être non seulement des participants actifs mais aussi des organisateurs au service des autres. Ils applaudissent. Une grande et belle matinée.
Vers 13h30, nous démarrons pour Tuléar … ce soir c’est France-Pologne … même remarque que pour le match contre la Hollande ! Pas de légumes à éplucher ce soir et pas de cuisine à faire, pas de balayage et pas de bidons de 20kg à porter … je me fais servir … de temps en temps, ce n’est pas désagréable.
Mercredi 26 juin : fête nationale, fête de l’indépendance (26 juin 1960). Ce midi, je suis invité au resto Le Z’AI BU, par l’association pour le développement de Milenake.
Mais avant cela, je fais un arrêt à Mangily « Sur la plage, Chez Cécile » pour réserver des chambres pour la mission d’octobre à laquelle un couple de parrains participera.
Repas sympathique au Z’AI BU. Je vais ensuite assister à la finale féminine du tournoi dit « du 26 juin ». C’est l’équipe « bricolée » composée de 10 filles d’Ankililoake, 3 d’Anteteza et une de Tsaragiso (Sandra) qui gagne par 4 à 0. Mais, à part ça, j’apprends avec stupéfaction que le prix pour les gagnantes est de 200 000 Ar alors que les vainqueurs du tournoi masculin empocheront 800 000 Ar. Je demande des explications au maire adjoint qui ne sait pas me répondre !! Il faudra que nous trouvions un moyen pour redresser ce scandale pour 2025. En attendant, après avoir fait un rapide calcul sur ce qu’il me reste d’argent liquide, j’annonce que Projet Action va donner 100 000 Ar de plus aux gagnantes … applaudissements des filles. Je leur remets la somme et m’en retourne à Tsaragiso en pensant au gros boulot qu’il y aurait à faire pour redresser ce genre de situation.
Jeudi 27 juin : c’est repos
Vendredi 28 juin : en voiture, direction Ranobe pour une dernière visite de chantier du CSB. Il y a eu une pose du chantier le 26 et 27 juin pour permettre aux ouvriers d’aller voir leurs familles pour la fête. Mais les pignons sont terminés et ils sont en train de poser la charpente. Rien de spécial à signaler, le CSB pourrait être terminé vers fin juillet. Retour à Tsaragiso.
Je range un peu la maison et prépare ma valise. Demain matin, il me restera à essuyer l’intérieur du frigo pour y ranger mes deux couvertures et quelques draps et autres.
Samedi 29 juin : Petit-déjeuner tranquille, j’ai du pain avec un peu de miel de baobab à terminer et il me reste 4 galettes au beurre St Guénolé. Laïmaro et Sandra m’aident à rentrer ma grande table et à fermer la maison. Au revoir aux voisins et direction Tuléar. Dès l’arrivée en ville, je vais faire déconsigner quelques bouteilles et le cageot et je file ensuite chez Air Mad pour « m’assurer » de l’existence et de l’horaire de mon vol de lundi pour Tana.
Lundi 1er juillet : Le vol pour Tana a été repoussé de deux heures, mais il décolle à 15h et la navette des « flots bleus » m’attend à Ivato pour m’amener à l’hôtel d’Ambohibao.
Mon vol pour Roissy est demain à 23h55 et je serai à la maison mercredi midi.
Une bonne mission !
Philippe MEYER – Président de Projet Action
Mission mars 2024 : compte-rendu
Dimanche 10 mars : Après une escale à Roland-Garros, j’arrive à Tuléar, comme prévu vers 13h30. Les taxis s’arrachent un peu ma course vers l’hôtel … évidemment … au tarif officiel de 30000 Ar en dépensant environ 1 litre de GO à 4900 Ar … le delta est juteux pour le chauffeur de taxi !
Il y avait 10° hier en partant de Montreuil et 30° en arrivant à Tuléar ; cette différence de température est dure à supporter et je sais que je vais en avoir pour plusieurs jours à m’acclimater.
Après la douche, je vais dire bonjour à mes « copines », serveuses du resto en blaguant avec Lanto : « Alors Lanto, comment as-tu fais pour tenir 4 mois 1/2 depuis mon départ du 29 octobre ? »
Un dîner au calme et vite au lit pour récupérer du retard pris entre Roissy et St Denis.
Lundi 11 mars : Un « cyclo-pousse » pour aller en ville : 20000 Ar de crédit pour mon téléphone, du change chez un Karany (pour moi et pour Anne qui arrivera dimanche17) et un passage à la librairie MD Paoly pour faire le point sur les tarifs des livres que je dois commander pour les collèges de la commune de Marofoty et pour la bibliothèque d’Analamisampy. Les tarifs pour Marofoty sont vite vérifiés, car il n’y a que 5 titres (pour 431 ex.) mais pour la bibliothèque, les 134 titres (pour 313 ex.) seront vérifiés en mon absence et je repasserai demain après-midi.
