Mission juin 2023 : compte-rendu
Lundi 12 juin : 10 h 20 : j’atterris, comme prévu, à Tuléar. Il faut préciser que j’ai (enfin) changé de compagnie aérienne, j’ai choisi Air Austral qui réalise, une fois par semaine, un vol Paris-St Denis (La Réunion)-Tuléar. Je dépose mes bagages à l’hôtel et je pars avec Alijaona (notre ex salarié, retraité depuis le 1er mai, que j’ai employé 4 jours depuis cette date et que j’emploierai 4 autres jours pendant cette mission sous la forme d’un « contrat de prestation de services ») pour quelques commandes dans Tuléar.
Il me faut des nattes pour le « coin sieste » des trois préscolaires en chantier : le Bazar be (grand bazar) est en travaux depuis plus d’un an, des travaux de modernisation qui … n’avancent pas depuis début 2022 ! Bref, ces travaux font que l’on ne trouve pas la vendeuse de nattes ! C’est un problème mais on n’a pas le temps de s’appesantir. Nous passons maintenant aux fabricants de meubles et de matelas, il m’en faut deux pour les deux lits du Centre de soins d’Ambovotsiritsy, je commande donc ces 2 matelas (en mousse) de 90x190 en 14cm d’épaisseur ; 320000 Ar les deux (env. 73€), je verse un acompte de 160000 Ar. Je passerai le 21 pour en prendre livraison.
La pause-déjeuner arrive et nous allons au resto « Le Jardin » … incontournable malgré des augmentations de prix qui sont allés au-delà des nouveaux taux de change ! Alijaona a fait venir au resto (fin du repas) la fille de la patronne couturière qui nous fabrique les coussins (pour le « coin- sieste » des trois préscolaires). Nous réalisons un bon de commande sur un coin de table et je verse un acompte de 200000 Ar pour les 60 coussins commandés.
Après une petite sieste, je reçois à 17h nos trois entrepreneurs pour leur confirmer notre RDV de vendredi 16 à 7h à Tsaragiso pour aller faire une reconnaissance de points noirs sur 3 pistes. Je leur soumets également notre problème sur la bibliothèque d’Analamisampy qui a vu, en mars dernier, les 6 ou 8 premiers livres offerts quelque peu « dégustés » par des souris. Une (très longue) opération étant en cours pour que le CEG et le Lycée me fournissent des listes d’ouvrages « indispensables » pour garnir la bibliothèque. Le « test involontaire » fait en octobre 2022 et les dégâts des souris nous contraint à trouver une solution efficace avant d’y amener des livres en quantité.
Je lance le débat en parlant de caisses métalliques qui seraient rangées sur les étagères en bois dur actuellement en place. Cette idée de départ ne tient pas la route, car ces caisses poseraient des problèmes de manipulations, mais cela permet de démarrer la réflexion et chacun y va de sa proposition. Une de ces propositions sera retenue ; elle consiste à « habiller » tous les espaces (6 portes x 4 étagères soit 24 espaces) de boîtes métalliques fixes avec petites portes métalliques.
Je retiens cette idée et demande aux entrepreneurs de me faire un devis. Vendredi 16, nous passerons par Analamisampy et irons vérifier l’idée sur place.
Je prends mon dîner « Chez Alain » … tranquille mais sans oublier une petite laine … nous sommes en plein hiver ici.
Mardi 13 juin : J’ai récupéré un peu de sommeil. Je reçois Alijaona pendant quelques minutes et à part ça, c’est une journée de repos … mérité, bien entendu.
Mercredi 14 juin : Nous sommes à 8h à la librairie MD Paoly pour charger les 2250 livres pour les primaires des 8 écoles de la commune de Marofoty et les 300 livres pour les 3 préscolaires de cette année. Le chauffeur est, à nouveau, Marco, 28 ans, sympa, parlant bien le français, il me sera d’une bonne aide pendant cette mission.
Nous passons vérifier le plein du 4x4 + 20 litres de GO dans un bidon + 20 litres d’essence pour le groupe. Nous faisons également un petit plein de boissons qui tient compte du climat hivernal.
Nous arrivons à Beroroha vers 11h, M. le chef ZAP est là avec 4 ou 5 directeurs d’écoles. Les nombreux cartons sont déchargés : pour chaque classe de CE2, CM1 et CM2, il y a 3 livres par enfant : un livre de malgache, un livre de français (ce sont, en principe, les 2 langues d’enseignement) et un livre de géographie. Une petite discussion s’engage à propos de la demande du mois de mars faite par des enseignants des deux CEG de la commune ….. » Nous aussi, on voudrait bien des livres » : je leur dis de me faire une liste des 2 ou 3 livres qui leur sembleraient prioritaires pour les collégiens ainsi que les effectifs.
Nous repartons direction Tuléar avec un arrêt à la gargote de Tsianisiha où nous déposons les deux cartons contenant les 300 livres pour les préscolaires ; nous les reprendrons demain matin, cela économise 25 km pour l’aller-retour Tsianisiha/Tsaragiso. Déjeuner dans une gargote « poissons et calamars » à Ambolimailake.
Jeudi 15 juin : Je prends mon petit-déjeuner vers 6h30 et une heure après, Marco et Alijaona reviennent avec le pick-up chargé des meubles à destination du Centre de soins d’Ambovotsiritsy : 1 bureau, 7 chaises et 2 lits de 90x190 (il faut noter que plusieurs pièces sont dotées d’armoires en dur). Cela évitera un voyage en camion au mois d’août et en même temps, je vais, bien sûr, visiter le chantier. La route est longue et les secousses sont nombreuses … est-ce encore de mon âge ?
Le chantier accuse du retard et je m’aperçois assez vite d’une erreur sur la largeur de 3 portes : elles font 1m de large alors que sur mon plan, j’ai bien indiqué 1,10m : j’appelle le chef de chantier et lui demande comment de telles erreurs sont possibles ? Il ne répond pas, je lui demande alors d’élargir de suite ces portes en cassant ce qu’il faut de parpaings.
Les meubles sont déchargés et placés dans un local sous la responsabilité du chef de village. En partant, j’annonce que nous repasserons le 27 et que nous amènerons les deux matelas.
Retour à Tsaragiso où une mauvaise surprise m’attend : un nouveau cambriolage a eu lieu : tous mes mouchoirs papier ont disparu (1 boîte et 5 ou 6 petits paquets) et il manque aussi une couverture, je dis à Alijaona que je trouve très bizarre le vol des mouchoirs … le villageois « moyen » n’utilise jamais de mouchoirs et là Alijaona me dit : « et encore, tu vas peut-être découvrir d’autres choses qui manquent » … cette réflexion m’intrigue. Je vais voir sur les étagères de la douche et je cherche en vain un petit carton contenant 54 cuillères à soupe que j’avais amené en mars (pour la cantine d’Ampasikibo).
J’ai un 2e carton dans ma chambre à Montreuil avec 66 cuillères, mais en pensant au risque de cambriolage, j’ai prévu de ne l’amener qu’en octobre. Je dis à Alijaona qu’il est un devin « il y a effectivement autre chose de volé ! ».
Le repas est pris rapidement et je me couche … songeur.
Vendredi 16 juin : Comme prévu, les trois entrepreneurs sont à Tsaragiso à 7h et à 7h10 nous prenons M. Naivoson à Ankaraobato (il est venu en cyclo-pousse depuis Milenake). Le programme de cette grosse matinée est d’aller reconnaître des points noirs sur trois pistes et d’aller jeter un coup d’oeil sur la toiture de la salle préscolaire de Matsa réalisée en 2021 : la moitié nord de cette toiture a été « décoiffée » par un cyclone en février dernier. Nous arrivons avant 8h à Ampasikibo où je vais voir où en est le chantier de la cantine scolaire qui est un peu en retard et je m’aperçois d’une malfaçon sur deux petits piliers des futures grandes tables en béton ; l’entrepreneur est là, je lui fais constater … c’est à refaire !