A 11h, j’arrive à mon RDV avec M. Fabien (Médecin Inspecteur du district de Tuléar 2) pour faire le point sur différents « sujets santé ». Je commence par l’annonce officielle de la réalisation, cette année, du CSB1 (Centre de santé de base1) de RANOBE (Commune d’Ankilimalinike) et je sors la convention de partenariat qu’il doit signer comme quoi il s’engage à doter ce CSB d’un personnel titulaire et donc fonctionnaire. Cette convention sera également présentée et signée le 19 mars à Ranobe par le président du comité de construction, le maire, Anne (notre trésorière) et par moi-même.
Fabien est manifestement ravi de cette annonce. J’annonce ensuite que nous allons réhabiliter totalement le sol du CSB de Bevala (réalisé en 2021) qui a subi une détérioration due, peut-être, à une réaction chimique du sol (l’emplacement a été pendant plus d’un siècle, un parc à zébus). Satisfaction de Fabien qui connaissait bien ce problème.
Nous parlons ensuite des meubles et équipements des CSB de Ranobe et d’Ambovotsiritsy (suite à des demandes de l’infirmier) ; Fabien me suggère que Projet Action s’occupe des meubles (1 bureau et 7 chaises) et que lui s’occupera des matériels (instruments chirurgicaux)) et meuble spécifique comme la table d’accouchement. Cette répartition me convient tout à fait. Je lui fais cependant remarquer que les CSB de Bevala et Ambovotsiritsy attendent toujours leurs tables d’accouchement.
Pour terminer, je propose à Fabien de sélectionner, pour un possible projet de CSB en 2025, un village qui aurait grandement besoin d’un CSB (comme c’est le cas cette année du village de Ranobe). Cette démarche est une grande première, car d’habitude, le besoin est recueilli auprès de la commune et ensuite validé par Projet Action et par le Médecin Inspecteur) …. 3e ravissement de Fabien qui me dit qu’il fera rapidement son enquête.
Je salue Fabien avec qui j’ai un très bon contact et comme il est midi, je me dirige, en cyclo, vers mon annexe préférée pour vérifier que la THB y est toujours fraîche et que les « frito misto » sont toujours aussi bonnes.
J’apprends que Marie (la brodeuse qui travaille en cuisine au « Jardin ») vient d’accoucher il y a quelques jours et qu’elle est à Fianarantsoa. Je lui téléphone, l’accouchement a eu lieu la semaine dernière et Marie ne rentrera pas à Tuléar avant mon retour en France. Je devrai donc attendre la mission de juin pour espérer passer la belle commande prévue (torchons, sacs à pain et différents sacs épices). Je passe à l’agence Air Mad pour acheter un billet Tuléar/Tana pour le 30 mars car 8 jours avant mon départ, j’ai appris qu’ Air Austral a supprimé (à partir du 24 mars) son vol Tuléar/St Denis et a remplacé ce billet par un billet Tana/St Denis en se contentant quasiment de dire : « débrouillez-vous tout seul pour aller de Tuléar à Tana !!! Je déposerai une réclamation à mon retour en France.
A 17h, je suis à mon hôtel (« Chez Alain ») où je reçois nos deux entrepreneurs pour leur annoncer les chantiers qui leur sont attribués en 2024. Je leur demande de préparer les contrats de travail pour le 28 mars.
Mardi 12 mars : Ce matin, à 10h, je rencontre Alain, le directeur national d’ADES, avec qui je suis en contact depuis juin. Nous faisons le point sur le début de notre partenariat. Trois responsables, chefs de service (Roxane, Stéphane et Gabriel) sont avec Alain. La première phase de notre partenariat va consister à organiser deux rencontres ; l’une à Milenake, l’autre à Analamisampy, où seront invités : le maire et son équipe, les chefs de village de la commune et les responsables d’associations, notamment les associations de femmes. L’objectif de ces rencontres est d’annoncer le partenariat entre Projet Action et ADES, un partenariat permettant aux villageois de faire des économies sur leur consommation de bois et de charbon de bois en utilisant des foyers ADES déjà subventionnés par d’autres partenaires et qui bénéficieront d’un « plus spécial Projet Action » (remise supplémentaire ou une pousse d’arbre). Outre les économies apportées, cette démarche vise, évidemment, une lutte contre la déforestation.
Après ces premières rencontres, l’objectif est de les démultiplier dans chaque village ou association de la commune avec présentation des différents modèles de foyers d’ADES. (j’en utilise un à Tsaragiso depuis 8 ans et nous en avons offert trois grands modèles en 2023 à la cantine de l’école primaire d’Ampasikibo). Ces rencontres auront lieu en juin.
Il est midi, je retourne donc « Au Jardin » pour déjeuner … tranquille, je fais même durer le repas, car je dois repasser à la librairie qui ouvre à 14h30.