Nous nous dirigeons ensuite vers la piste (qui mène, entre autres, vers Ambovotsiritsy). Nous avions reconnu cette piste en octobre 2022, mais il y avait un gros problème : l’eau et le temps ont abaissé cette piste à près de 2m en dessous du niveau naturel du terrain, les milliers de m3 de remblais et la longueur d’un pont à réaliser ont été durement ressentis dans les devis réalisés. J’avais donc (en mars) suggéré qu’un nouveau tracé passant côté nord éviterait une bonne partie du problème et devrait faire baisser de façon sensible les devis. Depuis mars, M. le Maire a contacté le propriétaire du terrain côté nord et a obtenu « pour le bien de toute la population » l’accord de ce dernier sur le nouveau tracé. Nous venons repérer le terrain et constatons qu’avec un bon débroussaillage et élagage sur une centaine de mètres, ce nouveau tracé sera parfait.
Direction Analamisampy pour le point noir de la piste menant à Ankaray sud où nous constatons exactement le même type de problème qu’à Ampasikibo et qui plus est sur une distance bien plus longue : un encaissement monstrueux rendant des travaux potentiels bien trop coûteux avec « en prime » un risque de catastrophe, car la force de l’eau étant ce qu’elle est et son malin « plaisir » à revenir dans son tracé initial …. Il faut là aussi passer au-dessus, côté sud cette fois. M. le Maire contactera les 4 propriétaires concernés.
Direction Matsa, pour y arriver nous devons quitter la RN9 et emprunter une piste en terre tortueuse d’un autre siècle, nous mettrons 30 mn pour parcourir les 4 km. Arrivés sur place, nous constatons rapidement les dégâts. Les tôles me semblent bien fines, il faudra que je revoie ça.
Retour sur la RN 9 jusqu’à Antseva : où nous constatons que le comité qui devait nous recevoir n’est pas au rendez-vous ; M. Alijaona s’était pourtant occupé de l’organiser. Un villageois est là, il connaît le point noir et nous guide au début de cette piste qui va jusqu’à Antanilebe. La reconnaissance se fait, la piste est dans un état catastrophique, les entrepreneurs reviennent au 4x4 et me disent « il n’y a pas de point noir, c’est toute la piste qui est noire ! ».
Je reprendrai contact avec M. le Maire (Cne d’Ankililoake) pour la mission d’octobre et je verrai si un éventuel nouveau tracé est possible. Retour à Ankililoake, il est 13h30, j’invite les entrepreneurs, Naivoson et Alijaona au restaurant.
De retour à Tsaragiso, Alijaona prend son sac pour rentrer à Tuléar, ses 4 jours de « prestation de services » sont terminés.
Samedi 17 juin : C’est repos. Je fais le point (avec moi-même) sur ce début de mission, le nouveau vol, les tôles, changer de serrure … Mercredi, je rentre à Tuléar, j’irai voir une ou deux quincailleries.
Et pour me redonner de l’allant, je fais du pain et des frites. L’un comme les autres seront d’une excellente qualité. Yes !
Dimanche 18 juin : J’ai appelé Mme Perline pour lui dire de passer à Tsaragiso dans l’après-midi. Nous faisons le point sur les réunions d’ESN (Education Sanitaire et Nutritionnelle) . Tout se passe bien ; sur les 100 réunions (il y en aura même 105), elle en a réalisé 60. Je lui verse 400000 Ar d’avance.
Lundi 19 juin : 8h30 : lancement du petit concours de dessins au lycée de Tsianisiha : explications, distribution des thèmes … et nous partons à Beravy-Ambala visiter le chantier de l’école primaire avec salle préscolaire. Le chantier est en avance, ils sont en train d’attaquer la charpente, nous prenons les mesures avec Naivoson ; mesures conformes à mon plan et je ne vois pas de problème.
Nous repartons vers Tsianisiha pour récupérer les dessins des lycéens, un tri rapide … Comme d’habitude dans ces petits concours, il y a beaucoup de « déchets », sur la soixantaine de dessins récupérés, je n’en conserverai que 7 pouvant être publiés dans le Zébu. Comme annoncé ce matin, je remets un billet de 1000 Ariary à chacun des 4 gagnants (2 filles et 2 garçons)…. Ils sont heureux d’avoir été distingués !
Je rencontre M. la Maire de la commune qui doit me rembourser au moins une partie du « reste dû » du prêt accordé en 2013 pour tous les achats de meubles, vaisselle, marmites …. M. le Maire m’annonce qu’il n’a pas les 600000 Ar prévus, mais qu’il les aura le 24 juin. …. !!!!!!! J’essaye de rester calme.
Je dépose Naivoson en passant à Milenake et je vais manger à Ankililoake.
Mardi 20 juin : Visites de chantiers au programme de cette journée. Je récupère Naivoson à 7h à Ankaraobato et c’est parti pour Analamisampy où une réunion est d’abord prévue à la bibliothèque du CEG et lycée avec l’adjoint au Maire, le directeur du CEG, le proviseur du lycée, le responsable de la bibliothèque et …. ils ne sont pas là ! J’avais chargé M. Alijaona d’organiser ce RDV …. apparemment l’adjoint au Maire a oublié de faire son boulot. Je ne suis pas vraiment surpris. Nous nous organisons pour reporter cette réunion au mardi 27 juste avant midi. Nous partons à Ankaray pour voir le chantier de l’école primaire avec salle préscolaire. Le chantier est en avance, rien à signaler. Direction Antanilebe pour voir le chantier de l’école + salle préscolaire + la salle de l’ancienne école (Aide et Action) qui a été décoiffée en 2012 (cyclone Haruna). Le recoiffage par Projet Action a été fait en quelques semaines, il est terminé : c’est devenu un beau bâtiment, toiture d’une salle refaite, réparation des murs et sol, peinture intérieure et extérieure aux couleurs de Projet Action avec, en prime, les claustras Projet Action mis en place à deux endroits. Le reste du chantier avance bien, rien à signaler.
Au bout d’un certain temps (celui qu’il faut au fut du canon pour …) nous rejoignons la RN 9 et je me dis que le goudron a du bon !
Direction Ankiliabo pour un beau coup d’œil sur les 6 « ponts-dalots », qui sont superbes, je les inspecte tous avec plaisir. Un villageois passe et je lui demande ce qu’il en pense, il me répond : « Ici, tout le monde dit que l’on a jamais vu ça ! ». Il est vrai que c’est du bel ouvrage et c’est du même coup une très grande satisfaction que d’entendre cette déclaration du villageois.
Sur ces bonnes paroles, nous allons déjeuner à notre resto d’Ankililoake. Je demande d’abord une THB GM (grand modèle), il est vrai que j’ai parlé de fraîcheur (c’est l’hiver ici et la nuit, il faut une couverture) mais ce midi, il est même 13h30, il fait chaud et depuis 7h du matin nous avons mangé pas mal de poussière.
Retour à Tsaragiso pendant que Naivoson rentre à Milenake en cyclo-pousse.
Mercredi 21 juin : Direction Tuléar pour aller refaire les pleins et pour décompresser un peu. Je passe d’abord voir si les deux matelas sont prêts. Il y a 9 jours, la vendeuse m’avait dit : « ils seront prêts dans trois ou quatre jours » et ils ne sont pas prêts du tout ! Après une trop longue négociation, je lui dis : écoutez,il me les faut pour demain à 13h, car je dois repartir en brousse avec ces matelas et s’il ne sont pas prêts, vous me rembourserez « sur le champ » l’acompte que je vous ai versé le 12 juin. Vous n’êtes pas la seule à vendre des matelas ! Après être passé à l’hôtel, j’invite Marco, mon chauffeur, au restaurant « La Colombe » dans lequel je vais épisodiquement. Il faut préciser que nous sommes mercredi …et c’est le jour de fermeture hebdomadaire du « Jardin » !
Je passe dans deux quincailleries pour voir les serrures, et après avoir expliqué mon cas, on me dit « vous n’avez pas la marque, pas les dimensions, il faut au moins une photo ou deux et mesurez la largeur, hauteur, épaisseur …. etc ! ». Compris.
Rentré à l’hôtel, je me repose dans ma chambre en regardant un peu la télé qui est tellement passionnante que je m’endors sur mon fauteuil. Vers 19h, muni d’un pull, je me dirige vers le resto de l’hôtel où je commande une entrée et un plat qui me changeront de la petite « tambouille » que je me prépare à Tsaragiso : carpaccio de poisson et soupe chinoise royale, mais, ne le répétez à personne ! (je ne sors jamais le soir, y compris pour un resto, en mémoire d’un soir de janvier 2009 où j’ai été attaqué … les lecteurs du livre « Episodes » savent ce qu’il s’est passé.
La nuit sera bonne.