Je fais le parcours à pied, malgré la grosse chaleur. La responsable de cette opération me remet la liste que je lui ai laissé hier avec une dizaine de prix en hausse sur les 139 titres. Je lui indique que je regarderai tout cela de près dès mon retour en France et que je lui adresserai un bon de commande, à vérifier et valider avant mon envoi d’un virement pour confirmation de commande.
Une petite sieste à l’hôtel me fait le plus grand bien.
Mercredi 13 mars : Le 4x4 et son chauffeur Marco sont là à 7h. Je termine mon petit-déjeuner. Valise et sacs sont prêts à partir. Je passe acheter de l’huile pour Tsaragiso, je vérifie le plein du 4x4, nous passons chez le vendeur de boissons (demi-grossiste) et en route sur la RN9. Un arrêt à Milenake pour dire bonjour à Naivoson et parler un peu du programme de la mission. « je viendrai faire un petit tour au marché demain matin » dis-je à Naivoson.
Arrivée à Tsaragiso, bonjour aux voisins et installation dans la maison. Sandra, Marco, Laïmaro et Déric me donnent un sérieux coup de main pour un grand nettoyage … Cela fait 4 mois et demi que la maison est fermée !
A midi je vais manger à Ankililoake et acheter des pommes de terre pour faire des frites dès ce soir, j’achète aussi deux concombres pour salades. En passant à Tsianisiha tout à l’heure, j’ai acheté dix oranges, il y a beaucoup de pépins, mais avec deux oranges, je me fais un verre de jus de qualité. Je donne 8400 Ar (1,80€) à Laïmaro pour qu’il aille m’acheter 12 œufs de Tsaragiso.
Et le soir je me fais un repas de fête : soupe indienne (merci Royco!), salade de concombre, 2 œufs au plat, frites, vache qui rit. Il faut se soigner, même sans être malade, on appelle ça de la prévention.
Jeudi 14 mars : Je prends contact avec Mme Perline pour les réunions ESN 2024 (Education Sanitaire et Nutritionnelle) et je vais au marché de Milenake où j’achète poireaux, aubergines et aïl, je m’offre un beignet pour compléter mon petit-déj.
Je salue plusieurs connaissances et j’accepte deux selfies demandés par des jeunes.
Vendredi 15 mars : Naivoson est à Ankaraobato à 8h et nous partons à Bevala pour annoncer la réhabilitation du sol du CSB. Un comité d’accueil nous attend ; chef de village avec quelques villageois et Mme la sage-femme. J’annonce la réfection du sol qui a souffert et nous signons la convention de partenariat. Les travaux seront réalisés dans la 2e quinzaine de mai.
Samedi 16 mars : Nous partons, avec Naivoson et un de ses fils à Ampasilava (village côtier) où j’ai deux photos à donner et nous avons pour objectif d’acheter du poisson, mais il n’est que 9h et les pêcheurs ne reviennent pas avant 11h. Nous « poussons » 3 km plus loin jusqu’à Tsifota où nous trouvons trois beaux poissons pêchés hier et bien conservés dans de la glace. Retour à Milenake puis à Tsaragiso.
Dimanche 17 mars : 7h30 ; route vers Tuléar où je vais accueillir Anne Goirand, trésorière de Projet Action, qui arrive à 13h30 après une courte escale à St Denis de La Réunion. Après quelques problèmes pour passer la douane, Anne arrive enfin pour commencer sa toute première mission Projet Action. Anne fait partie des parrains-marraines de la première heure et entrera, dans 48h, dans sa 28e année de parrainage.
Arrivés « Chez Alain », nous ne tardons pas à passer à table ; il est 14h30 et le petit-déjeuner est un peu loin ! Nous avons pas mal de choses à nous dire, dont quelques précisions sur le programme qui démarre dès demain matin avec l’inauguration de l’école primaire et salle préscolaire de Beravy-Ambala.
Lundi 18 mars : Le plein du 4x4 ayant été fait hier matin, nous nous dirigeons vers la RN 9. Anne découvre la ville et, passé le pont de Belalande, la maigre végétation de cette région du sud-ouest qui est la plus aride et donc la plus pauvre de tout Madagascar.
Nous faisons halte à Mangily où j’ai réservé (pour 4 nuits) 2 bungalows à l’hôtel « Maroloko ». Nous y avions pris deux repas avec Françoise Josse en octobre et le resto était sympa. J’avais, à l’époque, visité un bungalow, bien situé, à 90000 Ar la nuit (19€), mais aujourd’hui, on nous oriente vers des bungalows minuscules … La « ficelle » est un peu grosse … en octobre, on m’avait fait visiter un bungalow à 120 ou 140000 Ar. En « essayant » de garder un air aimable, je dis à la patronne : « Ce n’est vraiment pas bien ce que vous avez fait, c’est même plus que « limite », là, nous sommes un peu pressés, mais vous serez bien aimable de nous préparer la note dès demain matin après le petit-déjeuner ! ».