Jeudi 22 juin : Petit-déj tranquille, je libère ma chambre et nous allons faire le plein du 4x4. Je vais voir les matelas vers 11h ; il n’y en a qu’un de prêt, la housse en sky du 2e en est à la découpe : « je repasse à 13h comme prévu ! ».
Après le déjeuner, vers 13h15, nous retournons aux matelas. Le 2e est en cours de finition « attendez 15mn ! » et 30mn après le 2e est enfin prêt ! Je règle le solde, Marco charge les matelas dans la « benne » et nous sortons de Tuléar, direction Madiorano où je souhaite aller tester un hôtel : « La Mira ». J’y ai logé les parrains des missions d’octobre de 2007 à 2011, je crois, mais depuis le temps a passé, le patron est décédé.
La chambre est superbement placée, avec vue. Ce qui me chagrine, c’est que j’ai cru comprendre que l’on voulait m’imposer de prendre un petit-déjeuner (à 25000 Ar) genre « continental ». Je reviens à la réception et j’explique que je suis diabétique et que je ne prendrai ni confiture, ni jus de fruits, ni crêpe sucrée … « et vous voulez que je paye quand même tout ça ? ». On me donne une pseudo-explication sans queue ni tête …. Pour conclure, je leur dis que je paierai ma chambre + le café pain beurre que je prendrai. Je vous passe les autres problèmes rencontrés au dîner … Bien sûr, Françoise, la marraine inscrite pour la mission d’octobre, ne sera pas dans cet hôtel, ni moi.
Vendredi 23 juin : A 7h30, nous démarrons après que j’ai payé ma note. C’est le retour à Tsaragiso. Nous déchargeons les deux matelas que nous emmènerons le 27 à Ambovotsiritsy.
Par hasard, je jette un coup d’oeil au bidon d’essence qui était à moitié plein lorsque nous sommes partis avant-hier matin : je vois qu’il ne reste même pas le quart du bidon ; il manque 6 litres ! Je le dis à Marco et j’ajoute « demain, après les tournois de boules et après le repas au resto, nous foncerons faire un aller-retour à Tuléar pour acheter une nouvelle serrure ».
Samedi 24 juin : Nous démarrons à 7h30, direction Milenake où ont lieu, ce matin, les tournois de boules traditionnels de la fête nationale (du 26 juin). Ces tournois organisés par le restaurant « Le Z’AI BU » et Projet Action et sponsorisés par Projet Action. Les trois premières doublettes de chaque tournoi gagnent un repas au « Z’AI BU » (entrée : salade de concombre, plat : poulet en sauce et riz, dessert : une banane). L’équipe première de chaque tournoi gagne 20000 Ar, les 2e : 10000 Ar et 5000 Ar pour les 3e (l’heure du SMIC malgache est payée 1500 Ar).
50 équipes sont inscrites ; 32 pour les 14 ans et plus et 18 pour les moins de 14 ans. Les premiers matchs ont démarrés à 7h30 et l’on joue en 8 points pour gagner du temps, car il n’y a que deux jeux de boules. Seules les finales se joueront en 13 points. Le Resto a remarquablement préparé les deux terrains avec, pour la première fois, de vraies limites tracées bien droites avec de la cendre et des cordelettes bien tendues pour que les spectateurs ne viennent pas sur les terrains. Il y a des arbitres, les matchs se déroulent dans les cris et la bonne humeur. Certains manquent d’entraînement, mais c’est bon enfant.
Cette année, il y a eu très peu d’équipes de filles à s’inscrire alors elles ont joué avec les garçons et une équipe de filles à réalisé un exploit en finissant 3e, ce qui a valu aux équipes de garçons ayant perdu contre ces filles quelques moqueries des spectateurs !
A 12h30, tout est terminé, les gagnants peuvent entrer dans le resto pour boire un verre de soda et le repas est servi. Les gagnants sont fiers d’être là et à la fin du repas, je distribue les prix … sous vos applaudissements ! Ah, j’ai oublié de vous dire que la chorale Misafa d’Antsonomarify a « oublié » de venir. J’irai leur dire bonjour demain matin pour savoir ce qu’il s’est passé.