Nous déposons nos valises et repartons rapidement sur la RN 9. Naivoson nous attend à Tsianisiha où j’ai prévu de montrer à Anne ce que Projet Action a réalisé dans ce chef-lieu de commune : les 5 pavillons du marché couvert (2007), la maternité + un logement pour le médecin (2009), le gîte d’étape + magasin de stockage (2012), le resto-gargote-épicerie (2013), CEG (2015), lycée d’enseignement général intercommunal (2016). Anne n’en revient pas !
Nous avons trouvé Naivoson (malgré la grande foule du marché hebdomadaire) et il est l’heure de se diriger vers Beravy-Ambala. Nous y arrivons avec 5mn d’avance, tous les villageois sont là + M. le maire et son équipe, le chef CISCO et différents élus + oh surprise, l’ex salarié de Projet Action qui est assis juste derrière le maire et dont nous ne tarderons pas à voir qu’il est apparemment devenu son conseiller. Les choses sont parfois très bizarres à Madagascar ou tout du moins dans cette région, car notre ex salarié sait très que M. le maire ne nous a pas remboursé les 833000 Ar représentant le solde du prêt à 0 % d’intérêts que nous avons accordé à la commune en 2013 pour financer tous les meubles, vaisselle, télé, groupe … et qu’une rencontre (un peu « sèche ») a eu lieu en mars 2023 à ce sujet (notre ex salarié était encore en activité).
Je n’en dirai pas plus aujourd’hui.
Discours de bienvenue par le chef de village, remerciements à Projet Action et à ses parrains pour cette belle école par le chef ZAP et le chef CISCO…. Discours habituels et sympathiques et c’est au tour de M. le maire qui remercie, lui aussi, Projet Action, mais qui « dévisse » ensuite (son « conseiller » étant toujours derrière lui pour lui,parler) en disant : « J’espère que Projet Action tiendra ses promesses et notamment pour la réalisation d’un CEG à Tsiafanoke ... », je le laisse finir et je me lève pour prendre la parole : « M. le maire, Projet Action entre dans sa 28e année et je redis aujourd’hui que depuis 28 ans, Projet Action et Philippe MEYER n’ont jamais fait de promesses, J A M A I S et ce n’est pas aujourd’hui que nous allons commencer, vous le savez très bien et votre conseiller le sais encore mieux». « Tout le monde sait justement que Projet Action ne fait pas de promesse, Projet Action demande à chaque commune de dresser une liste de 5 besoins prioritaires et parmi ces 5 besoins que nous validons et que nous faisons valider par les autorités concernées, nous voyons ensuite ce que nous pouvons réaliser en fonction des nombreuses autres demandes que nous recevons et en fonction, bien sûr, de notre budget ».
Mon intervention, qui suit, sera pour dire la grande satisfaction que nous avons eue à voter et à conduire la réalisation de cette école primaire et sa salle pour les préscolaires, comme nous l’avions fait en 2022 pour le village de Betakilotse dans cette même commune.
On coupe le ruban, on visite toutes les salles et on passe au repas et d’abord à la THB bien fraîche … il était temps !
De retour à l’hôtel de Mangily peu avant 15h, je passe par la plage pour aller dire bonjour à Sébastien, le jeune patron d’un autre hôtel « Chez Cécile » dans lequel nous étions avec Françoise en octobre dernier. Sébastien est surpris de me voir et je lui demande s’il aurait deux bungalows pour demain et les deux nuits suivantes. Oui ? Parfait nous viendrons déposer nos valises demain matin.
Mardi 19 mars : Comme prévu, nous réglons la note au « Maroloko » et passons « Chez Cécile » … sans nous presser, car la route sera courte aujourd’hui ; environ 20 km pour aller à Ranobe pour annoncer une grande et bonne nouvelle. Nous récupérons Naivoson au passage à Ambolimailake et nous bifurquons ensuite à l’est, direction Ranobe. Le village porte bien son nom puisqu’il se traduit par « beaucoup d’eau ». Et, en effet, à 1km du village, la piste en terre est devenue boueuse, nous avançons « en crabe » mais heureusement, devant nous, sur une grande portion encore plus délicate, une vingtaine de jeunes s’affairent à diminuer les ornières et à disposer des quantités de branchages impressionnantes grâce à eux nous réussissons à passer.
Nous sommes surpris, mais enchantés de voir la foule villageoise qui nous attend sous le grand tamarinier ; l’assistance est estimée à 500 personnes ! Nous faisons les présentations : Anne, Naivoson … et le chef de village nous souhaite la bienvenue. Nous sommes là pour faire le point sur le projet de construction d’un CSB1 (Centre de soins) et, en principe, lorsque nous venons, c’est généralement pour annoncer une bonne nouvelle (même si ce n’est pas systématique).