Je règle le resto et nous montons dans le 4x4 pour aller à Tuléar ; les deux roues avant sur le bitume et M. le Maire de Tsianisiha qui arrive en taxi brousse nous fait signe de ne pas bouger. Il arrive et m’explique qu’il a un contre-temps pour notre RDV à Tsianisiha ; il me rembourse non pas les 600000 Ar prévus mais 400000 Ar !!!! Je lui dis que ce n’est pas ce qui était prévu, en plus il n’a même pas le cahier pour que je signe un reçu. Heureusement que Naivoson est témoin. Les 833000 Ar restant seront pour octobre … peut-être ?
Il est 14h30, nous roulons à bonne allure sur la RN 9 et arrivons à Tuléar avant 16h. Vite la quincaillerie, avec Marco, nous regardons les serrures, un vendeur, sympathique et compétent, nous accueille. Nous donnons les mesures et montrons les photos prises par Marco avec son portable. Nous avons la bonne serrure et repartons sans attendre. Le plein de carburant est fait et nous arrivons à 17h30 à Tsaragiso. Je me mets en cuisine pendant que Marco s’occupe de mettre en place la nouvelle serrure, il faut une petite cale et 45mn plus tard tout est en place ; Marco gagne une THB et je l’invite pour le repas du soir.
Dimanche 25 juin : La journée était prévue au repos, mais je veux aller à Antsonomarify pour savoir ce qu’il s’est passé hier. On démarre vers 9h tranquillement, et 40mn plus tard, c’est l’arrivée dans le village de la fameuse chorale … fameuse chorale qui ne bénéficie plus de son vrai meneur ; le chef de chœur Danielson est à Tana depuis juillet 2022 pour essayer de gagner un peu d’argent. Il n’est pas revenu, comme je l’imaginais, avec l’arrivée de la pluie en décembre, les presque trois ans de sécheresse sévère ont rendu son lopin de terre inculte. J’ai parlé un peu à sa femme, restée au village, « quand va-t-il revenir ? » … elle ne sait pas. « A-t-il envoyé de l’argent ? », « oui, mais très peu » (ils ont trois enfants).
Je demande à voir Anselme (l’adjoint de Danielson pour la chorale) et je lui demande les raisons de leur absence hier. Le 14 juin, nous avions vu le président de la chorale et VaoHita (une « ancienne ») et notre message avait été très clair : « Il faut que vous soyez à Milenake le samedi 24 à 9h ». Et j’apprends qu’il s’est dit, par une ou deux personnes : « Oh, il viendront nous chercher ! » …
Il est malheureusement assez fréquent qu’un message clair soit complètement transformé (y compris bien sûr entre des malgaches) pour arriver à diffuser ce message à l’exact opposé du message de base. On ne dit pas ce qui a été dit, mais plutôt ce que l’on a rêvé. Il faut faire avec !!
Retour à Tsaragiso ou plus précisément à Ankilialoake où je souhaite tester une nouvelle gargote : en résumé, c’est moins cher, mais la qualité est sensiblement inférieure.
Lundi 26 juin : J’ai été invité ce midi par le village de Milenake pour partager le repas de fête nationale. En fait c’est une nouvelle association « pour améliorer le développement du village de Milenake ». Le repas est vraiment excellent et la bière est fraîche. Vers la fin du repas, je comprends que le village souhaiterait me rencontrer pour me soumettre des projets. J’écoute poliment et je dis que nous pourrons avoir une rencontre en octobre, mais je rappelle que le village et la commune de Milenake ont « trusté », depuis 27 ans 160 réalisations sur les 300 réalisations de Projet Action sur 7 communes aujourd’hui. Il y a 25 ans, la commune était bonne dernière sur les 23 communes du district de Tuléar 2 et depuis des années déjà, elle est très nettement en tête. « Vous savez que de nombreuses communes n’ont pas le 10e de ce que vous avez ... ». « Je vous rencontrerai en octobre, mais, en attendant, réfléchissez à ce que je viens de vous rappeler. »
Je vais jeter un coup d’œil sur la finale du tournoi de foot du 26 juin (garçons). L’équipe « Ankaraobato-Tsaragiso » a réussi à se qualifier pour la finale et ils feront mieux que ça puisqu’ils gagnent 1 à 0. C’était du délire, ils n’ont jamais gagné ce tournoi. L’équipe est composée pour moitié de joueurs du petit hameau de Tsaragiso : décidément, mon village est une terre de champions et pour tout vous dire j’en suis assez fier.