Il est, à nouveau, question de la localisation du village qui est situé à 15km du CSB2 d’Ankilimalinike (chef-lieu de commune) ce qui rend parfois aventureux un déplacement à pied ou en charrette pour se rendre à ce CSB2 d’autant que les 5km séparant le village de la RN9 sont plus que délicat à franchir comme c’est le cas en ce moment. Sans plus attendre, je sors la convention de partenariat qui sera traduite par Naivoson et dont je dis qu’elle est déjà signée par M. Fabien, Médecin Inspecteur, qui s’engage à nommer, au plus tard le 15 octobre, jour de l’inauguration, un(e) infirmer (ère) titulaire (et donc fonctionnaire). La convention est lue, en insistant sur le rôle important du Comité villageois de construction consistant à animer la participation villageoise : chargement et déchargement des camions de sable et de blocages (pierres), concassage de blocages pour obtention de graviers et approvisionnement du chantier en eau.
Il est difficile de vous décrire les réactions des villageois, je dirai néanmoins qu’il y a eu des applaudissements, des cris et vociférations diverses montrant clairement leur joie, tendance bonheur ! Le maire prend la parole pour remercier Projet Action, il a du mal à trouver ses mots pour exprimer sa grande satisfaction. Je propose ensuite de donner la parole à ceux et celles qui veulent donner leur avis ; plusieurs personnes (majoritairement des femmes) prennent la parole pour dire en quelques mots la transformation que ce CSB va apporter dans la vie de tous les villageois, une femme dira même avec un air grave teinté d’émotion : « Nous sommes sauvés ! ».
La convention (en 4 ex.) est signée par le président du comité de construction, par le maire, par Anne et par moi-même et un exemplaire est remis à chacun. Les travaux commenceront le 2 mai.
Une bien belle rencontre sous le grand tamarinier de Ranobe !
Mercredi 20 mars : Hier soir, nous avons demandé un « plateau petit-déjeuner » que nous amenons dans nos bungalows, car ce matin, nous démarrons à 7h pour parcourir les 75km qui nous séparent d’Ampasikibo où nous devons faire le point sur la toiture de la salle préscolaire de Matsa (réalisation de 2021) dont la moitié sud a été emportée par un cyclone en février 2023 et sur le projet de résorption du gros point noir de la piste d’Ampasikibo allant vers Ambovotsiritsy.
Après avoir pris Naivoson à Milenake, nous arrivons à l’heure à Ampasikibo. Une délégation de Matsa est là et j’annonce que la partie manquante de la toiture de la salle préscolaire sera refaite (avec des tôles de 0,6 mm d’épaisseur) au début du mois de juin. Concernant le point noir de la piste, je sors la convention de partenariat que nous allons signer : « Les travaux démarreront fin avril ! Préparez-vous ! ». Grande satisfaction de Chefelin, le maire, et tonnerre d’applaudissements !
Nous poursuivons jusqu’à Analamisampy où nous arrivons en avance à la bibliothèque (CEG + lycée) où nous attendent déjà les directeurs, proviseurs, profs, chef de village … J’annonce la réalisation, au mois de mai, des casiers métalliques qui seront placés dans les 6 placards et qui permettront de recevoir et de protéger plus de 300 livres que nous amènerons le 14 octobre à 9h30 pour l’inauguration de cette bibliothèque. Les 30 personnes présentes sont réjouies et fières … et elles applaudissent. Il s’en suit deux ou trois discours de remerciements « appuyés ».
Nous parlons ensuite du projet de réalisation d’un pont (plus de 12m de long) situé à l’endroit le plus « dramatique » de la piste entre Analamisampy et Ankaray. Une bonne délégation d’Ankaray est d’ailleurs présente et j’annonce que nous sommes heureux de pouvoir financer la réalisation de ce pont cette année : « Les travaux démarreront fin avril ! ». Les deux villages s’attendaient un peu à cette bonne nouvelle, mais ils manifestent néanmoins leur grande satisfaction et ils le disent.
Direction Ankaray où nous sommes attendus à 11h pour l’inauguration de l’école primaire et de la salle préscolaire qui n’avaient pas pu être inaugurées en octobre et dont la réception provisoire a été faite le 20 décembre dernier. Il y a foule pour cette inauguration, le village est au rendez-vous, fier de sa magnifique école et fier aussi que tous les invités soient présents, fier, enfin, de recevoir Projet Action.
C’est le salut aux couleurs et l’hymne national chanté par les enfants et repris par tout le monde.
Discours traditionnels … le chef ZAP et M. le maire insistent particulièrement pour remercier les parrains et donateurs de Projet Action sans qui rien n’aurait été possible. Nous allons couper le ruban et visiter toutes les salles, dont la salle préscolaire qui fait, comme d’habitude, son « effet » avec ses 6 tables octogonales avec les chaises à l’échelle des enfants (hauteur de l’assise à 31cm). Chaque table est d’une couleur différente avec la même couleur pour les 8 chaises. Il y a le « coin sieste » avec des nattes et 20 coussins et le miroir pour que les enfants puissent voir la tête qu’ils ont, il y a aussi deux tableaux noir. Cette salle préscolaire fait 65,10m².
Et c’est le temps bienvenu du repas et de la boisson fraîche. Un repas où tout le monde est heureux, on parle beaucoup et on rit de même.
Jeudi 21 mars : Aujourd’hui, pour Anne, c’est la découverte d’Ankaraobato, le « village natal de Projet Action ». Nous avons RDV à 10h au CFP, mais avant cela, je fais une visite guidée de nos réalisations, en commençant par un coup d’œil sur la première école primaire financée par France Abonnements Entreprises en 95, la salle polyvalente (99 - 1er bâtiment de Projet Action et 1er claustras Zébu), le magasin de stockage (2000), l’atelier de fabrication de papier artisanal (2004), l’école maternelle (2013), salles culturelles (2014), la petite gargote (2016) et plus tard dans la journée, nous verrons les réalisations de Tsaragiso, le CFP (2010, 2011, 2013), le lycée technique et professionnel (2014, 2015), la piste de l’Amitié (97-98) … l’appareil photo d’Anne ne sait plus où donner de la tête !
Nous sommes ensuite accueillis au CFP où plusieurs apprenants chanteront, danseront et déclameront des poèmes. Nous échangeons aussi avec les élèves, je leur parle de Robson Tsiravoa et des liens qui nous unissaient ; c’est lui, le premier, qui a demandé à Projet Action un centre de formation « pour que les jeunes ne « traînent » pas après l’école primaire … »
Je demande au directeur (Sébastien) combien de jeunes sont inscrits au CFP : 171 ! Je suis très surpris, car il y a toujours eu 300 places …. « Comment peut-on expliquer cela ? », Sébastien me répond : « Certains jeunes choisissent plutôt les collèges et il y a le lycée d’enseignement général de Tsianisiha que vous avez fait en 2016 ... ». Des réponses qui ne me semblent pas « tenir la route », car les deux collèges les plus proches (celui de Milenake fait par Projet Action en 2004 et celui d’Ankililoake), existaient déjà en 2010 et la création du CFP, cette année-là, avait même attirée des jeunes qui ont quittés ces collèges !
Avant le repas, je fais un tour des bâtiments avec Anne et accompagnés par Sébastien. Une quinzaine de bâtiments vu un par un. La visite est décevante, Sébastien n’a pas les clés, certains bâtiments ne sont manifestement plus utilisés ! Envahis par des meubles détériorés et par des couches de poussière imposantes. (nous voyons cela au travers des claustras).
J’enverrai un mail au Secrétaire Général du Ministère pour m’étonner de cette situation.
Vendredi 22 mars : Ce matin, avant notre rencontre de 11h avec l’association pour le développement de Milenake, je fais une visite guidée à Anne pour lui faire découvrir « en vrai » les réalisations de Projet Action sur le village de Milenake, chef-lieu de commune : le magasin de stockage (2000), CSB1 (2001), marchés couverts (2002 et 2015), salles polyvalentes avec terrasse couverte (2003), CEG avec internat (2004), maternité (2005), piste de Milenake à Andranodehoke (2005), cantine école primaire (2008), gîte d’étape (2009), 2 salles supplémentaires au CEG (2009), restaurant (2013), gendarmerie, dont 4 logements (2014), 2 buts de foot (2016), un poulailler (2020) … l’appareil photos d’Anne commence à fatiguer !
Nous sommes à 11h au resto pour la réunion qui doit faire le point sur le projet de réhabilitation des salles polyvalentes et sur le projet de clôturer l’enceinte du resto. Plus d’une vingtaine de membres de l’association sont présents et parmi eux les responsables de plusieurs associations du village et de la commune.
A propos des salles polyvalentes, je sors la convention de partenariat, prête à être signée qui accorde le financement de la réhabilitation complète des salles … du sol au plafond ! La particularité étant que l’association s’occupe seule de tous les travaux réduisant ainsi sensiblement les coûts. Je connais, par ailleurs tous les membres depuis plus de 20 ans et ai toute confiance en eux. Quant à la clôture de l’enceinte du resto, elle est confiée à l’entreprise Manitra.
La réalisation de ces deux projets doit permettre un bon redémarrage des lieux d’accueil de Milenake : organisation de séminaires et formations et donc fonctionnement des salles polyvalentes, du gîte d’étape et du resto. Pour le resto, une fois la clôture réalisée, des plantations seront faites et les repas pourront avoir lieu dans ce jardin. Par ailleurs, j’ai prévu une réunion en juin pour échanger sur les moyens divers pour un bon redémarrage de l’établissement.