Mardi 27 juin : Nous repartons pour une grosse matinée de visites de chantiers qui évitera, je l’espère, de remettre ça demain. Nous chargeons les deux matelas et prenons Naivoson à 7h à Ankaraobato et continuons vers le nord. Nous quittons la RN 9 au sud d’Antseva en empruntant une piste qui roule, mais il faut « s’accrocher » car de bonnes grosses secousses sont assez fréquentes. Et 40mn après nous arrivons « déjà » à Antanilebe : le chantier a avancé depuis mardi dernier malgré la coupure liée à la fête nationale. Nous saluons toute l’équipe des ouvriers et repartons vers Ambovotsiritsy, un peu plus loin nous prenons une mauvaise direction, mais la bonne piste est retrouvée assez vite, il faudra 25mn pour arriver au Centre de soins où nous déchargeons les matelas qui rejoignent les meubles livrés le 15 juin. L’équipe de l’entrepreneur a rectifié les largeurs de portes, mais les menuiseries ne sont pas encore posées et le chantier n’a pas rattrapé son retard.
Le chef de village arrive avec une douzaine de personnes, ils ont l’air contents du chantier et heureux de ma visite et ils m’offrent un beau poulet. Générant ainsi une première mondiale ; c’est, en effet, la toute première fois que l’on m’offre un cadeau à l’occasion d’une visite de chantier ! Merci beaucoup, je suis très touché, rendez-vous pour l’inauguration du 19 octobre. Allez, en piste vers Ankaray sud où le chantier (école primaire + salle préscolaire) est en avance, c’est très bien, pourvu que ça dure !
Je m’aperçois que j’ai oublié de vous dire qu’après ce que j’ai vu à Matsa (tôles paraissant très fines), j’ai dit clairement aux trois entrepreneurs que cette année, ils avaient intérêt à poser vraiment des tôles de 0,6 mm d’épaisseur car contrairement à ce qu’il se passait jusque là, cette année les tôles seront vérifiées de près par moi-même au moyen d’un pied à coulisse. (je l’ai acheté le 17 juillet, il est là, dans mon bureau, il attend sagement la mission d’octobre).
Nous arrivons à Analamisampy où j’ai le plaisir de voir mon ami Chefelin le Maire. On s’embrasse, il y a aussi le proviseur du lycée et le responsable de la bibliothèque, la réunion prévue le 20 juin peut donc avoir lieu aujourd’hui, debout sur la RN 9 : Je parle du problème des souris et de la solution que nous avons trouvé, j’aborde ensuite la question du besoin impérieux de Projet Action de savoir quels sont les livres indispensables dans la liste qu’ils nous ont fourni et aussi l’indication des quantités pour chaque livre: 1ex ? 2 ex ? 3 ex ? Projet Action aura ensuite des arbitrages à faire, notamment en fonction du budget qui sera consacré à cette opération. Je demande si cette fois, ils ont bien compris ce qu’il doivent faire ? Oui ? Super, j’attends donc la liste revue en fonction de ce que je viens de dire.
Nous repartons en direction d’Ampasikibo pour voir le chantier de la cantine. Le chantier à avancé et les deux petits poteaux (en fait deux pieds de tables béton) ont été refaits. Le chantier a toujours quelque retard. Nous repartons vers Ankililoake … la faim et la soif après cette grande tournée ! Après le repas, il est 14h passées et je sais que dans moins d’une heure, le FC Miss Tsaragiso joue la finale d’un tournoi parallèle à celui du « 26 juin ». Tournoi organisé par une nouvelle « association » composée de personnes ayant parait-il des vues sur les prochaines élections municipales de fin d’année.