Départ pour Tuléar, la mission avec Anne se termine.
Samedi 23 mars : Hier à 16h, le vol d’Anne de ce jour 13h50 a été confirmé, mais elle a appris qu’il était repoussé à 16h30 et ce matin, un sms lui apprend que son vol est supprimé ! Tsaradia (filiale d’Air Mad) n’a plus que deux avions (ATR 72) pour assurer tous les vols intérieurs du pays … les jours et les semaines passent et … rien ne change… 2 avions et … plus de 800 salariés ! Il est 7h et je dois repartir en brousse pour le tournoi intercommunal de foot féminin que nous organisons à Milenake. Je demande à la réception de l’hôtel d’aider et de conseiller Anne du mieux possible. (Anne a eu un vol le lendemain et a pu voir sa nièce à Tana avant de s’envoler pour Paris où elle est arrivée mardi 26).
J’arrive à 9h à Milenake, deux équipes ne sont pas encore là ; Ankililoake et Tsianisiha, Beroroha vient d’arriver. Nous apprenons que le « manager » des filles de Tsianisiha a téléphoné à Naivoson pour demander le paiement des cyclos pour les filles ! Cela n’a jamais été prévu, ce tournoi est organisé pour donner aux 4 équipes l’occasion et donc le plaisir de jouer. De plus il n’y a que 6km entre les deux villages … l’équipe aurait-elle reçue un « conseil » pour ne pas venir ?
Le FC Miss Tsaragiso qui devait jouer contre Tsianisiha est donc qualifié d’office pour la finale. A 10h30 le match entre Beroroha et Ankililoake commence. C’est assez équilibré mais Ankililoake (les favorites du tournoi) marque un but et se qualifie pour la finale qui aura lieu demain matin.
Le repas est prêt au resto pour toutes les équipes … bonne ambiance et commentaires à toutes les tables ! Les filles de Beroroha qui terminent 3e, empochent la somme de 20000 Ar.
Après-midi « libre » et le soir, nouveau repas avec une entrée (salade Masikoro) un plat de riz-chèvre et un dessert + sodas … c’est la fête pour toutes les filles. Nous ramenons les filles de Tsaragiso au village et les autres dorment au gîte d’étape.
Dimanche 24 mars : La finale démarre, comme prévu, à 10h. J’avoue que j’ai discrètement conseillé aux filles de Tsaragiso (qui ne sont pas favorites) de démarrer le plus fort possible et de « bousculer » celles d’Ankililoake … qui ont dans les jambes leur match assez accroché d’hier matin. Tsaragiso démarre fort et arrive à contenir leurs adversaires, lesquelles sont néanmoins globalement un peu plus « techniques ». A la mi-temps, le score est de 0 à 0. Tsaragiso attaque encore plus fort et l’on voit qu’Ankililoake commence à fatiguer. Un coup franc pour Tsaragiso à environ 25m des buts adverses. C’est Sandra qui va le tirer. Je connais la qualité de Sandra notamment pour les coups-francs, mais à 25m … j’ai des doutes.
Elle s’élance, « enroule » le ballon d’un tir puissant, qui passe par-dessus le mur et fini dans la lucarne gauche … un but « venu d’ailleurs » digne d’une grande joueuse ! 1 à 0 pour Tsaragiso. Le match se poursuit, mais les filles d’Ankililoake, avec ce fameux coup-franc, ont pris un coup sur la tête, plus la fatigue qui pèse de plus en plus ! Le match se termine sur le score d’un à zéro. Les filles du FC Miss Tsaragiso sont championnes du premier tournoi intercommunal de foot féminin … mais jusqu’où iront-elles ?
Je remets les prix aux équipes : 50000 Ar pour les 2e et 100000 Ar pour le FC Miss … retour « en fanfare » au village.
Lundi 25 mars : Je rencontre aujourd’hui Mme Perline pour parler de l’ESN 2024, mon souci principal étant de réussir à sélectionner des villages différents de ceux de 2023, mais pas trop éloignés du lieu d’habitation de Perline. L’échange me permet d’être rassuré. Les réunions commenceront probablement en juillet.
Mardi 26 mars : Aujourd’hui, c’est repos, pain et cuisine.
Mercredi 27 mars : A 11h, je fais le point avec Naivoson sur les frais qu’il a eu depuis début novembre. Les choses sont claires, pas de problème et prêt pour la suite à commencer par la présentation des entreprises aux villages concernés et suivis des chantiers.
Jeudi 28 mars : La mission se termine, c’est le départ pour Tuléar. En arrivant, je passe directement à l’agence Air Mad pour vérifier l’heure de mon vol de demain pour Tana. Pas de changement, je ne suis pas rassuré pour autant, car vendredi dernier l’agence avait dit la même chose à Anne …
A 17h, je reçois nos deux entrepreneurs qui ont préparé les contrats de travail que je signe, il y a aussi les plannings. Les chantiers démarreront au plus tard le 2 mai.
Vendredi 29 mars : Mon vol pour Tana est à 16h30. Je libère ma chambre vers 10h30, j’aurai le temps de prendre un repas tranquillement avant qu’un taxi m’amène à l’aéroport.
J’arrive à la réception et Lanto me dit « Désolée, Philippe », je la regarde, étonné « pourquoi es-tu désolée ? », « les vols pour Tana d’aujourd’hui et de demain sont annulés ! ».
Ce n’est pas possible, je prends un coup sur la tête ! Après l’annulation du vol direct Air Austral entre Tuléar et la Réunion, mon billet a été modifié avec un vol Tana-La Réunion (demain samedi à 17h) et maintenant ….. !!! Les passagers ne sont que du bétail à la merci des problèmes et décisions des compagnies aériennes. Bon, je ne vois qu’une solution ; trouver une voiture pour aller à Tana, il me reste environ 28h pour arriver là-bas. J’appelle mon loueur de 4x4 : « désolé Philippe, mais je n’ai aucune voiture de disponible ! ». Je suis à la réception, il y a Nina et Sophie, la patronne, qui dit à Nina : « Essayes d’appeler machin à tout hasard », Nina appelle « oui, nous avons un client qui doit être à Tana demain avant 15h, il faudrait partir tout de suite avec deux chauffeurs ! Vous serez là à midi ? C’est d’accord ! ». Je n’ai plus assez d’espèces, Sophie m’avance les 2200000 Ar (env.460€) que je lui rembourserai en faisant un virement.
Le 4x4 arrive à 12h20, l’épopée commence … Il y a un chauffeur et le propriétaire du 4x4 qui apparemment va faire partie du voyage mais « où est le 2e chauffeur ? », « on va le chercher » et nous sillonnons Tuléar. Ils s’arrêtent pour acheter des sodas, des biscuits et des fruits. On attend, téléphones, le 2e chauffeur arrive enfin et nous sortons de Tuléar vers 13h, je commence à calculer … plus que 26h !
Au début, la RN 7 n’est pas trop défoncée, les premiers 100km sont faits à la moyenne de 60km/h. A cette vitesse là, ça ira, il n’y a « que » 940km à faire, mais nous ne maintiendrons pas cette moyenne pour deux raisons : l’état catastrophique de la RN 7 sur de longues portions et les arrêts des chauffeurs et propriétaire pour acheter quelque chose ou boire un coup. De plus, il y a de gros problèmes, ces trois messieurs parlent sans cesse entre eux, en fait, ils ne parlent pas ils crient en permanence en se racontant des souvenirs, des « blagues » et ça rigole (avec des rires forcés très bruyant), le chauffeur principal conduit trop vite en ne tenant le volant que de la main gauche, la main droite tenant le téléphone, y compris à vive allure dans des virages serrés. J’ai cru que nous allions sortir de la route à plusieurs reprises, j’avoue que j’ai eu très peur. Et il continuait de téléphoner … à ses deux maîtresses, enfants, femme, copains … et les mêmes l’appelaient 15mn plus tard …. Il fait nuit, je suis anéanti, on s’arrête dans un resto, je commande un plat poulet en sauce et frites avec une grande THB, j’achète aussi une grande bouteille d’eau vive. 30mn après on redémarre, toujours ces hurlements entre eux, les traversées de villes nous font perdre du temps et il faut dire que la RN 7 est très étroite, moins de 5m de large par endroit. La moyenne est tombée à moins de 45km/h.
Le jour se lève, nous sommes toujours vivants, j’en suis presque étonné. Ce voyage est un enfer, je ne veux plus jamais avoir à revivre ça, ce n’est pas possible.
Nous approchons de Tana, je suis épuisé, j’ai peut-être dormi 2 ou 3 heures, mon eau minérale est chaude malgré la longue nuit, les hurlements, les éclats de rire et le contenu des conversations téléphoniques ont eu raison de mes espoirs et de mes pensées, je suis probablement sur une autre planète !
Il est 13h, le 4x4 se gare à l’aéroport, à peine 40km/h de moyenne depuis Tuléar. Je paye la lourde addition de ce voyage et le propriétaire me dit : « c’est tout ? », « comment c’est tout ? », « pas de pourboire ? » … là je crois rêver et je lui dis : « avec la somme prohibitive du voyage et ce que vous m’avez fait endurer, vous osez me demander un pourboire ! ».
Ma valise et mon sac sont sortis de la voiture, je leur souhaite « gentiment » un bon retour. Je vais directement au comptoir d’enregistrement et ensuite … j’ai faim et soif, le resto de l’aéroport est enfin ouvert … et demain matin je serai à la maison !
Philippe MEYER – Président de Projet Action