Je ne vais pas m’asseoir dans la « tribune officielle », Naivoson me procure un fauteuil plastique pour poser mes vieux os. Le match démarre, il y a une foule imposante tout autour du terrain. Les filles de Tsaragiso ont l’air d’avoir pas mal de supporters. Je suis assis en limite de terrain mais beaucoup de jeunes, à ma gauche et à ma droite, sont plus avancés, j’essaye de les faire reculer un peu mais ….. et je me tors le cou pour essayer de voir un peu le match, parfois je me lève mais la fatigue me fait me rasseoir ! Le match est équilibré et se termine sur un 0 à 0 ! Séance des tirs au but ! Les deux équipes marquent leur 1er tir, Les filles de Milenake (adversaires de Tsaragiso) marquent leur 2e tir alors que Tsaragiso manque le sien mais elles restent très calmes. La gardienne de Tsaragiso arrête le 3e tir de Milenake et Tsaragiso marque le sien ; nous en sommes donc à 2 partout ; 4e tir de Milenake que la gardienne de Tsaragiso dévie grâce à un plongeon absolument extraordinaire. Tsaragiso (Sandra) marque son 4e tir (une belle lucarne). 5e tir, la fille de Milenake adresse un tir « canon » qui … s’écrase sur la barre transversale ! 3 à 2 pour Tsaragiso, le match est terminé ! C’est une explosion, plusieurs filles de Tsaragiso pleurent, le terrain est envahi par des centaines de jeunes, c’est du délire, les filles de Tsaragiso sont portées en triomphe ….Je dois attendre un long moment avant de pouvoir les approcher pour les féliciter.
Le FC Miss Tsaragiso a encore « frappé », c’était beau.
Mercredi 28 juin : Nous avons tellement « tracé » hier qu’aujourd’hui, c’est repos. Je fais un dernier petit pain qui ne sera pas fini demain matin, mais je l’emmènerai à Tuléar.
Jeudi 29 juin : C’est la fin de la mission côté brousse, j’aurai 2 ou 3 personnes à voir à Tuléar. Je ferme la maison de Tsaragiso en espérant que la nouvelle serrure évite de nouvelles surprises désagréables.
En arrivant à Tuléar, après avoir déconsigné quelques bouteilles, je vais directement chez ADES (là où j’ai acheté un gros fatapera (genre barbecue) pour la cantine, car en fait, il en faut deux autres) malheureusement ils n’en ont pas en stock, alors je les commande pour mon arrivée en octobre.
Repos « Chez Alain » : télé, sieste et repas tranquille.
Vendredi 30 juin : Ces derniers jours calmes à Tuléar pour meubler l’attente de mon vol Air Austral de lundi 3 juillet. Ce vol Paris/ St Denis/ Tuléar est plus sûr que les vols Air Mad, mais il a un défaut : il n’y en a qu’un par semaine. Vivement qu’ils puissent en mettre un 2e!
A 16h, je reçois M. Albert (entreprise GECIP) que j’ai appelé hier pour parler un peu avec lui. Il y a eu un petit problème sur un des six « ponts-dalots » d’Ankiliabo ; pendant les travaux, il s’est aperçu qu’il fallait réaliser un mur de soutènement de 11m de long et il l’a fait. Je lui avais dit que nous en parlerions pendant la mission. M. Albert a fait une erreur ; il a oublié de me contacter avant de faire ce mur et de m’envoyer un avenant …. il reconnaît son erreur et me dit qu’il prend ce mur à sa charge. J’en prends bonne note et je le remercie pour Projet Action et pour les bénéficiaires : un bon point pour lui.
A part ce rendez-vous, j’ai passé quelques coups de fils pour enquêter un peu sur les vols de Tsaragiso.
Samedi 1er juillet : A 15h, je reçois Marie, la brodeuse de Tuléar qui m’amène les 25 séries de trois torchons et les 15 séries de deux sacs à pain. Je suis impatient de voir ça et … je ne suis pas déçu ; c’est du très beau travail et je lui dis. Je vois sur son visage un beau sourire de contentement. Je lui règle le solde des produits livrés et je lui passe une nouvelle commande pour octobre de 55 sacs (de 4 modèles différents) de notre série de petits sacs « épices ». Je lui verse une avance.
Lundi 3 juillet : A 9h, un taxi m’amène à l’aéroport de Tuléar. J’arrive à La Réunion vers 15h, mon vol pour Paris est à 20h30.
Encore une mission qui se termine, une mission différente des autres. La prochaine arrivera assez vite après l’été.
Les chantiers, malgré deux retards, sont malgré tout bien avancés. Vivement les inaugurations !
Philippe MEYER – Président de Projet Action